Immédiatement après le match d'Estilo contre Iscariote.

Pétale et Estilo s'étaient vite séparés. La jeune rousse n'avait pas envie de trainer backstage. Francouille l'attendait avec Miss Kendra, à qui il essayait d'expliquer calmement que Pétale ne voudrait certainement pas répondre à ses questions. L'intervieweuse, voyant Pétale arriver, se précipita vers elle, micro en main.

Miss Kendra: Pétale! Je voudrais vos impressions sur cette soirée!

Pétale dévisagea Miss Kendra pendant de longues secondes. Francouille arriva rapidement et se plaça face à l'intervieweuse, entre les deux femmes.

Francouille: Je vous ai dit qu'elle n'allait pas répondre, pourquoi vous entêtez vous? Ce n'est pas le moment, et si elle veut répondre à des questions, elle ne répondra pas aux vôtres, mais aux miennes. Vous n'avez rien d'autre à faire? Allez donc voir Antonio, il est devenu challenger au titre fire, il doit avoir beaucoup de choses à vous dire!

Miss Kendra passa son micro au-dessus de l'épaule du petit homme pour atteindre la bouche de Pétale, qui s'étira en un large sourire.

Pétale: Je ne répondrai pas à vos questions, pourquoi vous entêtez-vous donc? Si vous voulez un rendez-vous avec moi, vous pouvez le dire, il n'y a rien de mal à voir deux femmes sortir ensemble pour passer du bon temps. Pensez-vous sérieusement que j'aurais un intervieweur personnel si j'avais envie de répondre à toutes les questions qu'on veut me poser? Voyons... Allez, je vous laisse mon numéro si vous voulez une petite soirée en ma compagnie, sans caméras, sans micros.

Francouille en profita pour saisir les cartons que tenait Miss Kendra dans l'autre main, et les regarda un à un.

Francouille: Surtout si c'est pour poser des questions comme celles-là.

Pétale saisit le bras de Francouille, et ils partirent tous les deux. Pétale ne redit plus rien.

Francouille: Vous savez que vous m'étonnez... Des jours sans de vos nouvelles, j'étais sur le point d'aller vérifier que vous étiez toujours en vie! Et vous êtes restée assez calme tout le long de ce match ce soir!

Pétale: Et pourquoi j'aurais parlé, Francouille? Pour dire au prêtre que j'allais certainement le faire perdre? Que Julian allait rater ses interventions comme il rate à peu près tout ce qu'il touche? Voyons, Francouille. Mieux vaut agir dans des cas comme ça. Et c'est ce que j'ai fait. Je ne dirai pas que l'envie de parler n'était pas grande, mais voyez-vous, jusqu'à ce que ce qui doit être réfléchi le soit, je m'abstiendrai d'en ajouter. J'ai fait ici ce que j'avais à faire. Ce sera comme ça au PPV. Rien de plus. Et si une victoire comme celle-là passe mal pour Estilo, je m'en tamponne le cul. Il se mêle de mes affaires, je me mêlerai des siennes. J'ai dit que je serais là, j'y suis allée. Et j'espère que ce Kiss of Darkness a été comme je le voulais un tout petit échantillon de ce qui attendra Iscariote quand je mettrai enfin la main sur lui avec personne pour déranger ce qu'on doit finir.

Francouille: Il a dû faire mal, effectivement. J'ai quand même été surpris de vous voir aussi calme face à Estilo...

Pétale: Pourquoi je me serais énervée? Je veux dire... Aux dernières nouvelles, il reste mon partenaire au PPV, ce serait idiot que j'envenime encore plus cette "relation" qu'on a. Je ne peux pas me permettre ça, pas maintenant. J'espère seulement qu'il fera ce qu'on s'attend à le voir faire, au PPV. Et si vraiment ça doit mal tourner entre nous... Ça pourra toujours attendre après le match, non?

Ils marchaient toujours, et finirent par arriver au parking. Francouille ouvrit la porte et Pétale sortit, suivie de l'intervieweur.

Francouille: J'espère pour vous que vous avez raison!

Pétale, dans un long soupir: Moi aussi. Ce serait dommage que mon image de lui soit aussi fausse que la sienne de moi... Par contre, moi, j'aurais l'amabilité de ne pas rester bouchée sur celle que j'avais. Preuve que je ne suis plus aussi têtue qu'il s'amuse à le penser. Mais en attendant qu'il ait fini de réfléchir à ce qu'il va faire, je vais faire ce que j'ai commencé à faire pendant ma presque semaine d'inactivité... C'est à dire redéménager dans ma maison vide et m'entraîner pour faire souffrir le prêtre et Julianinho le plus possible à Elevation. À la prochaine Francouille!

Elle lui fit ensuite la bise et se dirigea vers sa voiture sans rien ajouter. L'intervieweur semblait encore sous le choc de la nouvelle attitude calme de Pétale. Il la regarda sortir du stationnement, avant de lui aussi quitter les lieux, sourire aux lèvres.

Pétale est devant sa voiture, vêtue d’une robe blanche légère. Une voiture entre dans le stationnement de sa résidence, et se gare juste derrière la sienne. La jeune femme lève les yeux et on voit Francouille descendre de la voiture nouvellement arrivée, puis marcher vers Pétale, l’air sérieux, inquiet et très fatigué.

Francouille : Vous ne retournez plus mes appels?

Pétale : …

Francouille : Qu’est-ce que vous avez?

Pétale : …

Francouille regarde la jeune femme qui reste muette, et il s’éclaircit la gorge, avant de la saisir par l’avant-bras et de l’amener vers la porte de la maison, que Pétale déverrouille lentement, puis ouvre toute grande pour laisser passer le petit homme. Elle entre ensuite et se dirige vers le salon, suivie de Francouille qui semble surpris de l’allure plutôt classe de la maison, qui n’a presque rien à voir avec l’image de Pétale.

Francouille : Je crois que c’est la première fois que j’entre chez vous depuis des années, ça a bien changé!

Pétale : …

Francouille se met à taper du pied en regardant Pétale. La jeune femme croise les bras et s’accote contre le mur. Elle continue de regarder l’intervieweur, sans dire un seul mot.

Francouille : Je suis plutôt surpris que vous n’ayez pas encore répondu à Estilo… Il a soulevé des questions plutôt intéressantes! Je croyais que vous ne prendriez qu’une demie journée avant de lui exposer votre point de vue!

Pétale, haussant les épaules : Hm hm…

Francouille : Vous jouez à quoi?!

Pétale : À rien, Francouille. J’écoute. Saviez-vous qu’il y avait une différence entre écouter et entendre? Je crois d’ailleurs que c’est la réponse à l’une des nombreuses questions existentielles de mon partenaire d’un soir! Vous savez, celle sur le pourquoi certaines personnes n’arrivent jamais à s’entendre et blablabla!

Francouille : Oui, je vois de quelle question vous parlez.

Pétale : Et j’ai réfléchi longuement à la question de l’harmonie entre quelqu’un et moi… J’aurais voulu répondre que ça m’était déjà arrivé, ou même prétendre l’avoir déjà été avec moi-même, mais voyez-vous, ce serait mentir et je ne suis pas…

Francouille, coupant la parole de Pétale : Une menteuse.

Pétale : Voilà. De toute façon, les gens sont tous de si gros profiteurs que peu importe la bonne volonté que j’aurais pu, ou même voulu, si tel avait été le cas, y mettre, je me serais fait avoir. Je préfère donc avoir les gens que me faire avoir, ce qui est très naturel, il faut l’avouer…

Francouille : Si on veut, oui…

Pétale : J’ai été programmée, en quelque sorte, pour ne connaître que la souffrance. Et je ne dis pas que c’est malgré moi, puisque j’ai choisi de joindre le Bestiaire de Darkside, de devenir sa créature… Sa création « la plus réussie ». Rien ne m’y forçait, mais le pouvoir m’attirait tellement que je voulais devenir invincible mentalement et émotionnellement. Vous savez, Francouille, c’est plutôt difficile de ne pas ressentir grand-chose en faisant souffrir quelqu’un. Mais en bout de ligne, à part les titres, l’argent, la gloire, la popularité, la personne à avoir le plus souffert doit être moi-même, n’est-ce pas?

Francouille : J’imagine.

Pétale : Et si je m’étais rendue compte il n’y a pas si longtemps que de souffrir n’était pas ce que je voulais? Que les titres et tout le reste ne m’importent plus vraiment. Que ce dont j’ai envie, c’est vivre, et non survivre. Que je suis plus humaine que la plupart de ces imbéciles qui me mettent des bâtons dans les roues. C’est ironique, non? Une salope de vampire, plus humaine que des humains ordinaires! Il m’aura fallu tout ce temps, Francouille. Tout ce temps, avant de comprendre que ce que je veux, c’est bien au-delà de tout ce que j’ai déjà eu. On est comme ça, les femmes. On veut toujours plus. Je vous dirais que je n’ai pas l’habitude de dire que j’ai eu tort, mais c’est le cas. Je me suis royalement, et joliment, plantée.

C’est ça que les gens veulent m’entendre dire? JE ME SUIS PLANTÉE. Je peux le redire, pour que cette douce mélodie résonne à vos oreilles encore une fois! Je me suis plantée. Plantée!

Elle hausse les épaules en soupirant.

Pétale : Mais vous savez ce qu’on dit; Mieux vaut tard que jamais! Estilo se demande pourquoi je lui en veut de m’avoir aidée? Eh bien c’est simple. J’ai mérité qu’ils me tabassent. Depuis des années, j’entends pleurer que je n’ai jamais ce que je mérite, que je m’arrange toujours pour éviter les conséquences de mes gestes… Estilo lui-même m’a dit de ne pas aller pleurer à lui si je me mettais dans la merde! Des années! Ça fait des années que j’embête le prêtre sur tout. Et même lui, il n’a jamais été capable de me donner ce que je méritais!

Il s’est occupé de moi après que Philo m’ait tabassée, vous vous rappelez? Après on s’étonne que je ne puisse pas vivre sans mes ennemis… Ils sont plus soucieux de moi que les amis que j’ai eus, c’est pas peu dire!

Elle se met à marcher de long en large et s’arrête devant une photo de sa fille, dans un cadre posé sur le bord d’une fenêtre. Elle prend le cadre, le regarde longuement, avant de le remettre à sa place. Le visage de la fillette blonde, illuminé par un sourire tellement semblable à celui de sa mère vient de lui donner un coup de poing en pleine gueule.

Pétale : J’ai même eu tort sur ce que j’enseignais à ma fille… Au lieux de lui enseigne qu’il faut être forte, ne pas montrer nos faiblesses et n’aimer que nous, j’aurais dû lui apprendre à faire de ses faiblesses une force, à demander de l’aide quand on a besoin, et à trouver des amis en qui elle peut avoir confiance. J’ai beaucoup de chance qu’elle soit adorable et non une mini garce.

Francouille sourit en voyant les yeux de Pétale s’illuminer en parlant de Laurence.

Pétale : Vous savez quoi? Il a fallu qu’on me l’enlève pour que je réalise quelle belle erreur j’étais en train de faire… Mais je vais la ravoir, croyez-moi, Francouille. Je vais devenir la meilleure mère qu’une fillette de 8 ans puisse avoir. Et Mélicya restera avec la famille qui l’a recueillie, ça sera mieux ainsi.

Francouille : Vous êtes sûre?

Pétale : Oui. Quand je l’ai sauvée des mains de Darkside, c’était sur l’impulsion du moment… Le fait de me dire que la petite chose qu’il allait maltraiter aurait pu être la mienne, vous voyez… Maintenant, elle n’a plus besoin de moi.

Francouille : Que pensez-vous des autres propos d’Estilo?

Pétale : Lesquels? Ceux où il a l’air de me prendre pour une conne qui ne sait pas qu’un vendeur de hot dog ne nous doit rien d’autre que le hot dog qu’on lui achète? Je sais pas où il est allé chercher que je pensais qu’il me devait quoi que ce soit. Il a certainement mal compris certaines choses que j’ai dites. Il m’a déjà donné plus que ce que je voulais en se mêlant de mes règlements de comptes. Là on se retrouve à devoir faire équipe contre son ancien meilleur ami. HA-HA! Vous trouvez pas que ça fait bizarre?

Francouille : Effectivement. Mais une chose est certaine, ça risque d’être très intéressant comme match! Estilo et Iscariote, anciens partenaires… Vous et Julianinho étiez dans le même clan…

Pétale : Mais ne vous fiez pas à mon humeur des derniers temps… Dans le ring, ce sera certainement un vrai massacre. Et je peux vous dire que j’espère que le sang va couler. Ce serait vraiment une soirée parfaite. En tout cas, une chose est sûre, c’est que la météo annonce une pluie de coups, avec éclairs de génie et une abondance de douleur. Ça risque d’être magnifique! Maintenant, veuillez m’excuser, mais il faut que je me pousse très loin d’ici, j’ai un match bientôt, avec un partenaire d’un soir aussi surprenant que de me voir teamer avec un reverend…

Oh wait! J’ai déjà fait équipe avec le Reverend!

Elle sourit à Francouille.

Pétale : Oh, et je vous l’avais peut-être pas dit, Francouille, mais vous venez en voyage!

Francouille : Oh, je ne sais…

Pétale, coupant la parole à Francouille : Bien sûr que vous venez!

Elle l’attrape par le bras et l’amène vers la porte, pendant que la caméra pivote vers la photo de Laurence, et fade-out sur le visage de la fillette de 8 ans aux cheveux blonds bouclés et aux grands yeux bleus.

L’image s’ouvre sur le visage rayonnant de Pétale, qui est visiblement d’excellente humeur. Elle a le sourire aux lèvres, fendu jusqu’aux oreilles, et regarde la caméra.

Pétale : Bonsoir! Je sais qu’il est très tard, mais je n’arrivais pas à dormir, alors je me suis dit que je pourrais passer vous parler un peu… Certaines personnes que j’ai croisées m’ont demandé pourquoi je n’ai pas laissé Estilo faire le pin sur Iscariote. C’est simplement parce que j’avais envie d’entrer dans le ring. Rien de bien compliqué. Je voulais Iscariote, mais cet enculé de lâche a fait le tag à Julian, que j’avais déjà bien détruit avant qu’il entre dans le ring. Iscariote, celui qui se disait performant dans les tag team matchs, fait le tag a un homme qui ne se tient debout que de peine et de misère. Et pourquoi?

Elle sourit.

Pétale : Parce qu’il savait qu’en restant dans le ring, il aurait à me faire face. Il a vu ce que j’ai fait à Julian hors du ring. Je l’ai brisé, sans trop d’efforts aucune résistance. C’est ce qui attendait Iscariote quand je suis entrée dans le ring. J’étais simplement déchaînée. Il ne pouvait pas ne pas l’avoir remarqué.

Le plus drôle, c’est qu’on m’a dit que j’ai manqué de respect à Estilo en faisant ça. Et je ne l’avais pas réalisé sur le coup… Mais ça peut être vu comme ça oui. Sauf que ce n’était absolument pas mon intention. De toute façon, je crois qu’Estilo me connait assez pour savoir que je suis difficile à tenir en place devant un match aussi important pour moi.

Elle prend quelques secondes de pause en regardant la caméra.

Pétale : Mais bon, ce n’était qu’une association d’un soir, et avec un peu de chance, j’ai clearé Julianinho pour un bout de temps, et je pourrai enfin m’occuper de ce qui m’intéresse le plus ici. Et si je ne l’ai pas encore assez amoché pour le sortir du ring pendant quelques temps, je pourrai toujours répéter l’opération. En fait, ça ne devrait pas être trop difficile à faire. Julian est un peu comme mon pyjama rose… Il m’est facile de le retirer.

On m’a demandé si je croyais vraiment pouvoir battre Iscariote. Quelques personnes, des cons sans aucun doute, ont osé me dire que je devrais avoir peur d’affronter quelqu’un comme le prêtre. Peur du prêtre? I say no, no, no! Franchement, soyez un peu réalistes. Comment une femme comme moi pourrait avoir peur d’un homme qui refuse de l’affronter et préfère perdre un match en faisant le tag à un corps mort?

Elle éclate de rire. Un rire sincère, un peu fou, qui glace le sang des plus fragiles.

Pétale : De penser que je ne peux pas disposer d’Iscariote, c’est aussi insensé que de dire « Je suis anti-roux, je trouve qu’ils sentent mauvais ». J’ai déjà prouvé assez de fois que je peux tenir tête à des gens plus que dangereux. Et pas seulement en blablatant. Il me semble que depuis le temps, on devrait avoir compris que ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas battre quelqu’un qui est du calibre « champion mondial » ou whatever.

Tout, dans ce monde, est possible. Et si je décide que je battrai Iscariote, je le ferai, peu importe combien de temps ça prendra. Je ne suis pas pressée. J’en finirai avec lui, un point c’est tout. Et si quelqu’un avait envie de se mettre en travers de ma route encore une fois comme Julianinho l’a fait, cette personne ferait mieux de s’atteler. Parce que je n’accepterai pas qu’on se foute encore une fois entre mon but et moi. Peu importe de qui il s’agit. J’espère que je suis assez claire.

Peu importe que ce soit Estilo, Timothée, Bilal et ses potes, la DCO… Si je dois passer sur le roster entier avant d’arriver à Iscariote, je le ferai.

Elle sourit sarcastiquement.

Pétale : Et ce ne sera pas un problème, croyez-moi. Je peux être un peu princesse. Quand je veux quelque chose, je l’obtiens. Et ce que je veux présentement, c’est Iscariote, et sa carcasse inerte sous moi, sur un ring. Maintenant, veuillez m’excuser, mais je vais aller courir, question de me changer les idées, et de garder la pleine forme que j’ai présentement, en vue de mon prochain affrontement avec cette merde d’église. Bonne nuit à tous.

Et la caméra fade-out, mais on entend la voix de Pétale ajouter.

« Merci Estilo. »

L’image s’ouvre sur Pétale, qui se trouve dans un couloir des buildings de la WWA. Elle est plantée devant une affiche annonçant les matchs du prochain Axe, et la fixe avec tellement d’attention qu’elle n’entend pas que quelqu’un s’approche.

Frederic: Allo! Pétale ça va? Je suis un grand fan de vos exploits du passé.

Elle sursaute d’abord, puis regarde Frederic avec sourire en coin.

Pétale : Salut! Merci! C’est assez surprenant de voir que quelques personnes sont encore capable de ne pas se laisser emporter par la jalousie et dire que j’ai une certaine valeur! T’as vu ça?

Elle pointe l’affiche du doigt en souriant toujours.

Frederic: Um... Quoi? Tu affrontes un enfant et un spécialiste des tag teams. Comment cela te donne de la valeur?

Pétale glousse de rire.

Pétale : C’est pas là le plus important. Bilal est mon ancien partenaire. Tout comme Julian. Et j’aurai enfin l’occasion de lui montrer ce que ça coûte de me laisser dans un asile sans rien dire ou faire pour m’aider. Tu parles d’un partenaire! Une petite vengeance personnelle contre celui qui se fait appeler «The Cr@zY Ch!ld » ne me ferait peut-être pas de tort… Et toi, Frederic, après cette victoire importante au PPV, tu te tape Brother Ronnie, et ensuite tu passes à… Cazador?!

Elle sourit.

Pétale : Tu m’as l’air sur une belle lancée de victoires, mon cher!

Frederic: Ouais des bons adversaires qu'il ne faut jamais compter hors du combat. Que sais-tu de ce Cazador? A t'il des faiblesses?

Elle hausse les épaules.

Pétale : Aucune idée. Je me soucie bien trop de mes problèmes avec Iscariote et Estilo. T’as raison de ne pas sous-estimer tes adversaires… Parfois, ça nous réserve des surprises qu’on pourrait pas imaginer. Tu vois, j’ai l’impression que mon match contre les champions va mal se finir.

Elle s’accote ensuite sur le mur et croise les bras.

Frederic: Mal finir? Comment ça peut finir mal? Tu es pétale non? La spécialiste des matchs Tag team et tu as un bon partenaire avec toi.

Pétale : « Partenaire », oui. Je n’ai toujours aucune idée de comment il a pris le blind tag, et aussi le fait que je veuille m’occuper moi-même du cas d’Iscariote. Et pourtant! C’est MES problèmes, pas les siens. Il a voulu m’aider, soit. Mais qu’il ne prenne pas sur lui d’écraser ce moucheron de prêtre. Je crois qu’il a un peu de difficulté à me comprendre.

Elle rit.

Pétale : Mais je lui en veux pas. Et une intervention d’Iscariote, ou des milliers d’ennemis de mon cher Bilal et de son ami Bob n’est pas à mettre de côté non plus. Vois-tu, c’est assez difficile comme situation. Avec Estilo comme avec Iscariote et Julian. Quand j’ouvre la bouche, ça les met pratiquement toujours en colère.

Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres.

Pétale : Mais je serai prête, peu importe ce qu’il arrive. Et s’il faut que je fasse à quelqu’un d’autre ce que j’ai fait à Julianinho… Je le ferai avec plaisir… Sauf s’il s’agit d’Estilo, là, ça sera avec regret.

Frederic: Ok... Um... C'est normal que j'ai rien compris?

Pétale sourit.

Pétale : Parfaitement. Tu vois, même moi, je comprends pas toute cette histoire. Et tu sais pourquoi? Parce que j’attends gentiment qu’on me donne des réponses.

Frederic: Des réponses? Mais de qui? De quoi? Moi j'aime bien les questions à choix multiples puisqu'il peut avoir plus qu'une réponse. C'est super!

Pétale éclate d’un rire sincère.

Pétale : Ouais, moi aussi, mais ces questions-là n’ont rien d’amusantes, et peuvent avoir qu’une seule réponse, malheureusement. Et les réponses que j’attends sont celles d’Estilo. Mais je crois que je les aurai probablement à Axe, ou avant, s’il finit par parler. En tout cas… Et toi, tes projets, c’est quoi?

Frederic: En fait, j'aimerais bien participer au Race For The Title, mais je crois que c'est peut-être encore trop tôt. Sinon je vais continuer de prouver au monde que je ne suis pas qu'un simple beau gars qui ne s'est pas se battre. Je vais prendre toutes les occasions et je vais battre tout le monde qui seront devant moi.

Pétale : J’espère que tu auras une rivalité qui vaudra la peine. Parce qu’on s’entend que Madrocks…

Elle sourit.

Pétale : C’est un peu du n’importe quoi comme gars.

Frederic: Je sais... Si quelqu'un dans ce business mérite d'aller dans un asile ce n'est pas toi, mais lui. Sinon tu aimes bien Estilo on dirait de la façon que tu parles de lui?

Pétale : Disons ça comme ça. La bonne entente est impossible à avoir, et il me considère comme un parasite, tout comme moi, mais je l’aime bien, comme tu dis. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup, même si ça vaut certainement rien pour lui. De toute façon, il l’a dit qu’il se foutait de moi.

Elle rit.

Pétale : Mais j’ai l’habitude.

Frederic: Selon la psychologie Booyaine lorsqu'un homme dit qu'il se fout d'une femme. Ça veut dire tout le contraire, alors selon moi il est plutôt amoureux de toi!

Booya sourit, et Pétale répond d’un long rire.

Pétale : Écoute, c’est pas que je doute de la psychologie Booyaine, mais ça m’étonnerait BEAUCOUP que ce soit le cas.

Elle sourit ensuite pour enchainer d’un ton sarcastique.

Pétale : Mais si jamais c’est le cas, je promets de t’inviter au mariage, ainsi que BooyaJr.

Booya Jr. en entendant son nom arrive derrière Fred.

Booya Jr.: Groink!

Frederic: Il demande s'il va pouvoir porter son tuxedo bleu poudre fait pour lui. Oui Booya tu pourras porter ton tuxedo!

Le cochon satisfait se retourne vers la loge de la Booya Nation. Pétale regarde le cochon retourner dans la loge avec un sourire en coin.

Pétale : J’espère pour toi que la Booya Nation prendra de l’expansion. Bon, c’est pas que je m’ennuie, mais je devrais aller m’entraîner, question d’être prête pour mon match de lundi…

Elle regarde Frederic avec un large sourire.

Pétale : C’était un plaisir de te voir, Frederic, j’espère que tu continueras sur ta lancée et que tu finiras par toucher l’or.

Frederic: Merci chère vétérante et légende de ce business j'espère que ta retraite se passera bien puisque tu as fait beaucoup de chose pour les femmes. La Booya Nation te "rank" très haut ici à la WWA. Si je pourrais te rencontrer dans le ring ça serait un excellent défi pour moi, mais peut-être plus tard parce que je sens que les boss ont des plans pour moi.

Pétale : Haha! Et moi, j’ai du prêtre à humilier! Mais si on doit s’affronter un jour, ce sera avec plaisir. À une prochaine fois!

Et Pétale se met en route vers la sortie. Booya se met à danser pour retourner vers la cafétéria puisqu'il avait très faim.

On se retrouve dans la maison de Pétale, où Francouille, après avoir sonné plusieurs fois, finit par entrer, surpris de trouver la porte déverrouillée. Il passe par le salon, où Pétale passe une partie de son temps, mais ne la trouvant pas, il décide de monter à l’étage, direction la chambre à coucher. Il s’arrête quelques secondes devant la chambre de Laurence, peinte en rose et blanc, rappelant celle d’une petite princesse. Tout semble ne pas avoir bougé, comme si le temps dans cette pièce s’était arrêté depuis des mois. Une longue tablette au mur est complètement dissimulée sous un tas de poupées et de toutous.

Quelques jouets sont encore au sol, comme si la fillette avait joué là quelques minutes avant qu’il arrive. Le petit lit placé au centre du mur à sa droite est habillé d’un couvre lit rose, avec des @ blancs, sûrement fabriqué par Pétale elle-même. À la tête du lit, une énorme photo de la fillette aux boucles d’or et aux yeux d’un bleu perçants, qui sourit à la caméra comme une vraie vedette. Francouille sourit d’abord, puis se rend compte de son effronterie, et sort rapidement de la pièce avant que Pétale ne le trouve ici.

Il continue donc son chemin dans le couloir sombre aux milles et unes photos de la mère et de la fille, puis s’arrête devant une porte fermée, à laquelle il frappe. Aucune réponse, ce qui n’étonne aucunement Francouille. Il ouvre malgré tout la porte, se disant que Pétale doit être là, mais ne veut seulement pas le voir. La pièce qu’il trouve de l’autre côté est la chambre de la jeune femme. Elle est très grande, et pratiquement sans couleurs, ce qui étonne Francouille. Tout est noir et blanc, des meubles jusqu’aux photos de la jeune femme.

Le lit est énorme et massif, et est placé au même endroit que celui de Laurence dans sa chambre. Francouille remarque des rideaux noirs, légers, qui flottent dans une brise douce et fraiche. La porte donnant au balcon de la jeune femme est donc ouverte. Il se permet d’entrer complètement dans la pièce pour la traverser, et sort sur le balcon, pensant trouver Pétale. Mais il est vite déçu de ne rien trouver d’autre qu’un paysage absolument magnifique. La vue donne sur une grande cour avec une piscine creusée et des jeux pour les enfants, ainsi que plusieurs arbres et une multitude de fleurs colorées qui jurent avec la chambre de laquelle il vient de sortir.

Ne trouvant pas Pétale, il rentre à l’intérieur en silence. Mais à peine est-il à l’intérieur qu’il remarque quelque chose qui ne se trouvait pas là avant qu’il sorte. Molly*, la chienne de Pétale le regarde, remuant une absence de queue. Elle a bien grandit, et regarde Francouille comme si elle attendait qu’il la suive. Il s’approche donc, craintif.

Molly renifle d’abord l’intervieweur, puis sort doucement de la pièce, s’arrêtant à côté de la porte pour attendre que le petit homme la suive, ce qu’il fait. Elle court alors dans le couloir, vers l’escalier et descend les marches 4 à 4. Quand Francouille arrive à l’escalier, il voit Frank, tout sourire, le regarder. Francouille semble d’abord gêné.

Frank : Bonjour! Avez-vous vu Pétale? Je lui ramène quelqu’un qu’elle devrait être contente de voir…

Il tapote gentiment le côté du corps de la chienne qui est à présent à côté d’elle.

Francouille : Non, j’étais en train de la chercher, mais elle n’est nulle part…

Frank : Avez-vous vérifié dans son antre?

Francouille : La chambre? J’en arrive…

Frank : Pas la chambre!

Il rit doucement et fait signe à Francouille de le suivre. L’interviewer descend l’escalier rapidement et rejoint Frank, qui sourit. Frank se met en route, Molly à ses côtés et Francouille légèrement derrière. Il traverse ensuite le salon, tourne à droite et s’arrête devant une porte.

Frank : Pétale n’aime pas qu’on descende…

Francouille : Descendre? Je…

Frank ouvre la porte et derrière, un escalier des plus normaux. Ils descendent donc, Molly en tête. Arrivés en bas, Francouille a la surprise de sa vie de voir une très vaste pièce qui fait pratiquement la même taille que la maison entière. D’un côté, toutes sortes d’équipement d’entraînement, de l’autre, un coin détente, avec un bar en bois et des tablettes de verre sur lesquelles sont posées plusieurs bouteilles d’alcool et des verres. Frank sourit en voyant Molly s’exciter devant une porte à peine visible vu tout ce qu’il y a à voir déjà.

Frank : Elle est bien là…

Francouille : Mais… je n’avais jamais pensé qu’on pouvait descendre!

Frank : Il y a bien des choses que vous ignorez sur Pétale, mon cher ami.

Frank se dirige donc vers la porte où Molly se trouve, et l’ouvre lentement, avant d’entrer avec toutes les précautions du monde. Francouille, ne se sentant pas à l’aise de se trouver là tout seul le suit malgré lui, aussi curieux de voir ce qui se trouve dans cette « pièce interdite ». En entrant, il est complètement ébahi par ce qu’il découvre. La pièce est en fait un genre de musée dans lequel on retrouve toutes les périodes de la vie professionnelle de Pétale. La Cr@zY Team, le Bestiaire, la D’sRA, l’Evolution of Darkness, les Hardcore Extremists, etc. Il ne manque absolument rien. Il remarque ensuite la jeune femme, assise sur un sofa en cuir noir, qui fusille les deux hommes du regard en retirant des écouteurs de ses oreilles.

Pétale : QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ ICI TOUS LES DEUX!?

Francouille se met ensuite à trembler comme une feuille, n’ayant pas vu Pétale aussi en colère depuis bien longtemps. À la vue du visage rougi par la colère de la jeune femme, Francouille comprend vite son erreur.

Pétale : FRANK! Il me semblait que j’avais été claire!

Frank est toujours de tout sourire. Tellement que Francouille se demande si ça ne va pas mal tourner. Il ne sait alors plus où se mettre.

Frank : Oui, désolé Pétale, mais…

Pétale : MAIS?

En disant ce mot, Pétale s’est levée d’un bond.

Frank : MAIS… J’avais quelque chose pour toi…

Frank siffle ensuite, et Molly entre dans la pièce. Elle court ensuite vers sa maîtresse, se collant à elle comme si elle avait peur de la perdre encore.

Frank : J’avais oublié de te dire que j’avais pris ta chienne, la première fois que je t’ai vue à l’asile… Et j’ai pensé que je devrais la ramener… Et j’ai vu monsieur qui arrivait de ta chambre, alors je lui ai demandé de me suivre…

Pétale, qui l’avait écouté en flattant le crâne de Molly, leva vers Francouille des yeux noirs. Elle leur fit signe de la tête, les invitant moins que gentiment à sortir. Ce qu’ils firent tous les deux, suivis par la jeune femme. Francouille sentait une chaleur intense sur sa nuque. Il savait que c’était lui que la jeune femme regardait. Après être sortie, Pétale referma la porte de la pièce derrière elle dans un grand claquement. Tout le monde remonte. Le même sort attend la porte en haut de l’escalier. Pétale passe ensuite devant les deux hommes, et regarde froidement Frank.

Pétale : J’aimerais que tu me laisse avec Francouille. Je t’appelle plus tard si le cœur m’en dit.

Il hausse les épaules en riant, puis pose un baiser sur la joue de la jeune femme avant de saluer Francouille d’un signe de tête poli et de quitter. Francouille se trouve devant un sofa noir, et n’ose toujours rien dire. Pétale passe devant lui et le pousse violemment, faisant tomber le jeune homme sur le sofa.

Pétale : Qu’est-ce que vous vouliez?

Francouille : Je… En fait… J’aurais…

Pétale : Allez-vous accoucher, Francouille? Ou bien je devrai tirer les mots de force de votre bouche?!

Debout devant lui, les bras croisés et le regard froid et vide d’autres émotions que la fureur, Pétale était intimidante au bonhomme qui se débattait avec une énorme envie de fuir.

Francouille : Eh bien… j’aurais aimé avoir vos impressions sur l’entrevue qu’Estilo a donnée à Arthur Tollen…

Pétale : Mes impressions? HAHA! Depuis le début je dis qu’Estilo est injustement dur avec moi. Il s’en est rendu compte, c’est un bon départ. Rien d'autre à ajouter. Je suis assez d'accord sur tout le reste. Vous savez, il me reproche de prendre une personne comme cible, mais c’est ce qu’il a fait avec moi tout au long de sa courte carrière à la WWA. Et tout ça pour quoi au fond? Il n’a pas compris que si je voulais pas qu’il se mêle de mes affaires, c’était que j’avais compris qu’il ne voulait pas être attaché au passé. Et qu’une bonne partie de son passé est le prêtre. Et moi. Une claque en pleine face. C’est tout ce que j’ai reçu de lui pour avoir essayé de le laisser hors de ça.

Mais vous savez, Iscariote aussi fait erreur dans cette histoire qui dure depuis plus longtemps que quelques mois... Son opinion sur moi est la mauvaise. Et vous savez pourquoi, Francouille? Parce que j’ai décidé qu’il ne méritait pas de voir la vraie moi. Je lui ai donné l’image qu’il se forgeait si puissamment dans sa tête de prêtre à la con. Et lui, comme un petit caneton il a suivi l’idée sans prendre la peine de regarder autour s’il suivait vraiment la bonne.

Et pourquoi Francouille? Parce qu’il se confortait dans cette idée que j’étais la traînée qu’il voyait chaque jour secouer son joli petit cul. Comme il se confortait dans l’idée que Julianinho allait l’aider à venir à bout de moi. Et qu’a-t-il trouvé en bout de ligne? L’échec. Parce qu’il n’a toujours pas les bonnes cartes pour jouer. Il était bien content d’avoir Julian de son côté, au fond. Puisqu’il était supposé enlever ce qu’il y avait entre nous deux et qu’il ne l’a pas fait. Mais il n’aura pas besoin, je m’en suis occupée. ET BIEN, en plus!

Francouille : Donc, si je résume bien, vous dites ne pas avoir été vous-même face à Iscariote? Mais vous disiez pourtant ne pas mentir…

Pétale : La différence réside dans le fait que ce qu’il a vu n’était qu’une infime partie de moi-même… Quelle réputation ont les hyènes, dites-moi?

Francouille semble surpris par la question, mais répond la première chose qu’il lui vient en tête.

Francouille : Ce sont des charognards…

Pétale : Exactement ce que je croyais que vous répondriez.

Elle ricane doucement. Francouille baisse les yeux et regarde Molly, couchée sagement aux pieds de Pétale.

Pétale : En fait, les hyènes tuent elles-mêmes 90% de ce qu’elles mangent. Les restes ne représentent donc que 10 petits pourcents de leur alimentation. Pourtant, on se concentre beaucoup plus sur ce 10% que sur les 90 autres, n’est-ce pas Francouille? Parce que les gens ne prennent pas la peine de se renseigner convenablement avant de porter un jugement. Le fait que j’aie décidé de ce que je voulais bien montrer est un peu le même principe. Personne, et je dis bien PERSONNE, n’a essayé de voir au fond ce qu’il y avait à voir. Simplement par lâcheté. Par manque de souci du travail bien fait. C’est quand on connait le mieux son adversaire qu’on est en mesure de vraiment bien le détruire.

Elle sourit.

Pétale : Et la destruction est ce que je recherche plus que n’importe quoi d’autre. Mais si je m’arrêtais à cette seule phrase, Francouille… Les gens penseraient que je veux seulement détruire ceux qui se trouvent face à moi. Julianinho, Iscariote… Mais mon pire ennemi n’est pas le prêtre. Encore moins Julianinho. Mon pire ennemi est la seule personne qui peut m’empêcher d’avancer. Et c’est moi-même.

Francouille semble ne pas comprendre immédiatement où veut en venir la jeune femme et lève sur elle des yeux interrogateurs.

Francouille : Mais pourquoi vouloir à ce point détruire Iscariote, alors?

Pétale : Iscariote en tant que tel n’est pas le problème. Le problème est cette idée de moi à laquelle il s’attache. En détruisant Iscariote dans le ring, en le battant comme je rêve de le faire depuis très longtemps, je détruis une partie de moi-même. Celle que je déteste plus que tout. Cette image que j’ai moi-même créée. D’une victoire finale que j’espère violente et douloureuse, je l’effacerai. Le jeu n’est pas encore commencé, Francouille. Iscariote n’a pas encore compris en quoi il consiste.

Il continue de croire que c’est seulement de lui qu’il s’agit. Certes, il a une part de responsabilité dans cette histoire, mais il ne s’agit pas que de lui. Le ring est le seul endroit où j’ai toujours pu être moi-même. J’ai eu tort de penser qu’en ne démontrant aucun sentiment, aucune attache, je serais invincible. Parce qu’en faisant ça, j’ai moi-même tué à petit feu qui je suis vraiment. Et si je ne veux pas vivre dans cet état pour l’éternité, il serait temps que je bouge mon joli petit cul, et que je sois moi-même, plutôt qu’une simple ombre.

Elle regarde Francouille dans les yeux, et lui fait signe de la suivre, ce qu’il fait timidement, prenant soin de ne pas réveiller Molly, dont il n’apprécie pas tellement la compagnie. Pétale se dirige vers l’escalier qu’ils ont remonté quelques minutes avant et descend. Arrivée en bas, elle regarde Francouille et se dirige ensuite vers le coin entraînement. Le mur entier est un grand miroir, devant lequel la jeune femme se place, mettant son bras autour du cou de Francouille, qui vient à peine de la rejoindre.

Pétale : Que voyez-vous?

Francouille regarde le reflet dans le miroir, où il ne trouve évidemment que le sien.

Francouille : Moi.

Pétale : Bonne réponse. Vous ne me voyez pas, n’est-ce pas?

Francouille acquiesce d’un signe de tête.

Pétale : Vous venez de tout comprendre. Ma vie jusqu’à présent a été comme ce miroir. Une chose dans laquelle je n’existais pas vraiment.

Elle prend ensuite Francouille par les deux épaules et le retourne face à elle et le regarde dans les yeux.

Pétale : Maintenant, que voyez-vous?

Francouille : Vous.

Pétale : Voilà ce que je veux. Maintenant, retournez chez vous et allez rejoindre votre famille. Réfléchissez à ce que je vous ai dit. Et n’oubliez pas que les gens ne sont pas toujours ce qu’ils montrent.

Elle pose ensuite un baiser sur le front du petit homme, qui se frotte la nuque avec la paume de sa main.

Francouille : D’accord… Mais, Pétale, une dernière question… pourquoi cette pièce formidable est-elle interdite?

Pétale : Elle est comme moi. Fermée à ceux qui ne comprennent pas encore. Bonne nuit, Francouille. Et en sortant, dites à Frank qu’il peut revenir. Je sais qu’il est resté dehors devant la porte, en attendant que je l’appelle.

Francouille hoche la tête et remonte, laissant Pétale toute seule, devant son absence de reflet, l’air songeur.

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* =

Voix Off:Tout ce qu'a dit Estilo est bien beau et vérédique, mais il semble oublier un détail: Pour être certain qu'un enfant nous écoute et comprenne ce qu'on lui dit, il faut se mettre à son niveau.

On se retrouve donc dans une pièce sombre dans laquelle se trouve une bonne quantité de boîtes, empilées les unes sur les autres. Pétale se trouve devant les boîtes, un sourire ravageur aux lèvres.

Pétale: Oh, mais qu'est-ce qui se passe, Bobby? T'as toujours pas digéré que j'aie refusé de coucher avec toi? C'est d'un ridicule! Tellement que j'ai dû réfléchir hyper longtemps avant de me souvenir que tu m'avais proposé cette "nuit torride", comme tu le dis si bien toi-même. D'ailleurs, je me demande bien quelle est ta définition de nuit torride... Parce qu'à entendre toute la merde que tu nous sort en si peu de temps, je crois que la supposition que j'avais eue à l'époque risque d'être la bonne... Tu vois avec la façon dont tu m'avais proposé le truc, j'ai eu cette image dans ma tête: J'ai accepté de coucher avec toi, et pendant la grosse minute et demie que ça dure, je t'entend grogner en disant que t'es tellement le plus bon, le plus fort, le plus ci, le plus ça. Et laisse-moi te dire un truc...

Le meilleur c'est APRÈS. T'es là, debout en train de te regarder dans un miroir en te trouvant tellllllement mignon! Et tu me dis à quel point t'as été formidable et tout, comme si j'avais pas déjà tout entendu ta salade. Puis quand tu te tourne vers moi, eh ben je dors, comme pendant la dernière minute de notre belle nuit torride.

Elle prend une pause en continuant de sourire.

Pétale: J'ai beau apprécier la douleur, mais celle-là était au-dessus de mes moyens. Il y a une limite à ce qu'on peut endurer, tu sais Bobby. Et y'a deux questions qui me viennent en tête maintenant. En quoi ma vie aurait-elle été meilleure si j'avais accepté? Coucher avec un champion améliore la qualité de vie? Oh attend que je réfléchisse... Non, je vois pas. Je l'ai fait plusieurs fois déjà... Mais attend! Ah non, EUX c'étaient de VRAIS BONS champions! My bad, sorry!

Et Bobby, l'autre question qui me brûle les lèvres... Si tes cousines tellement plus belles que moi t'attendent dans ta limousine, qu'est-ce que tu fout à nous rabattre les oreilles avec une histoire de cul qui a pas tourné comme tu le voulais y'a si longtemps, hm? Dépêche-toi d'aller t'occuper d'elles, et oublie pas de leur rappeler à quel point tu es bon, fort et tout! De toute façon, si tu dénigres l'apparence d'Estilo, avec la gueule que t'as toi-même, je crois que je vais considérer le fait que je suis "pas si belle que ça" comme un compliment. Maintenant tu m'excuseras, je dois déjà te laisser. C'est pas que tes histoires m'ennuient... Pas non plus que j'ai autre chose à faire...

Elle rit, et finit par marcher, sortant de la pièce. On est maintenant dans un bar bondé de beau monde qui dansent et boivent. Pétale continue de marcher lentement, regardant au passage les gens qui l'entourrent. Elle arrête son regard sur une belle brune, visiblement ennuyée par un jeune homme qui lui raconte des histoires se voulant drôles, question de la faire rire. La jeune femme, se sentant observée, tourne la tête vers Pétale et la regarde. Elle est d'une beauté parfaite, et ses courbes attirent vite le regard de son indésirable compagnon qui profite du fait qu'elle regarde ailleurs pour reluquer son décolleté plongeant. Elle prend son sac à main et se dirige lentement vers Pétale, et les deux femmes continuent de marcher ensemble en direction de la sortie.

Le sénario se répète 2 autres fois avec d'abord une belle blonde aux jambes hyper longues et aux yeux bleus perçants, puis avec une jeune femme aux cheveux noirs très long, tatouée sur toute l'épaule gauche. Les yeux d'un tas d'hommes et de femmes se tournent à présent jalousement vers Pétale, accompagnée des trois jeunes femmes dignes des agences de mannequins les plus grandes.

Une fois sortie de l'établissement, Pétale se tourne vers la caméra avec un sourire.

Pétale: Bah si, on dirait que j'ai autre chose à faire. En passant, comme tu vois, c'est facile de ramener 3 femmes. Le plus difficile, c'est d'aller au-dessus de leurs attentes. Et j'espère que c'est ce que tu feras dans le ring demain Bobby. Éclate-moi la gueule. Mais ne rate pas ton coup, cette fois.

Et la caméra fade out sur la jolie brochette de Pétale.

Voix Off: C'est là que se termine le concour de qui pisse le plus loin. Et Pétale a gagné.

Pétale entre dans sa maison après une longue course avec Molly, qui court immédiatement à la cuisine. La jeune femme sourit avant de s’y diriger elle aussi. Après 30 secondes, elle entre dans le salon, une bouteille d’eau à la main, et trouve Frank, assis sur le sofa. En la voyant arriver, il se lève rapidement et se tourne face à la jeune femme. Elle ouvre lentement la bouteille avant de vider la moitié d’une traite, en regardant Frank du coin de l’œil.

Frank : T’es sûre que ça va?

Pétale : De quoi tu parles? La défaite contre Bob et Bilal? M’en fiche bien et tu le sais.

Frank : C’est pas de ça que je parle.

Pétale hausse les épaules.

Pétale : Estilo? Rien à foutre…

Frank : Oh ouais, rien à foutre… C’est parce que t’as pas vu…

Pétale : Vu quoi?

Frank : La carte du prochain Axe.

Pétale : Quoi, la carte?

Frank : T’as un match…

Pétale : Contre qui? Encore un petit crétin dont j’me fiche complètement?

Frank : Pas vraiment non… Contre Estilo.

Pétale : Ah bon. D’accord alors.

Frank hésite à continuer, mais n’a pas vraiment le choix de se lancer, puisque Pétale finira bien par le savoir d’une manière ou d’une autre… Il prend quand même énormément de temps pour penser à la façon la mieux… adaptée… de lui apprendre la suite.

Pétale : Bon, je vais prendre une douche.

Elle va pour partir, mais Frank fait les quelques pas qui les séparent pour la retenir par le poignet. Il la traîne ensuite jusqu’au sofa et lui fait signe de s’asseoir, avant de se laisser tomber lui aussi sur le sofa.

Frank : Le truc c’est que… Le match va décider de qui va affronter Iscariote au PPV.

Pétale ferme les yeux lentement, inspire profondément, puis serre les dents.

Pétale : Oh really? Tu vois, c’est exactement pour ça que j’avais pas envie de l’avoir dans le décor. Je savais qu’il finirait par être dans mes pattes volontairement ou non... Et peut-être pas de la façon la plus plaisante qui soit. Tu veux que je dise quoi Frank? Je vais l’affronter comme on veut que je le fasse. Je vais l’enlever de mes pattes, peu importe si je dois passer des heures sur cet osti de ring. JE vais être sur la carte de Retribution, contre Iscariote, coûte que coûte.

Estilo a beau être un excellent adversaire. Il a beau me faire ressentir la pire des douleurs du monde, me torturer, jouer avec ma tête comme ça l’amuse de le faire. Il ne gagnera pas face à moi. Je gagnerai ce match, ou personne ne gagnera. Il me trouve têtue? J’le suis. Au point que si j’ai quelque chose dans la tête et que j’y tiens particulièrement, c’est impossible de le sortir de ma tête. Et je tiens plus que tout à battre… à MASSACRER Iscariote. J’y pense jour et nuit.

Je ne vais pas me laisser arrêter par qui que ce soit. Et encore moins aussi proche du but. T’as idée de tout ce que j’ai enduré dernièrement, Frank? T’as une petite once d’idée? Non, bien sûr que non.

Elle s’arrête de parler pour se lever lentement et se met à marcher de long en large dans le salon, sous les yeux un peu inquiets de son ami.

Pétale : J’ai laissé tomber ce masque que je porte depuis des années, j’ai enduré tout ce qu’Estilo a dit sur mon cas, j’ai pas parlé du fait qu’il est parti quand on affrontait Bob et Bilal, j’ai écouté ce qu’il a dit sans broncher. Tout ça pour une seule raison. J’ai prouvé que je pouvais botter des culs dans un ring. J’ai été reconnue comme lutteuse. Mais je suis au-delà de ça maintenant. Ce que je veux, Frank, c’est montrer que j’ai autant de valeur que n’importe qui ici. Que je suis pas une putain d’animale comme on le pense depuis des années.

J’ai peut-être un goût très développé pour ce qui fait souffrir, les petits jeux et tout… Mais s’ils croyaient réellement que leurs petites attaques en rapport avec ma façon de m’habiller, de me comporter, pouvaient être les pires choses que j’ai endurées, ils se foutent le doigt, la main et le bras entier dans l’œil. Le temps où je les laissais essuyer leurs pieds sur moi comme sur un tapis d’entrée est FINI.

Je ferai face à Iscariote à Retribution, un point c’est tout. Et s’il veut me briser la cuisse, il faudra qu’il soit plus que très fort et talentueux. Il faudra qu’il soit plus intelligent, plus rapide, plus vil que moi. Une cuisse, c’est tout ce qu’il veut me briser? GO! Je le supplie, de me briser la cuisse! De le faire pour moi. MIEUX! Qu’il me brise les deux! Tant qu’à faire quelque chose, aussi bien le faire comme il faut! Ça l’avancera à quoi au final? Il aura brisé quelqu’un physiquement. Il aura mis fin à ma carrière, c’est tout.

Il n’aura pas gagné pour autant, et il le sait. Quelle satisfaction aura-t-il à avoir mis une femme de 26 ans en retraite forcée? Laquelle? Il pense qu’il m’aura prouvé que j’ai tort? Il croit qu’il changera ma façon de voir les choses en brisant cette cuisse? Il croit qu’il prendra une valeur quelconque aux yeux de ses collègues? C’est chacun pour soit ici. Tout le monde se fout des autres, tant qu’ils ne peuvent rien leur apporter de doré à mettre autour de leur taille. Je le sais, il le sait, tout le monde le sait.

Ce n’est pas MON cas. Je me fiche bien des bling bling. J’en ai eu assez dans ma carrière pour dire qu’ils n’apportent rien d’autre que le plaisir de flasher. J’en ai oublié plusieurs, et je m’en fiche complètement. Ce que je veux, c’est rétablir la vérité. Et ça commence avec mon cas personnel. Avec moi-même. Si Iscariote veut me briser une cuisse, il n’a même pas idée de ce que j’ai envie de faire. Je vais lui ancrer dans le crâne qui JE suis. Il ne pourra pas l’oublier, Frank. Crois-moi. Je t’en donne ma fucking parole. Le jour où je l’entendrai dire qu’il s’était trompé sur mon cas, que l’image qu’il avait de moi est disparue, il pourra dormir en paix sur ses deux oreilles. PAS AVANT.
Elle regarde la bouteille d’eau qu’elle avait à la main pendant tout ce temps, et en prend une gorgée.

Frank : Et si jamais tu perds contre Iscariote, à supposer que tu gagne lundi bien sûr…? Je veux dire… Garza te foutra certainement contre quelqu’un d’autre…

Pétale : Et alors? Tu crois que ça m’empêchera de continuer à prouver mon point à Iscariote? Cette malheureuse personne se trouvera au mauvais endroit au mauvais moment, tout simplement. C’est elle qui souffrira pour Iscariote, et j’espère que le prêtre va se sentir cheap de voir souffrir quelqu’un à sa place. Est-ce qu’on arrête une catastrophe naturelle en levant la main et en disant « stop !»? Non! C’est la même chose pour moi. Quitte à aller gâcher tous les matchs du prêtre un après l’autre, juste pour lui taper sur la gueule, il finira par admettre que j’avais raison. Je l’amènerai en enfer avec moi.

Maintenant Frank, je vais aller prendre une douche.

Et elle pose la bouteille vide sur la table basse devant elle avant de quitter, laissant Frank soupirer, les yeux ronds. Il connait bien Pétale, mais n’avait jamais réalisé à quel point elle était déterminée.

Pétale est confortablement callée sur le sofa de son salon, en compagnie de Molly, qui dort à ses pieds, à l’autre bout du sofa. La pluie a martelé la ville pendant une partie de l’avant midi, pour s’arrêter et laisser place à un temps gris et frais, un peu déprimant pour un début d’août. Les yeux de la jeune femme sont rivés sur une photo de sa fille. Il n’y a rien d’autre pour l’instant… Mis à part ce son qui la sort de ses pensées. Molly lève vivement la tête et se dirige vers la porte, avant même que Pétale ait réalisé qu’on sonne à la porte. Pétale se lève en soupirant, laissant la photo sur le sofa, puis se dirige vers la porte d’entrée, sachant que c’est Francouille qui se trouve de l’autre côté. Elle ouvre et sans rien dire s’en retourne vers le salon, mais Francouille reste à la porte, et elle le regarde par-dessus son épaule.

Pétale : Qu’est-ce que vous foutez? Entrez.

Francouille semble un peu hésitant, ce qui n’a rien de normal aux yeux de Pétale qui le dévisage à présent, visiblement méfiante face à son intervieweur.

Pétale : Quoi?

Elle se rapproche du petit bonhomme en fronçant les sourcils. Elle le pousse légèrement vers l’intérieure de la maison et tombe face à face avec Iscariote. La rousse se retourne vers Francouille, qui d’un regard la supplie de lui pardonner de l’avoir amené.

Pétale : Bah maintenant que t’es là… Entre aussi. Je serais incapable de laisser un chien galeux dehors, alors bon…

Elle ne manque cependant pas de lancer un regard noir à Francouille, qui réalise que ce qui lui avait d’abord paru comme une bonne idée n’en était peut-être pas une.

Iscariote: Je te remercie de cette hospitalité.

Tapotant l'épaule de Francouille comme pour lui donner un peu de courage, il fit un pas dans cette maison qui devrait lui être normalement interdite… Une fois entrée, il se posta contre un mur et ne bougea plus. Comme ne voulant pas irriter Pétale plus qu'il n'en faut de sa présence.

Iscariote désigna alors Francouille.

Iscariote: Ne lui en veut pas, il était le seul moyen que j'avais en ma disposition pour te contacter. Je serais le moins long possible.

Elle se rapproche de Francouille et lui passe un bras autour du cou, avant de le serrer contre elle, très fort, trop fort.

Pétale : T’en fais pas pour lui… Je lui en veux pas! On va juste avoir une bonne conversation lui et moi, sur le pourcentage de chances que je sautes au plafond s’il m’amène des gens que j’ai pas envie de voir.

Elle relâche ensuite l’intervieweur, qui sait maintenant à quoi s’attendre, puis regarde Iscariote avec un sourire en coin.

Pétale : Alors qu’est-ce qui me vaut le plaisir de ta visite? C’est mon anniversaire et je l’ai oublié?

Iscariote: Je suis juste venu te souhaiter bonne chance dans ton match face à Estilo.

Lorsqu'il prononça cette phrase, toute personne saine d'esprit se demanderait ce qui a pu passer par la tête du prêtre pour qu'il vienne chez elle afin de lui dire ce genre de chose. Cependant, il semblait bel et bien sérieux en disant cela. Il resta prostré contre le mur, regardant Pétale d'un air... Bizarrement amical. Bizarre non pas dans le sens que cela cachait quelque chose mais que le fait d'avoir Pétale en face ne lui donnait généralement aucun motif pour sourire.

L’agacement traversa le visage de Pétale au moment où elle s’éloigna de Francouille pour se placer devant Iscariote, les bras croisés.

Pétale : Ah! Bonne chance?! Merci, j’imagine. Mais tu sais aussi bien que moi que c’est pas une question de chance, n’est-ce pas? La chance à elle seule suffit pas contre Estilo.

Iscariote: Crois moi, je le sais bien mais lorsque je vois le Estilo d'aujourd'hui... Je me dis qu'il est largement dans tes cordes. Il a changé, et cette fois, je ne peux plus rien te mettre sur le dos pour me rassurer. Estilo a changé définitivement, et est devenu quelque chose d'autre. Et présentement, je pense que cela sera la même chose dans le ring, il a changé, il n'a plus le même plan de jeu. Et toi, tu sais t'adapter a n'importe qui. Si avant, j'aurais dit qu'Estilo aurait l'avantage psychologique, présentement, j'ai du mal a me dire qu'il puisse te battre psychologiquement parlant.

Si je te souhaite bonne chance, c'est justement pour éviter que tu ais une mauvaise chance et qu'Estilo gagne alors qu'il n'a clairement plus le match pour lui. Je me suis encore trompé sur lui, mais tu me diras que c'est habituel chez moi les mauvaises prédictions. Et je crois que tu es au top mentalement et physiquement. Estilo a le talent mais n'a plus l'envie, je ne vois plus de flammes, je ne vois que mépris et ténèbres en lui. Mais toi, tu as cette flamme. Il est impossible qu'il puisse te battre.

Pétale ricane doucement en se rapprochant encore plus d’Iscariote, jusqu’à être séparée de lui que de quelques petits centimètres.

Pétale : Et quel beau retournement de veste tu viens de faire. Effectivement, tes prédictions foireuses sont plus qu’habituelles. Et tu sais pourquoi, mon chéri? Parce que t’as toujours eu ce voile devant les yeux, qui t’empêche de voir la réalité, et que t’adores tellement parce qu’il te rassure. Tu vois, la différence entre moi et la plupart des autres adversaires que tu croiseras dans ta carrière, c’est que peu importe ce qui arrive, tu peux être certain de voir toujours cette flamme. Personne a réussi à l’éteindre, que ça soit en me mettant out pour des mois, ou en me battant chaque fois que je les affronte.

Chaque fois, je reviens encore plus en feu qu’avant que je parte. Tes petites analyses m’ont amusée… Parce que tu parlais comme si tout était évident comme le nez au milieu du visage. Quand tu sais très bien qu’avec moi, déjà, et Estilo aussi il faut dire, y’a jamais rien qui est clair. Je fais pas partie de ces lutteurs que tu peux cerner et connaître comme le fond de ta poche. Tu le sais, Estilo le sait, la preuve, il a pas clamé haut et fort qu’il me battrait.

Un sourire doux se dessine sur se lèvres.

Pétale : Et je n’ai pas dit que j’allais le battre absolument non plus. Je suis pas inconsciente qu’il est un des meilleurs adversaires que j’ai eus dans ma carrière. Je sais qu’il va me surprendre, comme chaque fois. Je l’ai vu évoluer du début jusqu’à maintenant. Même avant que je le rencontre, je savais qu’il serait quelque chose à affronter. J’ai dit que je serais dans ce ring à Retribution, face à toi. J’y serai, compte là-dessus. Que ça soit toute seule parce que j’ai battu Estilo, ou qu’il soit dans le ring avec nous, ça m’importe peu, même si je préfère la première option. La défaite face à lui est techniquement probable…

Elle s’éloigne et se plante devant une fenêtre, le temps commence à s’éclaircir.

Pétale : Techniquement. Mais elle ne peut pas arriver.

Iscariote: "Que celui qui clame la vérité se clame alors de Dieu, car la vérité seule n'existe pas, car l'objectivité ne peut approcher l'idée de vérité, seul un dieu serait capable de dire ce qui est juste. "

Avoir raison n'a jamais été ma préoccupation Pétale, et tu le sais très bien. Le plus important est d'assumer ses dires et de se battre jusqu'au bout pour ce qu'on croit. J'ai cru qu'Estilo valait quelque chose, j'ai cru Estilo... Oh oui, je l'ai cru dans ses critiques, dans son unicité... Et puis tout a commencé a clocher quand je t'ai vu parler. Tes propos, les siens, si différent et si proche. J'ai compris que nous ne pouvons pas nous décider sur l'argumentation. De plus, j'ai toujours été si mauvais par cela...

Il croisa calmement les bras, en souriant.

Iscariote: Je n'ai pas besoin que tu crois mes propos, ni que qui que ce soit d'autre les croient. Je veux juste me battre pour ceux ci et faire en sorte que personne ne m'empêche d'y croire. Appelle ca illusion, j'appelle cela juste chercher a vivre comme soi même. N'est ce pas pourquoi tu te bats aussi? Je suis fatigué de voir Estilo... Et même toi en train de faire comme si cela n'avait aucun importance. Dans ce cas, pourquoi combattre un cafard tel que moi? Ce n'est qu'une vision fausse non? Quel intérêt de l'affronter si on la croit fausse?

La réponse, tu la connais, elle est la même que la mienne. Voila pourquoi je dit souvent que nous sommes identiques sur un point central. Cette maison, ces souvenirs que tu as... Je ne suis personne pour dire qu'ils sont factices et mensonge, pourtant, je pourrais le faire. Ca serait ma vérité, face a ta vérité. Mais ici, je ne viens pas ici pour dire que ton monde est faux... Tu as tout perdu, et ce que je vois présentement... N'a rien de répréhensible. Je suis l'homme qui reste accroché au passé parce que je veux croire en une justice. Et si je dois la faire moi même, soit. Estilo est tellement détruit que je me demande qui de lui ou de moi est vraiment le plus pathétique.

Mais toi... J'ai un compte a régler, et tu le sais. Je n'aurais de cesse que lorsque je t'aurais mis hors d'état de nuire, afin de me prouver que ma vision du monde est réalisable. Oui Pétale, je me rassure dans les éprons d'un être imaginaire... Mais tu n'as jamais rien fait pour m'en empêcher, car cela te plait, cela t'amuses.

Il se tut. Il avait recommencé à monologuer. Il ferma les yeux et prononça les mots que Pétale souhaitait certainement entendre.

Iscariote: J'ai bien... Une autre question.

A la fin Pétale, tous ces mots, toutes ces promos, tout ces matchs, tout ces mélodrames... Pourquoi? Pourquoi souhaites-tu me combattre a la fin? Quel est l'intérêt de se battre contre moi... Plutôt que face à quelqu'un comme Estilo. C'est cela la réponse que je cherche, si je veux que tu gagnes face a Estilo, c'est pour en finir, tant pis si cela peut prendre deux voir trois matchs, tant pis si je m'en brule les ailes! Mais pour cela, je veux au moins savoir pourquoi tu réponds face à quelqu'un comme moi. Pourquoi?

Pétale : On t’a jamais dit que tu te pose trop de questions? Que tu te vois pas tel que t’es vraiment? C’est pas toi qui disait que tu savais qui t’étais? Pourquoi essayer de tout comprendre, toujours? Ça t’avancera à quoi, au fond? À absolument rien. J’ai l’impression d’avoir plus d’estime pour toi que toi-même t’en a. C’est fatiguant à la fin. Tu crois que je choisis les personnes contre qui je veux me battre en fonction du fait qu’ils sont faibles? Voyons, mon chou! Crois-tu vraiment que quelqu’un de faible pourrait m’endurer pendant des mois et des mois, me tenir tête, et foncer à nouveau tête première à la première occasion que je lui offre de m’affronter encore?

À la SOW, quand je t’ai affronté, c’était dans des circonstances complètement nulles. En tag team, pour commencer. En étant juste une partie de moi-même, et comme tu l’as dit en arrivant ici, t’étais pas vraiment toi-même. Ici, je veux que ça soit autrement. Dans les meilleures circonstances possibles. Je veux plus, toujours plus…

Elle sourit et regarde Iscariote.

Pétale : Tu sais les femmes comment c’est, j’imagine… Je veux te battre, je veux me prouver que je peux le faire, je veux en finir avec l’image fausse qu’on a de moi. Le dégoût dans les yeux des autres est compréhensible jusqu’à maintenant… Qui pourrait vous en vouloir d’être dégoûtés par ce que j’ai montré jusqu’à récemment!? T’es une cible facile, au fond… Je veux dire par là que je savais que tu pourrais pas t’empêcher d’essayer encore de m’arrêter. Tu crois que j’ai choisi au hasard? Je savais que tu allais tomber dans le piège encore… Mais je savais avant tout qu’avec toi en face, j’aurais pas le choix de briller. Julian? Un petit jouet sans intérêt. Ça se voit à la facilité avec laquelle je l’ai mis hors de tout ça. Tellement sûr de lui, mais tellement fragile, au fond.

Elle ricane et regarde à nouveau par la fenêtre.

Pétale : Il vit dans un autre monde. J’avais besoin de quelqu’un qui a les deux pieds bien ancrés sur terre. Et pourquoi pas toi, hum? Tu me connaissais mieux que tout le monde, t’es dans ma toile depuis si longtemps… J’ai besoin d’un adversaire qui va me donner ce que j’ai besoin… Et t’es parfait pour ça. T’as pas idée de tout ce que tes yeux peuvent me dire quand tu me regardes. C’est ÇA que je vais effacer. Tu me déteste sans raison, au fond… sauf pour le fait que ça t’énerve de te dire que je vois aussi clair en toi. Sinon pourquoi viendrais-tu ici? Pourquoi chercherais-tu une raison à cet affrontement?

Iscariote resta interdit quelques instants puis avança soudainement dans la maison. Comme brisant soudainement l'aura sacré qu'il avait lui même érigé a ce lieu, il se posta dérrière Pétale. Il prit une grande inspiration, relâchant tout ses muscles pour se mettre à regarder Pétale, a ne regarder qu'elle.

Iscariote: Je vais te battre Pétale Orientale. Et si je dois d'abord réaffronter mes démons en détruisant Estilo, je le ferais. Mais je vais te battre. Lorsque l'on sera face à face, ca sera la fin de cette fausse Pétale... Sois tu en termineras une partie de tes mains en me battant lors de notre rivalité, et alors crois moi, j'accepterais publiquement que j'avais tort et que tu n'es pas cela. Sois je la terminerais en détruisant la personne que je conçois comme ETANT cette fausse Pétale.

Mais je ne lâcherai rien, si tu veux prouver que tu peux me battre, sache qu'il en est de même pour moi. Nous savons tout deux que nous en avons les moyens et... Avant que peut être cela devienne plus personnel, plus violent, je voulais justement te dire... Eh bien... Merci et bonne chance Pétale, la prochaine fois que nous nous verrons, ca sera pour détruire l'autre dans le ring. Et au cas où justement cela arrive, je voulais au moins te dire ces deux choses.

Pétale se tourne une fois de plus face à Iscariote en souriant.

Pétale : Oh mais je n’en doute pas une seconde! C’est exactement ce à quoi je m’attends. Tu vois, je savais que tu ne me décevrais pas sur ce point-là. C’qui est bien avec toi, c’est que tu fais toujours ce qu’on s’attend à te voir faire. Maintenant, puisqu’on a fini de mettre tes questions au clair… Loin de moi l’idée de te mettre dehors, mais j’ai un autre invité à qui j’aimerais parler.

Elle tourne les yeux vers Francouille, qui essaie de se faire encore plus petit, et le regarde pendant de longues secondes avant de revenir à Iscariote.

Pétale : Et toi, tu ferais mieux de bien regarder ce match entre Estilo et moi… Parce que c’est là que tout doit se décider. Et c’est aussi là que tu verras que c’était pas des salades quand je disais que je serais à Retribution. Ensuite, tu pourras me « briser la cuisse »… À moins que je te brise moi-même avant.

Iscariote eut un sourire a cette dernière remarque. Les dés étaient maintenant jeté pour lui et Pétale. Auront-ils a affronter Estilo a Retribution? Pétale pourra t-elle commencer et peut être déja finir sa joute avec le prêtre a Retribution? Iscariote aura t-il a affronter son nemesis le plus fort a Retribution? Ces questions pleines de doute restaient en suspens tandis que le prêtre salua Francouille d'un signe de tête, pour ensuite sortir simplement. Le prêtre avait levé ses doutes, il n'était plus dans le brouillard, la réflexion n'était plus permise... Ils allaient entrer dans le vif de l'action.

On se retrouve dans un des couloirs de l’immeuble de la WWA. Plus précisément devant la loge de Pétale, où Miss Kendra, Ed Bundy et Arthur Tollen sont en train de mener une discussion animée, au sujet des évènements du dernier Axe. Une jeune rousse arrive à leur hauteur et regarde la porte avec attention. Tous trois se tournent vers elle et constatent qu’il s’agit de Pétale… plus habillée qu’à l’habitude. Immédiatement, les micros se lèvent à la hauteur de leurs lèvres, et ils se mettent à parler en même temps, sans que quoi que ce soit ne soit compréhensible. La rousse les regarde à tour de rôle, puis, de son sac à main sort un micro en souriant.

« Vous devez faire erreur… Je suis journaliste. »

Miss Kendra, Ed et Arthur la regardent d’abord stupéfaits, se regardent entre eux et éclatent ensuite de dire.

Arthur Tollen: Bien sûûûûûûr!

Miss Kendra : Vous nous prenez pour des idiots, Pétale? Cette fois, vous n’aurez pas d’occasion de fuir nos questions.

Mais au moment où Miss Kendra finit sa phrase, le quatuor aperçoit au bout du couloir quelqu’un qui semble être Frank. Accrochée à son bras, une autre rousse, identique à celle qui se trouve à leurs côtés. Ils marchent dans la direction des intervieweurs, sans se soucier vraiment d’eux, jusqu’à ce que Pétale reconnaisse Livia, sa jumelle. Elle stop net, arrêtant par la même occasion la marche lente de Frank, qui la tire malgré elle vers sa loge. Pétale dévisage d’abord sa sœur, puis voyant la présence des autres, elle soupire.

Ils se remettent à parler tous en même temps, et Pétale garde son regard sur Livia, sans les écouter jacasser. Elle finit cependant par être ramenée à la réalité par Frank, qui lui donne un petit coup de coude.

Pétale : Qu’est-ce que vous voulez?

Ed Bundy : Une interview!

Miss Kendra : Vous devez nous donner des réponses!

Pétale soupire, puis regarde Frank qui lui fait un signe de tête.

Pétale : D’accord… Pour avoir la paix de vous, je le ferai… UNE SEULE FOIS.

Elle se dirige vers la porte de sa loge et l’ouvre toute grande avant d’y entrer, suivie de tout ce beau monde. Elle se laisse tomber sur un des sofas, et leur fait signe de s’installer comme ils le veulent. Frank se place juste à côté de la porte, accoté au mur, les bras croisés.

Pétale : Mais je vous avertis, ne pensez pas que je vais faire ça tout le temps.

Elle repose ses yeux sur sa sœur, assise entre Miss Kendra et Arthur.

Pétale : Surtout toi.

Livia s’attendait visiblement à ce genre de chose, puisqu’elle ne bronche pas une seconde.

Pétale : Allez-y…

Miss Kendra : Quelles sont vos réactions face à l’intervention d’Iscariote dans votre match face à Estilo?

Pétale : Prévisible.

Miss Kendra : Si vous vous y attendiez, pourquoi avoir été surprise?

Pétale : Je croyais qu’il allait au moins attendre plus longtemps dans le match pour le faire. Je sais qu’il a des raisons d’avoir intervenu pour nous affronter tous les deux, et je suis certaine qu’il va les donner bientôt… J’ai toujours dit que je ne faisais jamais rien sans raisons, et c’est un peu ça aussi pour Iscariote.

Arthur Tollen : Vous n’êtes pas fâchée qu’il ait intervenu?

Pétale : Aucunement… J’avais dit que je serais à Retribution, et j’y serai. Alors pourquoi je serais fâchée? Si le match avait continué normalement, j’aurais peut-être perdu, et par ce fait, je n’aurais pas été de Retribution. Pourquoi me plaindre? Parce que j’affronte pas seulement Iscariote? La présence d’Estilo dans ce match ne me dérange pas tant que ça, finalement. Il a voulu à tout prix être dans cette histoire, il y est, maintenant. Je ne peux pas l’en sortir de force. J’ai essayé de lui faire comprendre que c’était mes affaires à moi, il s’est entêté, et voilà ce que ça a donné : Un triple treat à Retribution.

Ed Bundy : Mais vos chances de gagner se retrouvent donc diminuées de beaucoup…

Pétale : C’est un fait… Mais vous savez, Ed… Je n’ai encore jamais reculé devant un match. J’ai toujours amené mon cul dans le ring, et affronté celui qui se trouvait devant moi. Peu importe qu’on soit trois au lieu de deux... Même si ça diminue de beaucoup de chances de gagner. Iscariote a pris une décision, et je vais la respecter. Iscariote a décidé de régler deux dossiers en un seul match, fine! Ses petites analyses amusantes, sa mauvaise capacité à voir juste, devant deux personnes comme Estilo et moi, ça pourrait lui nuire plus qu’il pense. La seule chose positive dans cet affrontement à trois, c’est que personne ne sous-estime personne. On connait tous, quelque part, les dangers liés aux autres devant nous.

C’est ce qui rendra ce match si spécial, mis à côté des autres. Il n’y a pas de « je suis meilleur que toi » et toutes ces saloperies. On ne cherche pas à savoir qui c’est qui a la plus grosse paire de couilles (en passant, c’est certainement moi, pour ôser vouloir affronter des gars comme ça). On sait que ce match sera tout sauf facile. On sait tous les trois qu’on en sortira peut-être même pas sur nos pieds. La seule chose qu’il y a, c’est une putain de grosse flamme que personne va pouvoir nous enlever. On se ré affronterait dans 5 ans ça serait pareil. Certes, on veut battre l’autre, qui pourrait nous en vouloir pour ça!? Mais je ne crois pas que ça soit pour dire qu’on est meilleur que l’autre. C’est une rivalité trop « personnelle » pour ça.

Arthur Tollen : Donc, si je comprends bien, vous ne pensez pas être meilleure que vos adversaires?

Pétale éclate d’un rire franchement sincère.

Pétale : Meilleure dans le ring qu’Iscariote ou Estilo? Non, je ne crois pas. S’il y a une chose qu’on peut voir immédiatement en nous regardant tous les trois, c’est qu’on ne peut pas nous départager. Personne ne peut prédire avec certitude qui sortira gagnant à ce match. Tout ce qu’on peut dire, c’est des suppositions. Celui qui affirmera avec une certitude inébranlable qu’il gagnera est juste inconscient de ce qui l’attend dans ce ring. Mais on sait tous les trois qu’on DOIT gagner.

Livia : Et si tu perds?

Pétale : Livia, t’as déjà vu ces deux bonhommes là dans un ring?

La jumelle hoche évidemment la tête.

Pétale : Donc tu sais aussi bien que moi que je ne pourrai pas être écoeurée par une défaite contre eux… Déçue oui, mais frustrée, jamais. Ils ont tous les deux été champions de la SOW. Si ça n’a aucune valeur pour certains ici, pour moi, ça en a une. Et c’est certainement pas la dernière ceinture qu’ils auront, laissez-moi vous en passer un papier. Je serai déçue de ne pas avoir réussi ce défi que je me suis donné, c’est tout. J’ai la conviction d’être capable de les battre, reste à le prouver, huh.

Elle sourit et Frank, derrière son dos, fait de même.

Pétale : Maintenant, c’est pas que je veux vous foutre dehors, mais je vous laisse une dernière question.

Tous : Vous affrontez Kim au prochain Axe… Comment voyez-vous ce match?

Pétale ricane, avant de se lever lentement et de regarder Frank par-dessus son épaule.

Pétale : Veux-tu répondre à celle-là?

Frank s’approche du sofa et se place juste derrière.

Frank : C’est un match comme un autre, qui ne finira probablement jamais. Les chances d’une autre intervention sont excellentes, et ce n’est qu’une perte de temps pour les deux femmes. Pétale n’a aucun intérêt à affronter Kim, et cette dernière ne doit pas en avoir un grand non plus, puisqu’elles ne sont pas la cible l’une de l’autre.

Pétale : Je respecte Kim. Elle est bonne dans un ring, pas de doutes là-dessus. Ce serait un pur plaisir de l’affronter en d’autres circonstances, mais présentement, ça n’a aucun intérêt. On aurait aussi bien fait de nous mettre dans un tag team match, avec en face nos adversaires respectifs. J’aurais fait équipe avec Kim avec plaisir en plus. Mais on a décidé de nous faire perdre notre temps en se battant l’une contre l’autre. La cerise sur le sundae aurait été de nous écœurer avec un bra and panties match. C’est heureusement pas le cas… Et j’espère que je viens pas de donner l’idée à Garza. Espérons que l’intervention se fera pas trop attendre.

Elle sourit malgré tout.

Pétale : Mais si vraiment ce match se déroulait normalement, j’ai tout de même hâte. Kim pense qu’elle doit montrer à Garza ce qu’elle peut faire pour récupérer son titre? C’est une occasion en or de le faire. Je lui donnerai tout ce que j’ai pour elle, et j’espère sincèrement qu’elle en fera autant. Je connais pas sa carrière, mais je me doute que si sa progression en tant que femme est comme la mienne à l’époque, je pourrais bien être la seule adversaire qu’elle a eue qui lui donne du respect. Je ne vais pas essayer de la ridiculiser. Kim mérite un adversaire qui joue franc jeu. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.

Le quatuor se lève machinalement. Miss Kendra, Arthur Tollen et Ed Bundy quittent les lieux sans plus de mots, franchement contents d’avoir eu des réponses à leurs questions. Livia vient se placer devant sa sœur, donnant un effet de miroir assez troublant.

Livia : Je sais que j’aurais pas du venir… Mais là où on m’a engagée après la fermeture de la SOW, on voulait absolument que je vienne te voir. T’as l’air en forme et j’en suis contente. Je vais t’éviter les sermons sur ce que t’as fait à l’asile… Et je vais aussi éviter d’en parler à maman…

Pétale : Merci Liv’.

Livia sort fouille dans la poche de son pantalon, et tend un papier à Pétale. La lutteuse le prend sans le regarder.

Pétale : C’est quoi?

Livia : C’est l’adresse de la famille où Laurence a été placée… J’ai pris rendez-vous pour lui rendre visite, mais je crois que je vais être malade cette journée-là. Tu t’es déjà fait passée pour moi, pas vrai?

Pétale sourit et met le papier dans la poche arrière de son jeans. Cette idée, venant de Livia, la surprend visiblement beaucoup.

Pétale : Merci… Vraiment.

Livia serre Pétale dans ses bras pendant de longues secondes, puis se dirige vers la porte en saluant Frank d’un signe de tête. Elle s’arrête de l’autre côté de la porte, et regarde sa sœur une dernière fois.

Livia : Quelle chance que maman déteste la lutte, hein!? Elle te croit encore dans cet asile…

Les deux sœurs rient.

Livia : Bonne chance Pétale orientale.

Et elle quitte, laissant Pétale, un sourire aux lèvres. Frank la prend dans ses bras pour la serrer à son tour.

Après son match, Pétale est allée direct sous la douche, et se trouve à présent assise sur un sofa dans sa loge. Elle porte un jean ample, une camisole noire avec un @ blanc et des espadrilles noires et blanches. Elle rit. Très fort. Ses yeux sont rivés sur la télévision devant elle. La porte de la loge s’ouvre et Frank entre avec un sourire en coin. Il s’installe à côté de la porte et regarde Pétale en continuant de sourire. La rousse tourne les yeux vers lui en continuant de rire et lui fait signe d’approcher. Il s’exécute et s’assoit à côté de Pétale, pour regarder l’écran. Un seul moment du PPV passe en boucle :

Citation :

Il a une demi seconde d'hésitation... et EVE SIN! ESQUIVE PAR PETALE AVEC UN PONT! ORIENTAL STRETCH! ORIENTALE STRECTH! ELLE A PASSE SES CUISSES AUTOUR DU COU D'ISCARIOTE!Iscariote est à terre, loin des cordes, il a déjà subit un Kiss Of Death surpuissant dans la nuque... IL TAPE! ET ESTILO VIENT CASSER LA PRISE! Mais c'est trop tard!

On frappe à la porte. Francouille entre sans attendre de réponse. Il fait un sourire à Frank qui rit aussi à présent. Il regarde ensuite l’écran et soupire en remuant la tête de gauche à droite.

Francouille : Vous voulez que je repasse quand vous aurez fini de…. Comment dire… célébrer?

Pétale : Quoi? Sois pas ridicule, Francouille! Entre! Je veux bien répondre à tes questions. Je suis d’excellente humeur et rien ne pourra la gâcher. Même pas tes questions. Prends un siège je t’en pris!

Elle étire le bras pour saisir la télécommande et ferme la télé. Elle ne doit pas être déconcentrée pendant cette interview particulièrement importante.

Francouille : Parfait alors. Pourquoi regardiez-vous en boucle la fin de votre match? Vous n’avez pas envie de voir la suite du PPV?

Pétale : Bien sûr que je veux voir la suite du PPV, mais ça peut parfaitement attendre à demain non? J’ai dit que LE SHOW était CE match… Rien ne presse pour le reste. Je voulais juste savourer encore cette belle victoire.

Francouille : Pourquoi ce passage en particulier? Vous connaissant, ce n’est pas seulement pour revoir la fin de votre match. Il y a bien une autre raison derrière tout cela, n’est-ce pas?!

Pétale : Vous avez bien raison. Effectivement, revoir la fin de mon match est un plaisir en soit. Mais ce l’est encore plus quand on pense aux choses auxquelles je pense en le revoyant. Si vous saviez Francouille, ce que j’ai pu ressentir quand j’ai vu Iscariote abandonner… C’était… juste… trop fort. Des moments comme ça, c’est d’autant plus fantastique quand on a l’habitude de ressentir que la douleur ou la haine.

Francouille : Pourquoi riez-vous devant ces images?

Pétale : Parce que je trouve que les circonstances entourant cette victoire sont particulièrement amusantes. J’ai écrit sur mon blog de prier pour que mes cuisses restent bien grandes ouvertes. Estilo n’a pas compris sur le coup, mais je suis persuadée qu’il a compris maintenant. Mais comme sa tentative pour briser la prise : Trop tard. Vous voyez Francouille, j’ai encore prouvé que je faisais ce que je disais quand je m’aventure sur un terrain. Dans ce petit passage du match, je l’ai fait plus d’une fois. La première, en faisant taper Iscariote une deuxième fois. La PIRE humiliation pour un homme comme lui, tu le sais Francouille.

Elle se lève lentement, puis se dirige vers son sac, d’où elle sort un ordinateur portable, qu’elle vient poser sur les genoux de l’intervieweur et pendant qu’il démarre, elle marche derrière Francouille en souriant à Frank. Lorsque l’ordinateur est enfin prêt, elle clique à quelques reprises.

Pétale : 25 juin…

Citation :

Et tu veux savoir? Je rêve d'un moment où tu te trouveras entre mes cuisses et que tu taperas le sol avec ta paume. Comme tu l'as déjà fait. Ce jour-là, l'arbitre me tiendra la main bien haute et pour toutes les fois où tu m'as repoussée du revers de la main comme tu l'as si bien dit, je t'aurai humilié encore une fois.

Pétale : J’ai DIT que je le ferais, et je L’AI FAIT. J’ai bien hâte de voir sa réaction à cet abandon. Deux putains de fois, je l’ai battu à son propre jeu. Et lui, combien de fois m’a-t-il battu au mien?

Elle porte un index à son menton et sourit.

Pétale : Aucune. Il avait foutrement raison quand il disait qu’il était dans ma toile. Il l’est. Et il va y rester. C’est tout. Maintenant, la deuxième chose qui me fait rigoler en voyant cette fin de match.

Elle fait encore quelques clics, puis on entend la voix d’Iscariote venir de l’ordinateur.

Citation :

Iscariote: Je vais te battre Pétale Orientale. Et si je dois d'abord réaffronter mes démons en détruisant Estilo, je le ferais. Mais je vais te battre. Lorsque l'on sera face à face, ca sera la fin de cette fausse Pétale... Sois tu en termineras une partie de tes mains en me battant lors de notre rivalité, et alors crois moi, j'accepterais publiquement que j'avais tort et que tu n'es pas cela.

Pétale : J’attends aussi ça avec une grande impatience. Entendre Iscariote dire qu’il avait tort… C’est à peu près aussi rare que de m’entendre MOI dire que j’avais tort. Mais pour mon plaisir personnel, je tiens juste à rappeler à Iscariote qu’il a pas seulement perdu, il a abandonné. Dans LE ppv de l’année. Je dis ça comme ça hein!

Elle « tousse », et reprend l’ordinateur portable pour le poser sur la table basse. Elle sourit ensuite à Francouille, puis se rassoit sur le sofa.

Pétale : Une autre raison pourquoi je rigole en regardant cet extrait en particulier, Francouille…Attendez, on va le regarder à nouveau ensemble, et vous comprendrez.

Elle rallume la télévision, et on revoit encore l’extrait.

Citation :

Il a une demi seconde d'hésitation... et EVE SIN! ESQUIVE PAR PETALE AVEC UN PONT! ORIENTAL STRETCH! ORIENTALE STRECTH! ELLE A PASSE SES CUISSES AUTOUR DU COU D'ISCARIOTE!Iscariote est à terre, loin des cordes, il a déjà subit un Kiss Of Death surpuissant dans la nuque... IL TAPE! ET ESTILO VIENT CASSER LA PRISE! Mais c'est trop tard!

Pétale : C’était quoi cette hésitation d’Iscariote? S’il voulait pas gagner le match fallait le dire plus tôt. On aurait arrangé quelque chose pour que ça devienne un one-on-one entre Estilo et moi! Il ne faut jamais AU GRAND JAMAIS hésiter devant moi. Même une demie-seconde. Iscariote est plus au courant de ça que n’importe qui ici! Surtout sachant combien je peux être calculatrice. Ça m’a donné le temps nécessaire à prévoir ce qui venait. Surtout considérant que je connais si bien le prêtre. Une putain de demie-seconde peut tout changer dans un match contre moi. C’est pas compliqué, tu fonces ou tu fonces pas. Mais tu n’hésite SURTOUT PAS.

Francouille : Pourtant, juste un peu avant ça, vous avez hésité à faire votre finisher à Iscariote.

Pétale : Bien sûr. Mais je ne voulais pas qu’il perde ce match sans avoir vu ce qui lui a coûté la victoire. J’aurais pu l’assommer et gagner. Facilement, même. Mais ça m’aurait donné quoi sur le moment? Il n’aurait su ce qui s’était passé qu’en le voyant plus tard. Le Kiss of Darkness est un bon moyen d’écraser un homme au sol… Lorsqu’il est bien appliqué. Attaquer dans le dos n’est pas un problème en tant que tel pour moi… Mais à cet instant-là précisément, ça aurait rendu la victoire beaucoup moins importante à mes yeux. Je fais beaucoup plus confiance au Orientale stretch pour gagner… En plus d’éprouver un malin plaisir, un peu pervers même, à l’appliquer… surtout sur un homme qui répugne à se trouver entre mes cuisses.

Francouille : Pour la suite, donc?

Pétale : Aucune idée… Pour moi cette affaire est réglée. Si Iscariote ne considère pas cette victoire, c’est tant pis pour lui. Je peux lui faire revoir ces images encore et encore s’il le faut…

Citation :

Il a une demi seconde d'hésitation... et EVE SIN! ESQUIVE PAR PETALE AVEC UN PONT! ORIENTAL STRETCH! ORIENTALE STRECTH! ELLE A PASSE SES CUISSES AUTOUR DU COU D'ISCARIOTE!Iscariote est à terre, loin des cordes, il a déjà subit un Kiss Of Death surpuissant dans la nuque... IL TAPE! ET ESTILO VIENT CASSER LA PRISE! Mais c'est trop tard!

Pétale : J’ai gagné, vous avez perdu. Fin de l’histoire.

Vous m’excuserez maintenant, mais je suis exténuée. Et j’ai encore un peu mal à ma gueule.

La caméra fade donc out…

Non.

Pétale : Oh tant pis, une dernière fois.

Citation :

Il a une demi seconde d'hésitation... et EVE SIN! ESQUIVE PAR PETALE AVEC UN PONT! ORIENTAL STRETCH! ORIENTALE STRECTH! ELLE A PASSE SES CUISSES AUTOUR DU COU D'ISCARIOTE!Iscariote est à terre, loin des cordes, il a déjà subit un Kiss Of Death surpuissant dans la nuque... IL TAPE! ET ESTILO VIENT CASSER LA PRISE! Mais c'est trop tard!

Maintenant, la caméra fade-out sur un rire de Pétale.

L’image s’ouvre dans une église, bondée de monde. Devant eux, Pétale Orientale. Elle marche de long en large, comme un animal en cage. Les plus connaisseurs savent que ce n’est jamais bon signe. Derrière elle se trouve quelque chose caché par un énorme tissu noir. Pétale regarde tout le monde avec un sourire aux lèvres.

Pétale : C’est fou le nombre de personnes qu’on peut faire entrer dans une église sans qu’ils soient vraiment concernés par la religion, n’est-ce pas? Tu vois, Iscariote, tous ces gens? Ils sont ici pour une seule et unique raison, et ce n’est pas la prière ou la messe. Tu dois l’avoir compris par l’absence de prêtre ou whatever de religieux devant eux, hein!?

Elle continue de marcher en regardant par terre. Sa respiration est très rapide, comme si elle sortait d’un énorme effort. Le seul son qu’on entend dans l’église à cet instant, est celui de ses talons qui frappent le sol durement.

Pétale : Tu aimes bien jouer avec mes nerfs, Iscariote, n’est-ce pas? Ta défaite n’a pas suffit? T’en veux une autre? J’ai dit que ce dossier était réglé pour moi. Pourquoi ne fais-tu pas la même chose de ton côté? Je suis vraiment fatiguée de t’entendre raconter n’importe quoi, tu sais? Me briser la nuque? Après la cuisse, quoi d’autre, mon chéri? J’ai l’impression de t’avoir cogné un peu trop fort, quand je t’entend délirer comme ça. T’es sûr que tu te sens bien?

Elle prend quelques secondes en continuant à marcher, plus lentement.

Pétale : Mais tu dois te demander ce que font tous ces gens ici, hein mon amour? Ils sont ici pour voir ce qui se cache derrière ce tissu, et ce que j’en ferai… Mais c’est pas maintenant qu’ils sauront. Ils verront plus tard, rien ne presse, n’est-ce pas? Rend toi à l’évidence, Iscariote. Je t’ai battu. Si tu veux vraiment me briser quoi que ce soit, ou m’emmener quelque part, Iscariote…Faudra que tu le fasses autre part que dans le ring. J’ai pas envie de me faire chier avec toi encore dans le ring. Avant toute la merde que t’as dit, peut-être que j’aurais accepté. Mais maintenant, non. C’est fini. Je suis lassée de ce petit jeu avec toi. T’es redevenu aussi sans intérêt pour moi qu’avant qu’on s’affronte à la SOW. T’es redevenu ce minable petit lutteur de merde, qui ne fait que dire de la merde, et qui se plait à y croire, en plus.

Tu dis toi-même être pathétique. J’y croyais pas, mais maintenant je commence à me poser de sérieuses questions sur ce que je pensais de toi. Est-il possible que je me sois trompée à ce point-là? Rester accroché comme ça à moi, même après que je t’aie battu, c’est du très pathétique. Tu te souviens Iscariote, quand je faisais tout pour que tu accepte de coucher avec moi, mais que tu continuais à toujours me repousser, non pas du revers de la main mais du poing entier? Si t’es aussi collant après moi parce que t’as changé d’idée, dis-le juste. Si ça peut me débarrasser de ton cul une bonne fois pour toute, je le ferai, hein.

Elle lève les yeux avec un sourire sarcastique devant la foule silencieuse à ses paroles, et les regarde attentivement. Elle remarque vite quelques têtes blanches offusquées de ce qu’elle vient de dire. Elle sourit encore plus en pensant à leur réaction à ce qui les attend.

Pétale : Si jamais on doit s’affronter encore, ne t’attend pas à me voir aller jusqu’au ring. Je refuse absolument de perdre mon temps encore. Parce que si j’y allais, Iscariote, et que je gagnais encore, tu revoudrais une revanche. Je considère que tu as assez mené le jeu. Tu trouves que ma victoire n’est pas à compter? Que la balle fatale n’a pas été tirée? Pourtant, je vois pas ça du même œil mon cœur. C’est la faute à qui si on était pas tous seuls dans le ring? C’est TOI qui a décidé de ton plein gré d’intervenir entre Estilo et moi pour faire de ce match un triple treat. Vous voyez ce que ça fait de laisser le contrôle à quelqu’un qui a l’habitude d’être mené? Inversons les rôles un instant… Iscariote affronte Estilo pour savoir qui m’affrontera au PPV… 3 options

1- J’écrase mon joli cul sur un sofa et je regarde le match jusqu’à la fin pour voir qui j’affronterai.
2- J’interviens pour faire gagner celui que j’ai le plus envie d’affronter.
3- Je fais un no contest et je ne vais SURTOUT pas me plaindre que « ça compte pas » quand l’autre gagne au PPV. Je ferme ma putain de gueule sale.

C’est comme ça que les gens qui ont le moindrement de bon sens font. T’as tout fait tout croche, Iscariote. Tu crois vraiment que j’ai envie de revenir contre toi après tout ça? C’est TOI qui a décidé des conditions de ce match. Je croyais que j’avais clairement dit que ça se finissait là pour moi. Et tu sais comment je suis hein…

Elle sourit.

Pétale : Si je dis que je me pointerai pas dans le ring, je me pointerai pas dans le ring. T’auras beau essayer de me provoquer jusqu’à ce que je perde la tête, convaincre le GM de me forcer à faire ce match. Je n’IRAI pas. Tu peux intervenir dans mes matchs si ça t’amuse. Je t’invite même à chacun d’entre eux, si tu veux. Direct ringside. Tu seras déjà arrivé pour m’attaquer. Si tu veux vraiment le faire, vas-y. Tu finiras bien par en embêter un autre avant moi.

Mais si je ne monte pas dans le ring pour t’affronter, Iscariote… Comment feras-tu pour m’atteindre? Tu viendras chez moi? Maintenant que tu sais où ça se trouve… Si tu veux j’te laisse toutes les portes déverrouillées et tu viens quand tu veux. Rien à battre. Combien de fois je t’ai réveillé en pleine nuit après tout hein? Je suis convaincue en plus, que tu n’as pas très bien dormi, vu le mal de cou que t’avais après notre match… Je me trompe?

Pose-toi la question suivante. Qui est réellement le parasite de l’autre, Iscariote? Je sais très bien que mon refus de t’affronter encore doit pas te faire plaisir. Je suis aussi persuadée que t’aimes pas te faire repousser du revers de la main comme ça. J’ai fini de te donner de l’importance que tu ne veux pas recevoir. Reste dans ton abysse pendant que je fais mon p’tit bonhomme de chemin. Tu ne m’y emmèneras pas. J’y suis depuis assez longtemps. Tu ne m’empêcheras certainement pas d’en sortir. T’es devenu trop pathétique pour valoir la peine que je m’attarde encore à toi dans le ring. C’est drôle, parce que tu reproche à Estilo d’avoir trop changé et tout le blabla, mais regarde-toi donc un peu. TU es une ombre de ce que t’étais. Le jour où tu cesseras d’agir en larve pathétique, je prendrai peut-être en considération tes désirs. Mais il devra y avoir un enjeu.

Elle s’arrête maintenant de parler, et sourit. Les sous-entendus font déjà leur chemin dans le public, qui passe de silencieuse à chuchottante. Elle se place donc face à tout ce beau monde, et s’adresse directement à eux.

Pétale : Iscariote adore mettre la faute sur mon dos. Vous l’avez tous constaté depuis longtemps, j’en suis certaine. Pour lui, c’est bien plus facile de mettre la faute sur moi que de la prendre pour lui quand elle lui revient. Nous jouerons donc à un petit jeu ensemble. Je suis donc venue ici ce matin pour tout bien préparer. Ça a été difficile, je dirais même acharné. Le combat que j’ai dû livrer en arrivant a été très fatiguant. Presque autant que les délires d’Iscariote. J’avais heureusement pris soins de mettre les paroles d’Iscariote à fond dans mes oreilles, simplement pour me souvenir du pourquoi je faisais tout ça. Je sais pas si vous saviez, mais les gens qui sentent leur mort approcher ont souvent tendance à se débattre comme des diables.

Elle s’arrête de parler devant le silence des gens devant elle.

Pétale : Oui, vous avez bien compris. Laissez-moi vous raconter… Comme je suis vampire, j’ai besoin de sang à certains moments. Sinon je deviens… Dangereuse… non c’est pas le bon mot… Bon, imaginez que vous brandissez un steak devant le museau d’une lione qui a rien mangé depuis bien bien longtemps… Ça va? D’accord alors. Dans ces cas-là, je sauterais sur n’importe qui. C’est pourquoi avant que ça n’arrive, je dois impérativement choisir la proie qui me convient le plus. J’ai des principes. Je ne m’attaque qu’à des gens qui ne méritent pas la vie. C’est d’ailleurs quelque chose qu’Iscariote me reproche. Même le plus pourri des hommes mérite la vie. Donc, le plus pourri mérite le même traitement de faveur qu’un homme n’ayant rien fait de mal au cours de sa vie. C’est pour cette raison…

Elle se dirige vers l’énorme tissu, tire dessus et on retrouve un prêtre. Le pauvre est assis sur une chaise, les pieds attachés sur les pattes avant de la chaise et les mains dans le dos. Un tissu est soigneusement passé dans sa bouche et attaché derrière sa tête. On voit tout de suite qu’il a été tabassé. Pétale lui passe la main sur la joue, puis sourit à son public.

Pétale : Cet homme n’a rien fait de mal… Non. Il n’a fait que du bien. Prendre l’argent offerte pour des œuvres de charité et se la mettre dans les poches, par exemple. Ou encore violer de pauvres camées qui ne voulaient qu’un toit pour se protéger de la violence de la rue… J’ai passé un bon bout de temps à le regarder aller. Parce que je ne chasse jamais le ventre vide. Il faut toujours prendre des précautions vous savez…

Elle pose son pied droit sur la chaise, entre les jambes de l’homme, affreusement près de son entre-jambe. Elle relève lentement sa robe noire jusqu’au haut de la cuisse. On voit alors son tatouage de diable, et quelque chose bien attaché au haut de sa cuisse. Elle passe sa main droite sur sa jambe, en partant de la cheville, jusqu’à l’endroit où ses doigts rencontrent ce dont elle a besoin… Le manche de son poignard. Elle le sort ensuite, pour le passer du côté plat sur la gorge du prêtre tremblant.

Pétale : Selon mes croyances personnelles, cet ordure mériterait de mourir pour me nourrir. Mais selon celles d’Iscariote… Il mérite de vivre… Quant à moi, par ce fait, je devrais continuer d’avoir faim, et devenir incontrôlable. Nous voilà donc devant un dilemme assez intéressant. Laisser vivre un ordure et tuer plus tard un innocent… Ou m’en tenir à ce que je crois bon, et continuer de rester une personne sécuritaire pendant encore quelques temps…

Elle sourit au prêtre en retirant son pied de la chaise. Lui, visiblement soulagé ferme les yeux quelques secondes.

Pétale : Je me demande ce que notre ami en pense…

Elle passe la lame derrière le tissu et le coupe d’un geste brusque. La lame a fait une petite entaille sur la joue du prêtre, qui peut maintenant parler à sa guise. Pétale, quant à elle, porte la lame à ses lèvres et récolte les petites traces de sang qu’il y a au bout.

Pétale : Qu’en est-il, cher ami?

Le prêtre : Je… Je suis désolé!

Pétale : Ta vie est à un cheveu de se terminer et c’est tout ce que tu as à dire?

Elle fronce les sourcils avant de se rapprocher une fois de plus de sa « proie ».

Le prêtre : Je rembourserai ce que j’ai volé! Je le promet sur la tombe de mon père!

Pétale s’éloigne alors de quelques pas, toujours face à la foule qui semble sous le choc, et avec raison. Plusieurs d’entre eux venaient chaque semaine se confesser à ce prêtre, et suivaient ses messes fidèlement.

Pétale : Et les femmes?

Le prêtre : Elles se souviennent même pas! …………….. Mais je suis désolé de ça aussi!

Trop tard, Pétale est déjà à cheval sur lui, le poignard tenu bien fermement dans sa main droite. Elle le regarde dans les yeux, un sourire aux lèvres.

Pétale : Pendant que vous êtes derrière moi, vous pourriez décider ce que je dois en faire? Parce que vous n’êtes peut-être pas encore conscients de ce qui se passe, mais vous êtes enfermés ici avec moi, jusqu’à ce que quelqu’un assouvisse ma soif. Si c’est pas lui, c’est l’un d’entre vous. Le premier que je réussirai à attraper paiera pour ce petit jeu stupide. Iscariote considère cet homme comme votre égal à tous… Le temps avance mes amis… Il est temps de décider qui de vous ou lui doit mourir.

Pendant qu’elle parlait, des gens se sont précipités à la porte pour vérifier ses dires. Les portes sont effectivement barrées. La panique, la peur et la colère se font déjà entendre derrière le dos de Pétale. Mais personne ne bouge pourtant pour l’enlever de sur le prêtre, par peur d’être la personne qui finira en sang au sol.

Pétale : Allez, le compteur tourne! Vous n’avez qu’une chose à dire!

Le prêtre : Aidez-moi, je vous en supplie! J’ai servi cette église avec toute mon âme et mon cœur pendant des dizaines d’années! J’ai baptisé vos enfants! Je vous ai mariés!

Pétale : Excellent argument que voilà mon chéri…

Une vieille dame finit par se lever et crier haut et fort : TUEZ-LE!

Pétale : Les juges ont donné le verdict, voici ta sentence.

Elle lève lentement le bras droit, mais de la main gauche saisit le derrière du crâne du prêtre et se met à l’embrasser fougueusement pendant de longues secondes. Une fois ce baiser fini, elle rabat le poignard dans la poitrine de l’homme. Elle se relève ensuite de sur le prêtre, puis passe sa main dans son décolleté pour sortir son téléphone cellulaire. Elle compose un numéro, et porte le téléphone à son oreille.

Pétale : C’est moi… Ouvre les portes.

Comme elle raccroche, les portes s’ouvrent et tout le monde se retourne vers Pétale.

Pétale : N’oubliez pas que ce qui vient de se passer est la faute d’une seule et unique personne. Iscariote. Autrement, j’aurais simplement réglé le cas de cette pourriture sans vous impliquer dans le processus.

Elle leur fait ensuite signe de sortir, ce qu’ils font sans se faire prier. Pétale se tourne donc vers la caméra.

Pétale : Cesse de te lamenter comme une madeleine, Iscariote. Tiens toi debout, enfant de pute! Tant que tu ne le feras pas, je refuse catégoriquement de t’affronter. Tu veux venir me massacrer dans le ring pendant un de mes matchs, vas-y, je t’attend. Je vais me laisser mollement tabasser comme une poupée de chiffon. Parce que ça t’emmerdera de taper un corps mort qui fait rien pour se défendre. Tu me veux Iscariote? Vraiment? PROUVE-MOI que t’as les couilles nécessaires à m’affronter dans un one on one. Ce match aurait du être le dernier, mais visiblement t’as pas assez de 4 défaites. J’en ai plus qu’assez de t’entendre menacer de me casser le corps. De t’entendre dire que tu vas me tuer ou encore m’envoyer dans les abysses. J’en ai aussi assez de t’entendre dire que tu veux faire la même chose à Estilo.

Lâche tes putains de menaces de merde quand on sait tous que t’as pas les capacités de le faire. Arrête de dire que tu veux tuer des gens quand on sait tous les deux que le seul moyen que tu peux y arriver, c’est en conduisant soul comme tu l’as fait avec ta famille. Tu crois que c’est amusant de te briser quand t’es comme ça? Tu te détruis toi-même. C’est un suicide ton truc. Tu sais très bien que tu peux pas venir à bout de moi. La prochaine fois qu’on s’affrontera, ce sera parce que je te jugerai apte à le faire. En attendant, je vais pas te laisser te détruire à travers moi comme tu le fais depuis ton arrivée ici.

Elle regarde le prêtre qui respire encore difficilement. Elle regarde le sang qui coule par terre, puis regarde la caméra, d’un air sombre.

Pétale : Et MERDE! Laisse Estilo tranquille. Sinon mon amour, je t’assure…Je te promet… que tu ne verras pas le jour de notre prochain match arriver. Est-ce que je suis assez claire? TU LUI FOUS LA PAIX!

En attendant que tu sois bien en forme, je dois faire mumuse avec les nouveaux champions par équipe… Et bizarrement, je joue encore dans la religion. Allez-y… Dites que vous allez me battre. Mais n’oubliez pas une chose. Iscariote m’a foutue dans un de ces états dont je vous épargne les détails. Et je vous assure que d’obtenir la victoire sera pas chose facile. Priez bien fort pour que je sois de meilleure humeur quand je foutrai les pieds dans le ring lundi. Parce que sinon, vous allez en prendre plein la gueule. Ben-J, je voudrais que tu t’assure que ta pétasse de groupie ne vienne pas intervenir. Parce que je t’assure que je vais lui éclater sa jolie gueule assez fort qu’elle ne pourra plus rien comprendre de tes « enseignements ». Enferme-la dans votre loge pour être bien certain qu’elle vienne pas se mettre dans de beaux draps… Et par là j’entends pas ceux de ton lit, malheureusement pour elle.

Vous feriez mieux d’avoir des yeux tout le tour de la tête dans ce match. Si Chimaira est un peu zinzin… Vous avez rien connu encore de la folie, la vraie. La pure et dure. On se voit dans le ring mes chéris.

Et la caméra fade-out sur Pétale qui se dirige vers le prêtre, toujours pas mort mais pas fort.

Après son match, Pétale retourne backstage et rejoint la P Guard, qui l’attend. Ils sont tous adossés à un mur, habillés très classe. Elle s’arrête de marcher en face de « Wong » qui la regarde avec des yeux plus noirs qu’à l’habitude. Elle le dévisage elle aussi dans des secondes de silence lourd.

Pétale : QUOI? Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça?!

« Wong » s’éloigne du mur pour s’approcher près d’elle et continue de la fixer.

Pétale : Vas-y, parle!

« Wong » : T’es vraiment une idiote.

Pétale : FINE!

Elle se met ensuite en marche, suivie par Dave qui soupire et Mike envoie une taloche à « Wong » avant de suivre à son tour. Le jeune asiatique se tient l’arrière de la tête et lève les yeux en l’air en marchant lentement derrière le groupe. Miss Kendra voit Pétale et se risque à aller la voir en tenant son micro d’une main légèrement tremblante.

Miss Kendra & Pétale : Pétale!

Miss Kendra regarde Dave, qui hausse les épaules, et elle tente une nouvelle fois de prendre la parole.

Miss Kendra & Pétale : Pourquoi avoir agi comme ça durant votre match face à la DCO?

L’intervieweuse semble vraiment ne rien y comprendre, et un peu insultée, mais n’ose rien dire en voyant le regard noir de Pétale. D’ailleurs, la rousse lui arrache maintenant le micro des mains et se tourne vers la caméra.

Pétale : Pourquoi je me suis foutue de la gueule de la DCO, Kendra? Vous vous le demandez tous, hein! Parce que j’en avais envie. C’est très simple, non? J’avais envie de me foutre de la gueule de la DCO. Parce qu’ils sont croyants? Non. Parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Des crétins. Vous êtes deux putains d’imbéciles. Ben-J, avec tes petits jugements bas sans aucun impact sur ma personne, tu croyais vraiment que tu pourrais réussir à m’atteindre? Comme si t’étais le premier lèche-bible à me traiter de « créature du diable » ou toutes ces conneries. T’as pas idée jusqu’à quel point ça m’a fait plaisir d’envoyer cette photo à ta groupie de service pour lui faire du mal. Petite conne naïve et inutile.

Si jamais je dois te revoir dans le ring, et je me croise les doigts pour que ça arrive en one on one, je te montrerai que tu t’es plus que trompé sur mon compte. Je te ferai vivre l’enfer comme tu l’auras jamais imaginé dans tes rêves les plus fous. Tu te foutras dans la position à laquelle tu es tellement habitué puisque tu passes ton temps à prier et à sucer le Reverend, et tu me supplieras de te foutre la paix.

Elle s’arrête de parler le temps de regarder Miss Kendra, qui voudrait bien reprendre son micro, mais Pétale n’en a pas fini.

Pétale : L’autre raison qui m’a poussée à jouer les débiles dans le ring ce soir concerne certaines décisions tout aussi débiles ces derniers temps, de faire lutter des gars qui ont foutrement rien à faire dans un show, alors que d’autres qui travaillent comme des malades pour percer ici sont laissés de côté. Prenez l’exemple de Kim, ou Estilo, qui cette semaine ENCORE sont restés dans leur loge pendant que des gars inutiles comme Sabre, Kenny Parks, ou Kazuo Nitta ont des matchs.

Regardez bien la carte de Bash cette semaine et vous constaterez l’absence d’au moins un ou deux lutteurs du roster qui pourraient très bien avoir eu un match à la place de la team des deux losers dont tout le monde se contre-torche. Pour une fois dans ma vie, je peux dire que j’ai de la chance. J’ai rarement passé un show entier backstage depuis mon arrivée, et j’en viens à me demander si c’est pas juste parce que Garza a un faible pour les rousses. C’est ridicule, de la grosse marde bien molle.

Foutre le bordel, c’est comme ça qu’on monte? Parce qu’à Retribution, j’ai eu cette putain d’impression dégueulasse en voyant que Draven a foutu Zatman hors du RftT, et qu’en faisant simplement un peu d’intimidation au GM... Il a reçu… comme PUNITION de ses actes… DE PRENDRE LA PLACE DE ZAT DANS LE MATCH! WOW! Il doit être mort de peur à l’heure actuelle, le Draven.

Si c’est comme ça que ça marche, j’en connais un tas backstage qui peuvent vous foutre un putain de bordel dans la fédération!

Elle s’arrête une nouvelle fois, prend une grande inspiration, puis repart pour un tour (elle parle vraiment beaucoup huh!).

Pétale : Si jamais on veut me « punir » pour avoir scrappé un match, ou dit la vérité sur ce qui se passe, j’ai même une proposition de « punition » à donner à Garza! Pourquoi ne pas me donner… Un match… pour le titre… WWA, tiens! Comme ça, ça montrera bien l’exemple. Me faire éclater la gueule par AAA, ça sera une belle punition!

Elle marque une pause avec un air plus que sarcastique collé au visage. Mais cet air ne dure pas longtemps, et son visage redevient très sérieux.

Pétale : De toute façon… Passons à un autre appel… C'est-à-dire Théodore. Je suis sincèrement désolée pour ce coup que je t’ai donné. Ce gros débile de Chimaira a eu, aussi étonnant que ça puisse paraître, l’idée brillante de se baisser et j’ai pas pu arrêter mon élan. J’espère que tu m’en veut pas trop pour cet accident. Maintenant, Miss Kendra, je te laisse. Je vais aller enlever cette culotte pour la donner à Ben-J, qu’il l’envoie à son frère Phillip pour moi.

Elle plaque le micro contre la poitrine de l’intervieweuse, et part, sous les rires de Mike qui marche à ses côtés. Dave se met lui aussi en chemin, et « Wong » se place devant Miss Kendra, la regarde dans les yeux et soupire.

« Wong » : Quelle garce...

Il quitte ensuite les lieux en suivant le groupe, laissant Miss Kendra entre l’amusement et l’étonnement face à un flot si rapide de mots venant de la jeune rousse. La caméra fade out sur cette image.

On se retrouve dans la cuisine de Pétale. Mike est accoudé au comptoir, l’air complètement découragé. Les seuls bruits qu’on entend sont les voix de Pétale et de Dave, qui gueulent, visiblement dans une dispute très importante. Mike baisse les yeux vers un verre de lait au chocolat devant lui, puis se met à rire. La caméra se tourne finalement vers la source des cris, et on voit Pétale, les jambes autour de la taille de Dave, et la tête de l’homme est coincée sous son bras. Ils sont par terre. « Wong » arrive dans la cuisine, et semble d’abord surpris, puis découragé de ce qui se passe au sol. Il va rejoindre Mike, et le regarde d’un air interrogateur.

Mike : Cherche pas à comprendre.

«Wong » tend la main vers le verre de lait au chocolat, mais Mike lui claque la main.

Mike : Pas touche.

Dave : Ok! OK! J’abandonne! T’as gagné, espèce de cintrée!

Pétale relâche donc la prise et se relève, essoufflée par l’effort, puis se dirige vers les deux autres hommes, un sourire triomphant aux lèvres. Elle prend le verre de lait et se l’envoie en une seule traite, avant de poser le verre vide sur le comptoir.

« Wong » : On peut m’expliquer?

Dave, à bout de souffle : Elle voulait le dernier verre… MON verre.

Pétale : Bah non, je l’ai gagné à la loyale en plus! C’était mon verre.

« Wong » regarde Pétale, souriante, et remarque un détail… Elle ne porte qu’une chemise blanche et des sous-vêtements blancs… Non. Elle porte SA chemise.

« Wong », en pointant la chemise du doigt : Et ça, tu m’expliques?

Pétale : Pas envie, non. Tiens, tu la veux.

Elle commence ensuite à la déboutonner lentement. Un bouton… deux boutons… trois boutons… qua..

« Wong » : Non! NON! Vraiment, ça peut attendre.

Mike fout une taloche à « Wong », qui immédiatement porte sa main à l’arrière de sa tête.

« Wong » : T’as fini de me foutre des claques?

Mike : Sinon quoi?

Les yeux du grand Mike se plantent dans ceux de l’asiatique, et Dave vient calmer les choses d’une simple question.

Dave : On fait quoi aujourd’hui, les filles?

Pétale : Training, training, training et euh… Training? Pas de match de prévu pour lundi, donc ça me donne tout le temps nécessaire pour améliorer encore et encore ce que je sais déjà. Savez ce qu’on dit; C’est pas parce qu’on se bat pas qu’on doit se ramollir.

Dave : Qui dit ça?

Pétale : Moi.

Rire général.

Mike : Excellente idée… Tu pourras même en profiter pour apprendre une leçon de respect ou deux à Mister Wong ici présent.

Pétale fait un large sourire, pendant que « Wong » marmonne un truc que personne n’arrive à comprendre.

Pétale : Je me demandais un truc…

« Wong » : Rienqu’un?

Pétale, passant par-dessus ce nouvel affront : Tu voudrais pas venir avec moi dans ma chambre?

Wong semble d’abord choqué, surpris, puis curieux.

« Wong » : Pour quoi faire?

Pétale : M’aider à choisir les vêtements que tu veux que je porte quand je vais te botter le cul tantôt!

Puis Pétale éclate de rire, suivie de Dave et Mike. « Wong » reste sérieux, comme toujours, ce qui commence à exaspérer Pétale.

Pétale : T’es nul, kid. Faut te détendre un peu tu sais. La vie est une grosse fucking game. Allez, va te préparer. On va aller s’amuser, tu vas voir.

Elle regarde ensuite Dave, qui comprend où elle veut en venir sans même qu’elle ait besoin de paroles. Elle sort ensuite de la cuisine, laissant les hommes entre eux.

*****

On se retrouve maintenant dans un genre de très grand entrepôt, avec au centre un ring. Pétale entre la première, et ouvre les lumières, avant de remettre ses clés dans le sac de sport qu’elle a apporté. Elle se dirige immédiatement vers le ring avec son sac, qu’elle pose par terre pour se mettre à fouiller dedans. La P Guard entrent ensuite, et semblent surpris de ce qu’ils trouvent là. Pétale les regarde, l’air amusée.

Pétale : Ben quoi? Allez, kid. Viens. J’vais pas te mordre, huh.

« Wong » s’exécute, gardant un œil sur Pétale, qui sort des chaînes de son sac. Elle les jette par terre en souriant, et regarde Mike, qui jubile déjà en comprenant ce qui se passe. Mike fouille sous le ring et sort 2 chaises, une table, une poubelle, et plein d’autres trucs qu’il lance dans le ring. « Wong » commence à s’inquiéter, connaissant les talents de Pétale dans le hardcore.

Pétale : T’as jamais pratiqué ça avec Mike?

« Wong » : Pas vraiment.

Mike : Non, il faisait le con.

Pétale : Oh… Too bad alors. Allez, prépare-toi.

Elle sort ensuite une petite caméra qu’elle donne à Mike, qui la prend en rigolant. Dave, lui, monte dans le ring les rejoindre en souriant.

Pétale : T’es prêt, kid?

« Wong » : Euh… ben… ouais… je crois.

Dave donne donc le signal, et Pétale fonce sur Wong, qui fait pareil de son côté. Ils tiennent tous les deux la tête de l’autre, et tentent, en vain, de pousser l’autre vers les cordes. Wong réussit à prendre l’avantage en envoyant son pied dans le ventre de Pétale, et il se donne un élan vers l’arrière à l’aide du ventre de la rousse, qui tombe sur le derrière dans le ring. Wong, avec un sourire arrogant, regarde Pétale se relever doucement en se tenant la fesse droite. Il fonce encore dans sa direction, et Pétale le frappe au visage d’une puissante droite, avant de lui envoyer un dropkick qui envoie Wong au sol. Pétale renvoie son sourire à Wong, qui frappe le sol avec ses deux paumes, puis saisit une chaise et se relève avec. Il court dans la direction de Pétale avec la chaise levée et la folle lui envoie un coup de pied dans le ventre, avant de saisir elle aussi la chaise d’une main, et de frapper violemment le pli du coude de Wong avec son pied, l’obligeant à lâcher la chaise d’une main. Pétale envoie un gros coup de tête en pleine poire de Wong, qui tombe à la renverse en lâchant la chaise. Pétale la jette au sol et laisse le temps à son adversaire de reprendre un peu ses esprits.

Pétale : Abandonne…

« Wong » : Non.

Une fois relevé, Wong secoue le bras que Pétale a frappé, puis s’approche une nouvelle fois d’elle, plus prudent cette fois. Elle ne bouge pas d’un poil, ce qui ne fait qu’inquiéter encore plus son adversaire. Il réussit néanmoins à la faire plier en deux en lui envoyant un coup de pied de côté semblable à ceux qu’on voit dans les arts martiaux, et il lui place la tête sous le bras pour tenter une suplex, mais Pétale résiste. Il continue d’essayer, mais elle résiste encore. Il finit par lui envoyer 2-3 coups de poings de sa main libre, puis porte sa suplex avec succès, avant de courir au coin le plus près d’elle pour y grimper. Pétale réagit rapidement en saisissant une poubelle et la lui plaçant sur le haut du corps. Elle a alors assez de temps pendant qu’il s’en débarrasse pour ramasser un kendostick et lui en envoyer un coup en pleine gueule, ce qui sonne Wong, qui retombe durement sur le ring.

Pétale : Concentre-toi, petit con!

Wong dit quelque chose que personne n’entend, et Pétale, bonne joueuse, va l’aider à se relever. Wong n’a pas autant de fairplay qu’elle, puisqu’il profite de son aide pour lui tordre le bras, et la forcer à se mettre à genoux. Il tourne encore le bras, créant une réaction très normale : Un cri de douleur. Pétale roule en avant et ressaisit le kendostick de sa main libre. Elle se donne un swing pour frapper Wong, mais celui-ci, cette fois, réagit et lâche Pétale en se baissant. Il la rattrape rapidement et l’envoie dans les cordes et se penche pour la recevoir, mais Pétale s’est retenue aux cordes. Au moment où il se redresse, Pétale lui envoie une clothesline bien sentie si on se fie au visage de Dave qui se crispe et au rire de Mike, qui continue de filmer.

Pétale se jette alors sur Wong pour le frapper de violents coups de poings au visage, mais s’arrête après 4 seulement et saisit une des chaînes. Elle attrape Wong par les cheveux et l’assoit de force pour passer derrière lui et l’étrangler avec la chaîne pendant des secondes qui doivent sembler l’éternité à son bodyguard.

Pétale : Tu vas apprendre à me traiter avec respect.

Elle le relâche ensuite, et lui laisse le temps de respirer, avant de le relever et de l’envoyer dans un coin, lui laissant le temps de souffler un peu plus pendant qu’elle enroule la chaine autour de son poing. Elle rejoint Wong et le frappe de plusieurs coups de poings avec la chaîne, puis se recule, et laisse tomber la chaîne au sol. Elle prend ensuite Wong par les cheveux, puis l’amène vers le centre du ring et saute pour placer ses jambes autour de la taille de Wong et placer la tête de ce dernier sous son bras. Il plie sous le poids de la jeune femme et de la fatigue, puis se retrouve vite au sol, coincé. Pétale tient la prise de longues secondes, jusqu’à ce qu’il ne bouge plus du tout, et fait le cover.

Dave : 1!2!3!

Pétale se relève ensuite, tend le bras vers Mike qui arrête l’enregistrement et donne la caméra à Pétale. Elle retourne vers Wong, lui jette la caméra sur le torse et se penche pour mettre son visage vis-à-vis du sien.

Pétale : Avec ça, tu pourras te souvenir de ce qui t’attend si tu continue de me manquer de respect. T’es PAS un lutteur. T’es un élève. Quand t’auras le même niveau que moi dans le ring, tu pourras passer tes jugements. En attendant, tu fermes ta gueule et t’apprends.

Wong se retourne sur le ventre en toussant.

Pétale : Toi, comme tous ceux à la WWA, qui se pensent tellement meilleurs que moi. Vous allez tous regretter vos paroles de sales cons. Quand vous aurez trimé aussi fort que moi pour une fédération, vous pourrez peut-être ouvrir votre gueule. J’en ai plus qu’assez d’entendre des jugements merdiques sur ma personne. La prochaine personne contre qui je serai en rivalité ferait mieux de se préparer à affronter le pire. Parce que j’en ai plein le cul de toutes ces conneries. Tout ce que vous faites, c’est jeter des litres et des litres d’essence sur un brasier déjà important. Et qu’est-ce qui arrive quand on approche trop sa main des flammes qui grandissent? On finit INÉVITABLEMENT par se brûler.

Elle se redresse et regarde Dave et Mike.

Pétale : C’est le temps de leur rappeler pourquoi on m’appelle « Cr@zY G!rl ». J’ai du temps devant moi avant le prochain match, et c’est jamais bon de me laisser sur le banc pendant 2 semaines complètes. Parce que maintenant que j’ai plus ma fille pour m’occuper, j’ai beaucoup plus de temps pour m’entraîner. Qu’est-ce que vous voulez, j’ai pas de reflet à regarder dans le miroir pendant que j’suis nue, faut que je me trouve d’autres occupations. Et là, les gars, j’vous jure que ça va barder.

Elle sort du ring et prend son sac, regarde Mike et lui fait un signe du menton vers Wong, qui était en train de se relever à l’aide des câbles et de Dave.

« Wong », essoufflé et souffrant : Elle est folle.

Pétale, près de la porte : T’as pas idée à quel point!

Et la caméra fade-out sur Dave et Mike qui aident « Wong » à sortir du ring, un sourire accroché aux lèvres.

1h45 a.m.

Après une longue journée d’entraînement, Pétale est dans sa chambre, et vient de sortir de la douche. Elle porte un t-shirt noir qui lui arrive au bas des fesses, et des sous-vêtements de la même couleur. Mike est assis sur le bord du lit de la rousse, qui n’a pas dit un mot depuis qu’elle les a vus se battre dans le parking. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il doit garder un œil sur elle. C’est bien son rôle, après tout. Pétale le regarde en passant devant lui, et lui fait un sourire. Forcé, bien évidemment. Elle grimpe sur le lit, et se glisse entre les draps pour se coucher. Mais ses yeux ne se ferment pas. Elle regarde le vide, tout simplement.

2h45 a.m.

La tête de Pétale repose au creux de l’épaule de Mike, qui s’est couché et dort maintenant. Dave et « Wong » sont en bas, dans le salon. Elle n’a pas conscience des bruits qui viennent du salon. « Je veux Pétale...PÉTALE! », c’est tout ce qu’elle entend.

Pétale, à elle-même : Merde…


3h30 a.m.

Elle s’est tournée vers la porte de la chambre qui mène à son petit balcon. La porte de la chambre s’ouvre l’entement et elle entend la voix de Dave qui réveille Mike. Rien. Un claquement, comme une gifle, et une plainte de Mike se font entendre.

Dave : Lève ton gros cul. C’est mon tour de dormir.

Mike : Ta gueule, tu vas la réveiller.

La réveiller? Comme si elle dormait… « je suis venu pour Pétale, et ce n'est ni les lutteurs ou la directions de la WWA, ni ses bodyguards qui vont changer ça! »

Pétale fronce les sourcils, serre les dents, et ferme les yeux le plus fort possible.


4h00 a.m.

Et voilà Dave qui dort depuis plusieurs longues minutes. 23, pour être exact. Pétale les a comptées. Rien à faire. Elle dort toujours pas. Elle finit par en avoir assez, et se lève lentement. Molly, couchée sur son gros coussin, lève la tête et la suit des yeux jusqu’à la porte menant au balcon. Pétale l’ouvre, laissant entrer de l’air frais dans la chambre. Elle sort avec la chienne pour prendre l’air.


5h00 a.m.

On est maintenant dans le sous-sol de la maison, là où Pétale a plusieurs machines d’entraînement. Elle est sur le tapis roulant, et court à un rythme très élevé. La fatigue se fait sentir dans tous ses membres. Elle est complètement en sueur. Mike et « Wong » sont assis au bar, et la regardent courir comme une furie.

Mike : Tu devrais arrêter et dormir.

Pétale : À quoi bon?

« Wong » : Y’a Axe ce soir…

Pétale : So what? Pas de… match. Rien à… foutre.

« Wong » : Ben moi, je vais dormir au salon.

Pétale : Bye.

Et elle continue, sous les yeux découragés de Mike.


5h10 a.m.

Mike est rejoint par Dave. Personne ne parle, et Pétale est en train de descendre du tapis roulant. Elle les regarde d’un drôle d’air. Ils semblent soudainement inquiets, et parlent, mais elle n’entend rien… Rien, à part « C'est Pétale que je veux et elle seule. J'en ai rien à foutre du reste de la WWA! ». Tout devient flou. Mike et Dave ne sont maintenant plus que des silhouettes. Et Pétale tombe par terre, inconsciente. Comme quoi, quand on veut, on peut, hein.

On se retrouve dehors, en cette soirée plutôt fraiche. Pétale marche avec Francouille, et ils sont suivis par la P Guard. Francouille semble plutôt content de pouvoir parler à Pétale qui s’est faite distante ces derniers temps, vu le temps passé à l’entraînement. La jeune rousse semble cependant de bonne humeur. Elle sourit bêtement, en pensant à on ne sait pas quoi. L’intervieweur, lui, semble un peu mal à l’aise de savoir la Guard derrière lui. Il propose donc de s’asseoir sur un des bancs, espérant qu’ils changeront d’emplacement. Raté. Ils sont toujours derrière. Tant pis. Il doit absolument poser cette question qui lui brûle les lèvres depuis qu’il a vu la carte du prochain Axe. Il place donc son micro devant ses lèvres, et y va… oui, c’est bon il y va pour vrai.

Francouille : Pétale, vous allez affronter Nathan Alexander lundi prochain. Que pensez-vous de ce match?

La jeune femme s’attendait visiblement à cette question, puisqu’elle ne prend pas une seule seconde pour réfléchir.

Pétale : Francouille, il y a deux choses qui me passent par la tête quand je pense à cet affrontement. La première c’est toutes ces choses qu’un débutant rêve d’entendre de la bouche de son prochain adversaire. Le kid a du talent. Le kid a livré la marchandise contre un grand lutteur comme Sharpy. Le petit Nathan est quelqu’un qui pourrait être très prometteur. Il se débrouille bien dans le ring, c’est vrai, vous l’avez vu? Oh mais il ira certainement loin un jour. Il a le sens de la famille, et on sait qu’ici, dans le monde de la lutte, on est tous comme les membres d’une grande famille. T’as les petits qui essaient d’être au niveau de leurs grands frères. T’as les grands frères qui tapent sur la tête des plus jeunes. T’as ceux du milieu, qui sont tellement incompris… Un tas de taquineries bien gentilles, en fait.

Elle s’arrête une seconde, souriant d’une manière plus qu’étrange.

Pétale : Mais le fait est que… C’est pas comme ça que ça se passe. Ici, c’est le plus fort qui l’emporte en écrasant les autres. Ici, c’est la jungle. Si tu veux survivre, faut te débattre comme pas possible. Le jeune Nathan a du talent, c’est vrai. Mais soyons réalistes... Il ne peut pas gagner contre moi. Je pourrais dire que je suis très excitée à l’idée d’affronter un petit nouveau qui veut se faire un nom. Que je suis contente de participer à son ascension. Mais ce serait mentir. Je me fout bien qu’il soit un nouveau, un ancien, ou une légende. Ce qui compte pour moi, c’est que son cul sera botté de façon magistrale dans ce ring.

Francouille : Vous n’êtes pas un peu sévère?

Pétale : Sévère? Vous pensez que quand j’ai commencé dans l’industrie, on m’a fait une fleur? Non. J’ai reçu toutes les insultes possibles, j’ai du travailler 4 fois plus que tout le monde pour prouver ma valeur. Après des années à me donner à fond dans le ring, on me prend encore pour une débutante. Vous croyez réellement que j’ai envie de faire la gentille avec un adversaire parce qu’il est nouveau? Non. Aucunement, même. Il faudra qu’il apprenne. Et la meilleure façon d’apprendre rapidement, c’est à la dure. C’est ce qui l’attend lundi. Je vais le massacrer. Chaque partie de son corps souffrira comme jamais. Il découvrira de nouveaux muscles dont il ignorait l’existence. Quand j’aurai fini avec son cas, il pourra dire qu’il sait maintenant à quoi ça ressemble de goûter une tempête de folie. Parce que c’est bien ce qui l’attend. Je n’ai pas eu de match la semaine dernière, malheureusement pour lui, d’ailleurs.

Il aura beau ramener son frère, sa mère, sa sœur, son père ou même son grand-père. J’en ai rien à foutre. De mon côté se trouveront mes milliers de fans, prêts à voir un ass kicking en règle. Je suis pas quelqu’un comme Sharpy qui aime faire monter les nouveaux à un autre niveau. Non. Je suis la pire garce égocentrique que vous pouvez pas trouver sur cette putain de planète. Je fais les règles, je mène le jeu, et je gagne. C’est comme ça que ça marche. Nathan Alexander est un nom qui n’existera pas quand le bonhomme se trouvera dans le ring avec moi. Le seul nom dont on se souviendra, ça sera le mien. Garza veut me faire jouer avec ses p’tits nouveaux? Fine! Nathan Alexander sera l’exemple de ce qui arrive quand on fout une biche blessée devant une lionne affamée. La biche finit par se faire bouffer. C’est inévitable.

Francouille : Dites donc, votre égo est gonflé à bloc!

Pétale : Et pourquoi, vous croyez? Hm? Parce que je peux me permettre d’affirmer que je suis le passé, le présent et le futur de l’industrie, à moi toute seule. Vous pensez m’avoir foutue à terre pour de bon que j’vous saute en plein visage. Combien ont cru que je réussirais pas à gagner contre des gars du niveau d’Estilo et Iscariote? Pourtant, je l’ai fait. Oui. Je reviens là-dessus. Mais pas pour « tourner le fer dans la plaie ». J’y reviens parce que c’était quelque chose d’impensable, même pour moi, y’a pas si longtemps encore. Ceux qui disent que ça n’a pas d’importance n’ont jamais affronté les deux gars dont il est question. Et devinez quoi. J’en ai rien à chier non plus de ce qu’ils disent. Je fais ce que je fais pour moi, et pour ceux qui me soutiennent chaque jour. Je vais dans ce ring chaque fois avec l’envie de me surpasser moi-même. Mais vous savez, si je fais ça, c’est que je considère que je suis une lutteuse hors pair comme il ne s’en fera plus. Connaissez-vous beaucoup de gens qui peuvent s’adapter aussi facilement à n’importe quel genre d’adversaire?

Elle ne laisse pas une seconde à Francouille avant de répondre elle-même à sa propre question.

Pétale : Non, bien sûr que non. Parce que je suis unique. Parce que je suis simplement la meilleure dans ce que je fais. Un jour, vous me verrez affronter des gars comme Sharp’, ou encore AAA. Pourquoi? Parce qu’on ne peut pas arrêter une tempête qui se déchaîne. Et ce jour-là, je serai fière de monter dans ce ring pour affronter ceux qu’on considère comme les meilleurs, ici. Je dis pas que je les battrais. Ce que je dis, c’est qu’un jour, je serai dans le ring face à l’un d’eux. Et n’allez pas penser que c’est impossible. Parce que pour une folle comme moi, rien, et je dis bien RIEN n’est… impossible.

Et elle se lève, laissant en plan Francouille, qui semble essoufflé juste à l’avoir écoutée parler.

Gros plan sur la marque du bestiaire, cette croix bizarre, brulée dans l’avant bras de Pétale. La jeune femme est assise sur un fauteuil en cuire noir, dans le coin de sa chambre, juste à côté de cette porte menant sur le balcon. Ses yeux sont rivés sur cette marque qu’elle porte depuis des années. Elle la voit toujours du même œil. Un œil dégoûté, révolté et blessé. C’est ces mêmes yeux, enflammés par tant de choses, qui se lèvent vers la caméra alors que le bras de la jeune femme est brûlant, comme tout le reste de son corps.

Pétale : Bonjour Stanley…

Cette voix, celle de la rousse, est étrangement froide aujourd’hui. Rien à voir avec la Pétale survoltée qu’on a l’habitude de voir. Elle est calme, sérieuse.

Pétale : Je sais pas si tu te rends bien compte de ce que tu dis. Tu crois vraiment m’impressionner avec le fait que tu as suivi les enseignements de Darkside? Tu crois vraiment que je serai troublée par ce fait? Vraiment, sers toi un peu de ta tête. Tu as fait partie du Bestiaire de Darkside, c’est vrai. Mais ce que tu as connu dans ce Bestiaire était de la petite bière. Darkside était désespéré depuis longtemps de trouver un « clan » aussi imposant que le tout premier Bestiaire. La preuve, après ses trois premières créatures, il y en a eu une foutue tonne. Toutes des déceptions, visiblement, vu le nombre qu’ils étaient. Il ne vous a visiblement pas considérés aussi importants que nous. Nous, les premiers, les meilleurs. Il n’a même pas pris le temps de vous raconter l’histoire de cette création immonde qu’il a eue.

Laisse-moi faire ton éducation, question que la prochaine fois que tu l’ouvres à propos de Darkside, tu n’aie pas l’air d’un débile profond. La manière de fonctionner de Darkside s’est affaiblie comme lui. Vous n’êtes que de pâles tentatives d’arriver à la perfection que nous étions. Tout a commencé avec Ice, l’Hydre, le Cerbere et la Sirene. Si tu ne le sais pas encore, puisque tu sembles avoir loupé des détails dans les enseignements de ton ancien maître, ça, c’est moi. Donc. Quand Darkside considérait une personne digne de ses enseignements, qui à l’époque n’étaient pas dévoilés à tout va, pour n’importe qui… Il te baptisait. C’était assez… délicieux comme cérémonie. Je t’explique. Il te donnait ta toge, d’abord. Tu la mettais, et allais le rejoindre dans le ring, où il t’attendait avec tes semblables. Une fois que tu arrivais, il faisait du blabla, puis, il te baptisait, en te versant une énorme quantité de sang dessus.

Ce sang représentait le sang que tu ferais couler à partir de ce jour. Puis, après celà, venaient les lectures de ces livres si spéciaux que Darkside se plaisait à nous faire lire pour nous embrouiller l’esprit encore plus qu’il ne l’était. Personnellement, je n’en ai jamais vu l’utilité, mais je les ai lus quand même. Un beau ramassis de conneries. Et après ça, tu devais ramener un titre. Bien sûr, nous sommes les seuls à avoir vraiment fait ce que Darkside attendait de nous. Pendant un moment, on était quatre, et on avait tous une ceinture.

Elle rit doucement, d’une manière plus qu’inquiétante.

Pétale : C’était bien beau tout ça, en tout cas. Avec vous, les créatures secondaires, il n’a pas perdu son temps à vous donner de l’importance. Non. Il s’est contenté de simplement vous affubler d’un nom, et de vous enseigner les bases. Tu vois cette marque, Stanley? Sais-tu combien des créatures de Darkside ont eu l’honneur de la recevoir? Darkside en avait-il une lui-même? Et toi? Bien sûr que non. Il n’y a que deux personnes qui l’ont reçue. Tu en as une devant toi. Et il y a Ice. L’ironie de la chose, c’est que c’est ses deux plus grandes réussites qui ont été marquées. Tu vois, s’il y a une chose que j’ai apprise de Darkside, c’est me faufiler dans l’esprit de ceux qui se trouvent devant moi. Tu es faible. Une petite trouillarde sans ambition. La preuve, tu ne montes plus dans le ring, si ce n’est que pour tricher et faire gagner ton petit Belzebuth chéri. Tu vois, tu as raison quand tu dis que je prends dans ma toile tous ceux que je vise. C’est drôle que tu en parles, parce que tu es le genre de personne parfait pour ce genre de choses. Vu ta faiblesse pour le shopping juste parce que je t’ai gentiment proposé d’aller faire des courses, je dirais que c’est peut-être mieux que tu ne montes pas dans le ring contre moi.

Elle soupire, tristement.

Pétale : Darkside a vraiment tout échoué avec vous autres, les secondes lignes. Il faut tout vous expliquer. Je ne me battais pas avec Darkside. Sais-tu comment le Bestiaire original s’est dissout? Certainement pas. On s’est d’abord débarrassés du Cerbere, il ne servait plus à rien, vois-tu. Puis après… On a continué de dominer la fédération. Mais tu vois, ce que Darkside nous a enseigné s’est subitement retourné contre lui. Tu sais, l’Hydre était plutôt facile à manipuler. Deux choses simplettes à faire pour quelqu’un comme moi. Flatter son égo en lui disant qu’il ferait un meilleur champion que Darkside, et lui promettre de l’aider à la garder aussi longtemps que possible. Lui faire réaliser qu’à nous deux… nous valions mieux qu’en suivant Darkside. Les hommes ont ce penchant obsessionnel pour le pouvoir, tu n’es pas sans le savoir. C’est une guerre éternelle du plus fort…

Le truc… C’est que la vraie force se trouve ailleurs que dans les muscles. Elle se trouve à un endroit où j’ai l’habitude d’avoir un impact… Le crâne. Donc, bien sûr, Ice n’a pas pu résister à l’appât. Et voilà comment s’est terminée cette histoire. JE suis à l’origine de la fin. L’ironie? C’est les deux marqués qui ont fini le travail. Et vous autres, les petites merdes suivantes, qu’avez-vous fait? Vous n’aviez pas compris que le but de Darkside était simplement de me détruire MOI? Moi, la personne qui a d’un claquement de doigt foutu à terre sa plus grande réussite. Il a bien essayé de détruire ce que j’avais moi-même fait de plus grand. Le problème… c’est qu’il ne savait pas où frapper. Donc il a visé la WWF’N, puis la SOW.

Et si tu cherches un peu, je suis montée dans le ring une fois avec ce gros imbécile qui se croyait tout permis. Et je l’ai battu.

Elle regarde à nouveau sa marque, un sourire en coin se dessine sur ses lèvres.

Pétale : Tu me dis de me rappeler… C’est drôle. J’ai envie de te répondre : Informe-toi, gros connard. Si vraiment ta grosse brute épaisse veut se frotter à moi, je le prendrai. Mais saches juste une chose, Stanley. Ta présence ringside me rend un tantinet nerveuse. J’ai vu ce que vous avez fait à ce pauvre Timothée. Deux gros lâches. Voilà ce que vous êtes. Deux sur un seul homme. C’est risible. Si Belzebuth est si imposant que ça, il faudra qu’il me batte sans que tu t’en mêle. Parce que là, ça deviendra ridicule. Deux sur un homme, ce l’est déjà… Deux sur une femme, ça, c’est de la grosse connerie. Mais comme je doute fortement que tu arrives à te retenir vu ton état présentement avec ces histoires de shopping…

Elle sourit.

Pétale : Je crois que je ferais mieux de trouver une autre solution que de te demander gentiment de rester tranquillement assis sur ton cul et de regarder le match. Tu vois, je te fais à peu près autant confiance qu’à un garagiste qui tend sa facture à une femme. Et je n’ai pas non plus oublié toutes ces conneries que Darkside m’a apprises. Je suis certaine que mes « charmes empoisonnés » pourront me permettre d’assurer mes arrières avec un peu d’aide.

Elle fait un clin d’œil à la caméra.

Pétale : J’espère simplement, Stanley, que tu as conscience de ce dans quoi tu vous embarque, en voulant venir face à moi. Parce que tu sais… Ça pourrait être très long à régler, tu pourrais rater des soldes et tout ça… Tu crois vraiment que je ne réussirais pas à atteindre Belzebuth? Tu n’as pas encore compris que pour moi, il n’y a rien d’impossible? Ça ressemble presque à un défi, tout ça. Et vraiment, avec la façon dont il m’a parlé à Axe… Je me demande vraiment, VRAIMENT, s’il tiendra le coup. Il s’énerverait pas un peu trop facilement, « The Avenger »? Je raffole de ce genre de personnes. Si mignon, si fragile, petit jouet… On s’amusera, c’est promis.

Et la caméra fade out sur ces mots dits tout bas.

L’image s’ouvre sur un gros plan du visage de Pétale. La jeune femme a les yeux très ronds, les sourcils froncés, et la bouche entre-ouverte. Elle regarde la caméra sans bouger pendant de longues secondes, puis finalement…

Pétale : WHOA WHOA WHOA WHOA WHOOOOOOA!

Et le plan s’élargit, laissant voir l’endroit où se trouve Pétale. C’est le salon de sa maison principale, à Montréal. Elle est assise sur un sofa, les pieds sur la table basse.

Pétale : C’est quoi ce ramassis de conneries!? Belzebuth! Je… Je dois avouer que… Je sais pas trop par où commencer. Ah oui, tiens, je sais. On va commencer par le plus simple… et j’entends pas par là « simple d’esprit », quoi que…

Elle ricane pendant 2 secondes, et revient à ce qu’elle allait dire.

Pétale : C’est QUOI cette saloperie de paranoïa!? Tu crois vraiment que j’ai rien de mieux à faire que d’essayer de retourner Stanley contre toi? Qu’est-ce que ça m’apporterait, à MOI, de retourner STANLEY contre TOI? J’en ai rien à ficher, de vous deux. Vous êtes des faiblards, je l’ai dit. Quel plaisir j’aurais, à retourner ton « associé » contre toi? Je vais te répondre tout de suite, j’ai pas toute la semaine pour que tu réfléchisse à la question. Aucun. Ça me donnerait FUCKALL. C’est d’un ridicule pas permis de penser que ça m’aurait avantagée que tu l’aie plus avec toi. C’est vrai quoi. Qu’est-ce que tu veux que je foutes avec ton manager? Sérieusement!? J’ai vu quel genre d’attaques tu fais sur les gens avec qui tu te bat… Tu insinues des trucs, comme l’homosexualité de Timothée, ou encore que j’ai couché avec les patrons de la WWA pour y avoir une place…

T’as passé les dernières années avec la tête dans le fion ou quoi? Mais bon, puisque tu aimes insinuer des trucs idiots sur les autres, je pourrais me mettre à ton niveau pour essayer de trouver une utilité à Stanley, autre que de faire du shopping avec moi pour me dire si les vêtements me vont ou pas. Ouais, tu sais, quand on a pas de reflet dans le miroir c’est chiant. Donc…

Elle prend une pause et réfléchit quelques secondes.

Pétale : Oh! Je sais. Stanley me serait utile parce qu’il a une grosse bite, et ça fait pas ton affaire parce que c’est ton choupinou!? Tu vois comment c’est désagréable? Tu te rends compte à quel point c’est con? Tu veux parler de ma sexualité? Bah vas-y mon gros! Qu’est-ce que j’en ai à foutre. Attends je vais même t’aider. Je suis pas hétéro, ni homo, je suis bi. Ça va, tu te sens mieux? Non? Alors continuons. Oui, j’ai couché avec plusieurs personnes différentes dans ma vie. Oh je suis une traînée! Une vraie pute. Ouais bon, ils payaient en nature, mais ça, on s’en fiche hein?!

Mais tu as raison sur un truc, Belzebuth. J’ai bel et bien ouvert mes cuisses pour être engagée ici. Oui. Plusieurs fois, même. Et tu m’as vue chaque fois, j’en suis persuadée. Tu sais, quand je tenais mon adversaire entre les deux, dans le ring, et qu’il tapait parce qu’il en pouvait plus… Mais j’ai pas fait que ça, t’inquiète pas! J’ai fait beaucoup beaucoup d’autres choses, pour être engagée à la WWA. J’ai gagné des matchs, j’ai souffert le martyre. En même temps, ils pouvaient pas faire autrement que m’engager, hein!

Mais y’a un truc qui me chicotte, Belzebuth. Pour qui te prends-tu pour oser dire que j’ai trahi la SOW? Quand est-ce que j’ai trahi cette fédération que j’ai encore aujourd’hui tatouée sur le cœur? Tu sais, j’ai été l’une des premières à signer un contrat avec la fédération. Et je ne l’ai jamais au grand JAMAIS abandonnée. J’ai été là, à me faire chier, à suer comme une truie, à saigner, à frapper, à être frappée, du début à la fin. Avoir signé un contrat ailleurs après sa fermeture fait de moi une traitre? Laisse-moi te rappeler que tu as fait la PUTAIN de MÊME chose, gros malin.

La pire erreur que tu puisse faire, c’est d’oublier que le visage de la SOW, c’était pas le tien, c’était pas celui de Stanley, ni celui de Darkside. Le VRAI visage de la SOW, c’était MOI. Tous ceux qui diront le contraire sont des abrutis finis dans ton genre. Tu veux me « punir » d’avoir « trahi » la fédération dans laquelle j’ai le plus travaillé? Tu veux me faire regretter d’avoir fait tout ce que je pouvais pour intéresser les gens à cette même fédération, semaine après semaine? Parce qu’honnêtement, les gens, quels qu’ils soient, quand ils savaient que j’allais avoir un match à un show… Ils se disaient « Faut pas que je manque ça! ». Ils avaient hâte de ME voir. Pas toi. Pas la NextGen. M-O-I.

Elle s’arrête de parler, affichant un sourire rempli à la fois d’arrogance et de fierté.

Pétale : C’est moi l’hypocrite? Tu t’es regardé aller? « à part ça, qu’a-t-elle montré dans le ring ?» Eh ben gros crétin sans cervelle, je vais te le dire ce que j’ai montré dans le ring. Depuis que je suis arrivée ici, je n’ai pas collectionné les défaites. J’ai collectionné les victoires. J’ai dominé Iscariote, du début à la fin. Toi, tu as bien dominé Timothée pendant un bout, hein… Je veux dire, avec Stanley bien sûr.

Elle soupire.

Pétale : Mais AU FINAL… Qui a remporté la victoire, au plus gros PPV de l’année? To… Je veux dire vous? Hm… Non, c’est Timothée. Donc je crois qu’on peut dire que j’en ai montré plus que toi dans le ring, rienque avec ce qu’on a fait individuellement depuis notre arrivée ici, vrai?! Mais si en plus on regarde la SOW…

Elle laisse sa phrase en suspens. Pas la peine d’en ajouter.

Pétale : Alors, ma grosse brute épaisse préférée, la prochaine fois que tu voudras faire une tentative d’intimidation avec, je te conseillerais de bien, biiiiien réfléchir à ce que tu dis. Je te conseillerais d’éviter les attaques basses et facile sur mes goûts pour la sexualité… C’est du déjà entendu, réchauffé plusieurs fois, et je m’en contre-torche le cul. Aussi, je ne crois pas qu’un périmètre « de sécurité » autour de ton chéri pourrait donner quelque résultat que ce soit. Parce que vois-tu, tu t’es permis de me donner un genre d’ordre de ne pas l’approcher, et les ordres… J’ai énormément de difficulté à les suivre. Tu vois, ça m’emmerde, qu’on me dise comment me comporter, et donc je fais exprès de faire le contraire de ce qu’on me dit de faire, et là on gueule et ça finit jamais… Ne va pas penser que tu auras un contrôle quelconque sur quelqu’un comme moi. C’est juste impossible.

Elle éclate de rire, avant de continuer.

Pétale : Tu ne veux pas qu’on te fasse sortir de tes gonds? Je vais t’emmerder jusqu’à ce que ça arrive. Mieux, je vais faire EXPLOSER tes gonds. Et tu sais pourquoi? Parce que tu m’en as donné envie, avec tes conneries de mensonges. Prépare-toi à te faire tourner l’esprit encore et encore… Parce que c’est ce qui t’attend. Tes coups auront beau être les plus violents jamais reçus dans un ring, tu souffriras autant sinon plus que moi. Et tu sais pourquoi? Parce que quand on m’affronte, ce n’est pas qu’une femme, qui se trouve en face. C’est de la PURE CRAZYNESS.

Et la caméra fade-out sur ces mots, tout simplement, comme ça, sans avertir (quelle garce cette caméra!).

L’image s’ouvre sur la loge de Pétale. La jeune femme est en train de se faire coiffer avant le début d’Axe, pendant que les membres de la P Guard sont assis sur les sofas.

Pétale : Je sais pas si tu réalises, Belzebuth, quelles âneries tu as dites. Je sais pas non plus si tu te rends bien compte à qui tu parles. Tu commences à devenir pathétique. C’est tout ce que t’as à me donner? Des attaques ridicules sur les québécois? Le fait que les hommes sont plus forts physiquement que les femmes? Come on! Le coup de l’hystérique c’était pas mal, mais par la suite ça se gâte un peu mon chéri… Tu vois quand je disais que vous étiez des faiblards, Stanley et toi… Tu m’as confirmé que j’avais raison sur ton cas personnel. Et je fais pas de suppositions ici. Je fais une constatation… Désolante d’ailleurs. Tu vois, le problème avec toi, c’est pas que t’es dans le tort… Parce que certains points sont justes. Le problème, c’est que ton interprétation de la chose…

Tu peux me traiter de ce que tu veux. D’hystérique, de folle, de traînée. Mais tu ne peux pas me reprocher d’avoir laissé tomber la SOW. Parce que tant qu’elle a été ce qu’elle était, je la défendais avec tout ce que j’avais. Le jour où elle ne représentait même plus la moitié de ce qu'elle avait été, elle n'était plus la SOW. Elle est devenu autre chose. Quelque chose auquel je n'avais pas envie de participer. Quelque chose qui m'a mise hors de moi. J'étais sous contrat, mais j'avais plus envie de lutter pour cette bande de profiteurs qui sont arrivés pour prendre ce pourquoi j'avais travaillé pendant des années. Tu crois réellement que je me fiche de la fédération? Cette histoire d'invasion m'a mise hors de moi, littéralement. J'ai perdu tout ce que j'avais. Ne pas beaucoup parler de la SOW depuis mon arrivée ici veut dire que je m’en fiche? Que j’aimais pas cette fédération? Tu me fais penser à ces femmes qui disent à leur mari « Tu me dis jamais que tu m’aimes ». J’ai deux jambes, est-ce que j’passe mon temps à dire « hey regarde, j’ai deux jambes! » Non Parce que c’est évident. J'adorais la SOW. Elle représentait à mes yeux ce qu'il y avait de meilleur. Elle faisait partie de moi comme rien d'autre, à part ma fille. Maintenant que cette question est réglée…

Elle avait parlé plutôt doucement, pour une fois, et sur un ton plutôt calme.

Pétale : Il y a des choses que je n’aime pas dans la vie… Les gros cons dans ton genre qui pensent tout savoir, tout connaître, avoir tout vécu. Garde tes petits conseils pour toi, mon gros, parce que je sais très bien ce que je fais. Si tu crois qu’en te moquant de ma nationalité, tu marques des points, tu te goures, complètement. Tes jugements ridicules sur les québécois ne font que montrer que tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu crois que parce que tu es un homme, tu vas me battre? Parce que t’es plus fort physiquement, c’est ça? Bah ouais, tu fais 19 cm de plus que moi… Ouais, t’es plus lourd… Big deal!

J’imagine que c’est la preuve que je devrais tout de suite abdiquer et prendre ma retraite! C’est vrai quoi! Une femme ne peut pas battre un homme si ce n’est pas un enfant de chœurs… Mais un détail a l’air de t’échapper, mon petit Belzebuth… Le seul enfant entre Estilo, Iscariote, Timothée et toi, c’est toi. T’as aucune idée de la valeur du prêtre et d’Estilo. Tu connais rien, tu l’as prouvé en ouvrant ta grande gueule. Timothée est beaucoup plus un homme que toi. Il l’a montré dans le ring en te… vous faisant face chaque fois même s’il perdait. Il a jamais baissé les bras, et souviens-toi ce qui est arrivé… ça a payé. Tu vois, il va se passer la même chose entre nous deux. Et quand ça arrivera, tu auras la honte de te dire qu’une petite femme « fragile » a été plus homme que toi.

Tu fais encore erreur quand tu dis que je fais comme si la WWA m’avait tout offert. Elle ne m’a RIEN offert. En fait, ce qui se passe, c’est tout à fait le contraire. C’est MOI qui offre quelque chose à la WWA. Quelque chose qu’elle n’aura jamais d’aussi fort. J’offre à la WWA d’avoir quelqu’un qui se bat avec cœur chaque fois qu’elle le fait. Je n’ai aucun intérêt pour les victoires, je m’en fiche bien de gagner ou perdre. Les faits sont là quand même. Mais pourquoi tu crois que je finis toujours par gagner en bout de ligne? Parce que peu importe la force de l’adversaire, mon amour pour ce que je fais reste le plus grand et le plus intense. Chaque fois que je met les pieds dans le ring, c’est comme si c’était la première fois. J’ai envie de faire exploser la foule. Et c’est ce que je fais. Je brise mes adversaires pour les rendre meilleurs. Quand j’aurai fini avec toi, tu comprendras ce que je veux dire, et un jour tu finiras par me remercier.

Elle s’arrête de parler quelques secondes, et jette à la caméra un regard ce qu’il y a de plus sincère.

Pétale : Ne vas jamais t’imaginer que parce que t’es imposant, tu vas m’en imposer. J’ai jamais été le genre de personne à me laisser marcher dessus. Et c’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Renseigne-toi un peu sur la personne à qui tu parles, si tu veux être prêt pour le jour où tu monteras dans le ring en même temps que moi. Ma résistance mentale est bien plus forte que tu peux te l’imaginer.

Personnellement, je fais que ça quand je suis pas en train de répondre à tes ramassis de conneries. Je me prépare pour t’affronter, Belzebuth. Je m’entraîne la majeure partie de mon temps, je t’écoute discutailler, je te regarde te battre. De ton côté, t’as l’air de t’imaginer que tu vas m’écraser facilement. Mais tu sais, ce qui est bien avec les gens qui sont pas sains d’esprit, c’est qu’on a beau leur taper dessus, ils en redemandent toujours plus. C’est de ça dont je veux parler, quand je dis de te renseigner. Je ne suis pas une simple femme. Tu as l’air de prendre ça pour acquis. J’espère que tu seras plus prêt que ça le jour où on s’affrontera, parce que je te le dis tout de suite, tu vas te faire avoir. Vous vous faites tous avoir quand vous vous laissez aller sous prétexte que je suis pas physiquement imposante.

Si tu considères que de gagner un titre et en faire gagner un autre à ton clan est plus important que de devenir Hall of Famer, c’est ton affaire. Mais personnellement, je suis 100 fois plus fière de faire partie du HoF de la SOW que de remporter n’importe quel titre. Après tout, les titres, ça vient et ça part. Le HoF, ça reste, ça. Et personne ne pourra me l’enlever. Tu vas me sortir quoi, là, à ce sujet là? Qui c’est que j’ai sucé pour avoir cette récompense? Vas-y, j’attends la réponse avec impatience.

La coiffeuse finit enfin son travail, et Pétale se lève lentement de la chaise sur laquelle elle était assise.

Pétale : Tu veux que j’te dise, gros sexiste raciste? Le jour où j’te botterai le cul… Ce sera pas juste pour moi. J’le ferai pour toutes les femmes, les québécois et les canadiens qui rêvent que d’une chose : Voir ce jour arriver au plus tabarnack.

Un technicien ouvre la porte de la loge, et entre la tête.

Technicien : Pétale, c’est bientôt toi.

Pétale : J’arrive.

Il ressort, et Pétale regarde à nouveau la caméra.

Pétale : Et ça, je te gage que ça en fait beaucoup plus que tu peux en prendre d’un seul coup, ma grosse brute épaisse. Maintenant tu m’excuseras, y’a des gens importants qui m’attendent. Au fait, toi qui pense que j’ai failé à te faire exploser de tes gonds... Sois un peu patient. J’ai dit que j’allais le faire, j’ai pas dit que c’était tout de suite.

Elle fait un clin d’œil à la caméra avant de sortir de la loge, suivie de la P Guard, qui l’accompagne comme d’habitude.

Pétale: Vous savez, ce qui fait la différence entre un bon lutteur et un mauvais lutteur, c’est sa capacité à mettre ses mots à exécution.

Eh oui! Vous l’entendez, mais ne la voyez pas. Il s’agit bel et bien de Pétale, qui parle d’une voix faible.

Pétale : C’est quelque chose que je prends soin de mettre en pratique plus souvent qu’autrement. Et je crois que depuis mon arrivée à la WWA, les fois où je n’ai pas été en mesure de faire ce que j’avais dit sont assez peu nombreuses pour qu’on ne s’en souvienne plus. C’est d’ailleurs ce que je compte bien faire pour l’avenir aussi. Malheureusement pour certaines personnes, d’ailleurs, qui devront digérer le fait de se faire écraser. Belzebuth, j’espère que tu te prépares bien? Je me plais à prendre ce silence de ta part comme un indice du sérieux que tu met à l’entraînement avant notre premier affrontement. Tu vois, j’ai cette manie de toujours idéaliser mon adversaire. De m’attendre à ce qu’il se comporte de la meilleure façon possible pour me donner du fil à retordre. Tu comprendras qu’après autant d’années à me battre corps et âme pour ce qui est ma plus grande passion, j’ai de très hautes attentes envers les personnes qu’on envoie contre moi.

On l’entend rire, mais l’écran reste toujours noir. On s’imagine tout de même l’air sérieux que Pétale doit avoir au moment où elle parle.

Pétale : J’ai bien réfléchi, depuis ton attaque lâche après mon match, et vois-tu, j’en suis venue à la conclusion que tu es vraiment le genre de personne à préférer la facilité au dur travail. Un vrai petit opportuniste, si on veut. Mais vois-tu… J’ai moi-même un très grand talent dans ce domaine-là. La différence, c’est que je ne suis pas une lâche. Cependant, je suis très rancunière, et je considère que chaque affront doit être puni sévèrement.

Maintenant elle ricane doucement. L’absence d’image ne permet pas de voir dans quel état psychologique elle se trouve.

Pétale : Tu dois te demander pourquoi tu ne me vois pas, en ce moment, pas vrai? C’est simple. Je veux être certaine que ton attention soit tournée à 100% sur ce que je dis. Pour revenir à l’idéalisation de l’adversaire… Vois-tu, ça pose problème dans le cas où l’adversaire soit pas réellement en train de se préparer. Parce qu’en pensant qu’il le fait, je me prépare moi-même d’avantage… Et c’est ce que j’ai fait dernièrement.

L’image nous montre enfin le visage de la jeune femme. On y remarque des plaques rouges sur son visage, son cou et ses épaules. Ses cheveux sont foncés par la sueur qui les a imbibés, et sont de par ce fait collés à son visage et à sa nuque. La caméra dézoom, et on voit qu’elle se trouve dans l’entrepôt où elle a installé sa salle d’entraînement. Son corps entier est plaqué rouge, et à quelques endroits on peut distinguer des coupures peu profondes. Des taches de sang séché sont présentes à plusieurs endroits du corps de la jeune femme, qui sourit, mais a quand même l’air vidée.

Pétale : Comme tu vois, c’est un entraînement des plus… intéressants que je viens de faire.

Derrière elle, on distingue la P Guard, complètement essoufflée, et qui semble elle aussi avoir reçu plusieurs coups.

Pétale : Puisque j’ai du jouer à la gardienne avec Nathan et qu’il ne m’a pas fait encaisser grand-chose durant le combat, j’ai été forcée de m’arranger autrement pour garder mon endurance physique à son top. C’est une des raisons qui me font détester les nouveaux petits cons. Ils arrivent ici, la confiance gonflée à bloc, et ne font pas attention aux quelques conseils qu’une minorité de personne leur donnent… alors que visiblement, une fois rendus dans le ring, ils doivent se rendre à l’évidence : Ils auraient du les écouter.

Elle s’arrête en souriant, mais s’arrête vite, prise d’une grimace de douleur.

Pétale : Donc, comme je disais, j’ai du m’entraîner, et ce d’une manière assez peu commune pour le plus ordinaire des lutteurs. Le problème c’est que je suis loin d’être une lutteuse ordinaire, si tu vois ce que je veux dire. Vois-tu, c’est même toi qui a inspiré cette idée à mes guards. Tu peux être fier! Je l’ai appelée la technique des faiblards, en ton honneur! Mais je te rassure, le faiblard n’est pas moi, dans cet entraînement. Je t’explique en quoi ça consiste… Comme tu es une personne qui se plait dans les attaques lâches de dos, ou encore par l’entremise de ton super manager, il a semblé bon que je sois apte à encaisser les coups auxquels je ne peux pas m’attendre. On a du faire beaucoup d’ajustements tout au long de l’exercice. C’est que, vois-tu, généralement, quand on s’attaque à moi, je réagis instinctivement. Je sais pas pourquoi, mais c’est inévitable, ça fait ça chaque fois.

Donc, on a commencé par me bander les yeux. Et après, les 3 grands garçons que tu vois derrière moi, ils se sont mis à m’attaquer. Ce fut un premier échec. J’arrêtais pas de réussir à les coincer. T’as pas idée comment ça peut être frustrant. Donc, on a continué, mais cette fois, je ne pouvais plus me servir de mes mains, parce qu’elles étaient attachées dans mon dos… Nouvel échec.

Elle soupire, visiblement très désappointée.

Pétale : Bah ouais, mais qu’est-ce que vous voulez. Tout le monde sait que ma force première réside dans les cuisses, hein. Donc tu comprendras qu’on a du s’arranger pour que j’arrête de leur envoyer mon pied dans la gueule, ou encore de les serrer entre mes cuisses… Je voudrais donc te remercier, Belzebuth. D’abord pour leur avoir donné cette superbe idée, parce que je me suis bien amusée. Mais aussi pour m’avoir prouvé que j’avais raison de te qualifier de trop faible. J’espère que tu trouveras le courage de m’affronter dignement. J’en parlais justement avec les gars tantôt… J’ai envie de te donner une chance de prouver que tu n’es pas ce faiblard dont tu projette l’image semaine après semaine. J’ai donc un petit quelque chose à te proposer. Tu n’auras pas besoin de me donner de réponse, juste te contenter de t’y plier ou non, ça me suffira comme réponse.

De toute façon, ça sera comme une surprise, et je raffole des surprises. Here’s the deal… Quand on sera dans le ring, je veux que tu m’affrontes sans interventions de la part de Stanley. C’est simple, non? Je te demande seulement ça. Tu peux l’amener ringside, je n’y vois aucun inconvénient! Mais j’aimerais voir ce que TU es capable de donner, TOI, tout seul, comme un grand garçon. Après tout, qu’est-ce que tu as à craindre, hein? Je suis une femme, donc moins forte que toi, tu l’as dit toi-même.

Elle repousse ses cheveux vers l’arrière, dans un grand rire.

Pétale : Crois-tu être capable de t’en passer? En même temps, ça pourrait être une belle preuve de sa confiance en tes capacités, hein. Parce qu’à toujours se mêler de tes matchs, il donne l’impression de ne même pas croire lui-même que tu es capable de gagner tout seul… Bref. Mais tu te doutes bien que si tu ne fais pas ce que je te demande, je ferai comme quand on m’attaque… Je réagirai. Et crois-moi, tu préfères que ça n’arrive pas.

Elle fait ensuite un clin d’œil à la caméra, et l’image fade-out.

Pétale : Faut toujours se méfier des apparences, mon petit Belzebuth. Parce qu’on ne sait jamais ce que les gens nous réservent… Surtout quand ils sont pas sains d’esprit.

Nous voilà backstage, où nous voyons une personne... du moins son dos. Une tignasse rousse remontée en une queue de cheval nous laisse 2 options quant à la personne de qui il s’agit. La dite personne porte un t-shirt noir, et à en juger par la carrure, il ne s’agit pas de Mustaine (pas de chance les amis). Un grand dessin d’une cible est imprimé sur son t-shirt, couvrant la moitié de son dos. Francouille entre dans le champs de caméra, et se dirige immédiatement vers sa cible (haha!). Comme il arrive à sa hauteur, Pétale se retourne vers lui, arborant un sourire radieux.

Francouille : Pourquoi souriez-vous comme ça? Belzebuth a eu plusieurs paroles dures envers vous…

Pétale : Belzebuth? Soyez réaliste, vous ne pensez quand même pas que j’aie quoi que ce soit à foutre de ce petit merdeux? Il croit être le premier à se la ramener trop fort sur mes capacités dans le ring? Il ne voit pas ce qui se passe réellement. Tout ce qu’il voit, c’est qu’il m’a porté une prise, et que je suis restée au sol. Tout ce qu’il voit, c’est qu’il est venu m’attaquer après un match où j’ai dominé, et pris selon lui 2 prises de base pas épuisantes. Tout ce qu’il voit, c’est que je serai facile à battre. Tout ce qu’il voit, c’est ce que je veux bien qu’il voit. Il fait la même erreur que tout le monde. Il se fie aux apparences. Il oublie les faits. Sa connerie de vouloir me punir pour la SOW est en train de l’aveugler totalement. Tout fier, il remue la queue. Pétale est restée au sol, donc Pétale est facile à battre! YEAH. YOU’RE FUCKING RIGHT!

Pétale, on lui met 3 prises, et elle est out pour la nuit! Elle sait pas se battre cette femme! Elle devrait faire des bikini contests chaque semaine! Elle devrait faire des bra and panties, à la GROSSE limite! Pétale, elle obéit comme une gentille petite fille quand on lui dit de se calmer. Vois-tu, Belzebuth, c’est quelque chose qui pourrait être vrai… Si seulement j’avais quelque chose à foutre de ton opinion. D’ailleurs, j’ai compris un truc, un peu en retard, mais quand même. Je me FICHE complètement que tu veuilles me punir d’avoir abandonné la SOW. Je me contre balance totalement que tu crois que je n’ai rien fait pour cette fédération. En fait, je n’ai même plus envie de répondre à tes attaques lamentables sur la SOW. Pourquoi? Parce que ton opinion elle vaut RIEN. Je me fout de ce que tu penses. T’es rienque un de ces petits cons qui se croient plus fort que le monde entier. Sauf que le monde entier, il est derrière moi, sale merde. T’es qu’un passe temps. J’ai compris quelque chose en regardant la télévision, et en écoutant la radio, ces derniers temps. Vois-tu Belzebuth, mon nom ressort de plus en plus souvent. C’est un peu comme si les gens se réveillaient enfin, et réalisaient que je suis LA CIBLE à abattre. Et tu veux que je t’explique pourquoi, tête de fion? Parce que quand je touche quelqu’un, je le marque à vie.

Je me fiche de ce que tu penses de mes techniques d’entraînement, de mes humeurs, de ce que j’ai réalisé. Tu ne peux pas effacer les faits. Tu veux quoi, que je t’applaudisse de m’avoir battue dans un tag team match à la SOW? Bah bravo mon grand! Tu penses que t’es le premier à me battre? Tu penses que t’es le dernier? Réveille-toi, l’enculé! T’es dans la réalité, là, pas dans un rêve où tout est doré et brille. Si les gens parlent de moi, c’est certainement pas parce que je suis une nulle. Si les fans prennent pour moi, c’est certainement pas parce qu’on m’écrase facilement. Tu peux me faire le nombre de prises que tu veux, basiques ou non, je me relèverai, je te le promet, et je te botterai le cul comme ta salope de mère aurait du le faire pour t’enseigner une belle chose : LE RESPECT.

Tu vois, tant que tu continueras de faire le petit con, à m’attaquer dans mon dos, je resterai au sol comme je l’ai fait lundi dernier. Parce que je ne te ferai pas l’honneur de me relever pour te renvoyer ton coup dans la gueule. Et ne vient pas te cacher derrière le fait que j’avais fini mon match. Tu m’as attaquée de dos, point final. Par contre, quand tu auras les couilles de m’affronter face à face, je te jure sur ce que tu veux que chaque coup que tu m’enverras trouvera chaussure à son pied. Parce que c’est comme ça que ça marche, la vraie vie. Les attaques de dos, c’est pour les lâches. Contre les lâches, on reste lâchement au sol, à attendre qu’il foute le camp.

Elle s’arrête, avec un grand rire.

Pétale : Tu me trouve hypocrite? Excuse-moi, alors, je vais te dire toute la vérité, juste la vérité, rienque la vérité, je le jure. Tu te rends compte qu’un jour tu me supplieras de te lâcher, dans ce putain de ring? Parce que visiblement, t’es assez con pour te foutre tout seul entre mes cuisses et serrer à ma place. Tu réalises aussi que tu es en plein sur le chemin où il ne faut pas aller avec moi, c'est-à-dire la sous-estimation? Je tenais juste à t’avertir, question que tu te fasse pas avoir. Tu comprends aussi que si je parles des interventions de Stanley dans tes matchs, et de tout ça, c’est parce que c’est seulement ça que tu nous a démontré jusqu’à aujourd’hui? Je veux pas dire que t’es incapable de gagner un match clean, parce que bon, je sous-estime pas les autres… Mais quand même, faudrait que tu le montre au reste du monde, parce qu’à EUX, c’est cette impression là que tu donnes. Et je te vois déjà dire que t’es pas comme moi, à te soucier de ce que les autres pensent de toi… FOUTAISES! T’as dit toi-même faire tout en ton possible depuis des années pour montrer que tu es le meilleur… le plus fort.

Ramassis de conneries! T’es rien, Belzebuth. Tu disparaitrait que 2 jours après, les gens diraient Belzequi? Pendant ce temps, tout le monde a MON nom pendu aux lèvres. Parce qu’ils savent où se trouve le VRAI danger dans une fédération. Et ironiquement, c’est la petite femme qui se fait « foutre au sol après trois prises basiques ». Arrête de t’inquiéter pour moi, je vais très bien gérer les matchs contre toi. Même si tu doutes de mes techniques d’entraînement, t’en fais pas, je sais ce que je fais. Je sais toujours ce que je fais. J’en ai marre de t’entendre parler de la SOW. Pas parce que je l’ai oubliée, loin de là. Mais parce que tu n’y étais pas plus grand-chose qu’ici en faite. Quand t’auras marqué l’histoire d’une fédération autant que moi, tu pourras me la ramener. Et là, on discutera. En attendant, tu te fout la tête dans le sable, caché derrière une victoire. Là, on est à la WWA. Et devine ce que je veux faire? Je veux marquer l’histoire de cette fédération comme celle de la SOW. Et tu crois réellement que t’es en mesure de m’arrêter? Tu gagneras contre moi dans un match, et te confortera tellement dans cette simple petite victoire ridicule que tu ne verras pas la suite arriver. Parce que c’est ce que font les merdes. Tu te remettras la tête dans le sable face à cette victoire, aveuglé, te disant que t’es tellement bon et fort, exposant ainsi joliment ton cul pour que j’y foute mon pied au final.

Elle s’arrête pour respirer (avant de mourir, savez?!).

Pétale : Et tu veux savoir qui, ce jour-là, fera partie de la "catégorie femmelettes"?

Elle se pointe, faisant non de la tête en même temps. Elle pointe ensuite la caméra, faisant oui de la tête, cette fois.

Pétale : C’est toi, qui ira jouer dans le carré de sable avec les petits, pendant que moi, j’irai à un autre niveau, où je chercherai un adversaire qui aura les nerfs, le talent, la flamme aussi ardente que la mienne. J’irai là où aucune femme n’est allée. Tu ne seras qu’un petit pas de plus à franchir avant que j’arrive à mon but, lentement, mais sûrement. Tu te demande pourquoi je me soucie autant des fans? « Donnez-moi un point d'appui, et un levier, je soulèverai le monde. » Il sont MON point d’appui. Et je t’assure qu’ils sont ce qu’il y a de plus solide pour soulever le monde de la WWA. Si t’en avais au moins un, tu saurais ce que c’est.

Fade-out sur ces mots.

La nuit est tombée depuis quelques heures déjà. La température est fraiche, et le vent est complètement tombé, laissant un peu de répit aux feuilles, qui ces jours-ci, commencent à se préparer à affronter l’automne. Aucun bruit, sauf celui des voitures plus loin dans la ville, un peu plus loin. Nous sommes dans un grand champ, avec rien autour. Des cris lointains d’oiseaux en plein grand voyage vers le sur parviennent difficilement à nos oreilles. Une voiture garée au bord du champs, phares allumés, permet de distinguer 4 silhouettes au loin. L’une d’elles, plus fine et aux courbes différentes des trois autres, est éloignée de ses compagnons. On devine qu’il s’agit de Pétale, alors que la P Guard garde un œil attentif sur le noir qui les entoure, prêts à sauter sur le premier qui pourrait s’approcher. La silhouette de Pétale se penche vers le sol, et un faible râle vient se joindre aux rares bruits qu’on entend.

L’une des 3 silhouettes d’homme s’éloigne de ses compagnons. Il s’agit sans doute de « Wong ». Après de longues secondes, plus aucun bruit. La silhouette de Pétale se dirige vers celles de la P Guard, et le groupe s’en retourne près de la voiture, permettant ainsi qu’on puisse enfin mieux les voir. Pétale porte une simple camisole (elle va attraper le rhume prochainement, c’est certain, celle-là) et un jean, tandis que ses amis sont tous munis de manteaux pour se tenir bien au chaud. Les 3 hommes ont l’air légèrement tendus, tandis que Pétale semble à la fois hilare, électrisée et détendue. Ça vous semble impossible? C’est que vous connaissez mal la folle!

D’ailleurs, elle ajoute à sa détente une cigarette, qu’elle allume, dévoilant quelques petites goûtes de sang sur le rebord de sa bouche. Elle l’essuie d’ailleurs du revers de la main, avec un sourire en coin. On comprend donc sa détente soudaine… Elle vient de s’emplir l’estomac de ce liquide épais, rouge et chaud. Dave s’adosse à la voiture, un sourire aux lèvres, les bras croisés sur la poitrine.

Dave : Alors? Comment ça fait?

Pétale : Plus de bien que de mal… Pour moi en tout cas.

Mike rejoint Pétale, question de lui emprunter son feu, comme toujours. Il va ensuite s’installer à côté de Dave. Ensembles, ils contemplent leur réussite, soudainement plongés dans des souvenirs d’une Pétale 8 ans plus jeune, qui leur donnait du fil à retordre chaque fois qu’elle entrait à l’école de lutte. Ils se souviennent des fois où ils ont du essayer de l’arrêter de frapper, tous les deux accrochés à un de ses bras, tentant tant bien que mal de la séparer de la personne sous elle, martelée de coups de poings. Ils ont reçu leur quota de coups, eux aussi, victimes des crises bien plus sévères à l’époque qu’aujourd’hui. Oui, Pétale a vieilli, elle s’est aussi beaucoup calmée. Mais le calme avant la tempête, on le sait tous bien.

« Wong », de l’autre côté de la voiture : Tu devrais pas fumer, c’est pas bon pour la santé.

Pétale : Me dire quoi faire non plus, et tu passes ton temps à le faire.

C’est assez pour fermer le clapet de « Wong ». Depuis qu’il a reçu une leçon « Orientale Style », il est beaucoup moins entêté devant Pétale. Bon, après tout… Qu’elle fume, c’est son problème. À 26 ans, on sait comment gérer sa vie, après tout… Quoique dans le cas de Pétale, c’est encore drôle à dire. Il sourit bêtement à cette pensée, et va rejoindre Dave et Mike.

Pétale jette son mégot par terre, un large sourire aux lèvres, et fait signe à Dave d’ouvrir la portière. Il le fait, et laisse le haut du corps de la vampire s’engouffrer dans la voiture, pour prendre quelque chose sur le siège arrière de la voiture. Elle ressort après quelques secondes « délicieuses » si on se fie au regard de Mike, qui reçoit une claque derrière la tête de la part de Dave. Elle tient dans sa main une caméra, qu’elle remet à Mike, avant de lui envoyer à son tour une claque derrière la tête, sachant trop bien qu’il a « profité de la vue ». Et Mike ouvre la caméra, qu’il braque sur la jeune femme.

Pétale : Mon cher Belzebuth… Tu m’as l’air d’être vraiment très en confiance face à notre match de Destruction… C’est triste, je trouve. Ta petite imitation était certes réussie. Tu devrais recevoir le prix du meilleur acteur de tous les temps pour ça, vraiment, je te le dis du fond du cœur en plus. L’émotion était poignante, l’acting était parfait. Tu vois quand tu y met un peu du tiens ce que ça donne?

Elle lève les yeux au ciel, dans un grand soupire.

Pétale : Tu m’as habilement démasquée, Belzebuth, je dois l’avouer… Je suis soumise, oui. Je fais tout ce que tu veux, quand tu le veux, juste pour te faire plaisir. Je me mets même à mentir, vois-tu à quel point ton emprise sur moi est grande? Je suis obsédée par toi, c’est clair. Tu fais maintenant partie du grand club des gens dont Pétale est obsédée. Tu vas pouvoir côtoyer le prêtre, c’est cool comme nouvelle, non? J’ai cependant une question, Belzebuth, si tu me permet de la poser, bien entendu, puisque je suis ton petit jouet adoré… Oui? Merci, c’est tellement gentil de ta part, je t’en serai à jamais reconnaissante! Vois-tu, je conçois mal le fait que tu me dis comme toutes les autres femmes, et que tu veuilles absolument m’affronter moi. Je veux dire… Avec tout le talent dont tu disposes, pourquoi est-ce que tu perds ton putain de temps avec une femme ordinaire, qui n’a rien d’autre à offrir que des heures d’emmerdement quand elle ouvre la bouche?! Pourquoi est-ce que tu n’es pas allé vers quelqu’un d’autre, Belzebuth?! Y’a assez de gars de la SOW, ici, et si j’ai bien compris, c’est eux que tu vises… Alors pourquoi MOI?

Quel défi je peux bien représenter pour toi? Aucun, c’est bien certain. Puisque je suis une petite femme sans intérêt, hm? Tu fais du gaspillage, Belzebuth, c’est pas bien vu, ça. Gaspiller ton temps précieux, ton talent dans le ring… Tout ça pour quoi? Une femme sans talent, qui fait tout ce que t’attends d’elle et qui est une marionnette tellement facilement manipulable. C’est triste non? Tu pourrais être en train de réécrire l’histoire de la WWA en ce moment, mais non. Tu perds ton temps avec moi.

Mais tu vois, ce match que je nous ai obtenus, je l’ai fait pour nous deux! C’était une tentative vicieuse pour pouvoir sentir ton corps contre le mien, vu que je suis obsédée par ta fabuleuse personne! Ça n’avait absolument rien à voir avec ton attaque! C’était un prétexte, ça! En fait, ça m’a bien emmerdée d’aller demander… hum… exiger plutôt, vu l’air qu’avait Garza… ce match. Tu te qualifie d’ordure? C’est tristement désolant, ça. Moi qui avais une image tout à fait différente de toi… Je te considérais comme le nouveau Sauveur! Tu as brisé mes illusions, encore une fois. Et oui, j’ai honte. Honte d’avoir pensé que tu serais un adversaire pas comme les autres, un peu à l’image d’Iscariote et d’Estilo. Un adversaire qui saurait reconnaître en moi d’autres talents que celui de me trémousser. Tu sais, un adversaire « Made in SOW ». Là, tu me donnes une dégoûtante impression de déjà-vu, et revu.

Si je me permets des insultes « toutes les trois secondes » c’est peut-être pour cette raison précise, d’ailleurs. J’en ai assez d’entendre que j’ai rien à faire dans un ring. J’en ai ras-le-bol d’entendre que je suis faible. Plein le cul des « t’es une hypocrite », alors que franchement, plus transparent que moi, y’a pas. Tu vois, je t’ai pas vraiment insulté encore et ça fait déjà un moment que je parles. Tu me traiteras encore de soumise, puisque ça semble être ton attaque préférée. Je continuerai donc de te rabattre les oreilles avec le fait que le vrai faible entre nous deux, c’est nul autre que toi. Tu devrais probablement te demander qui tire réellement les ficelles entre nous deux. Parce que ceux qui me connaissent assez doivent déjà avoir repéré ce que j’ai fait depuis le début avec toi. Et là tu diras que c’est des conneries. Et après je te dirai que non. Mais on passera bien trop de temps à s’obstiner sur un point tellement peu important, qui ne se prouve pas en paroles.

Ta vision de moi est-elle la bonne, Belzebuth? Crois-tu réellement que je suis tout ce que tu dis? Parce que personnellement, je crois que tu te fous un doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule, et que t’as absolument rien vu. Et où vas-tu prendre que je veux être un bon exemple pour les jeunes, Belzebuth? J’ai fait tout ce qu’ils ne doivent pas faire, dans ma jeunesse. Chaque parent aurait détesté m’avoir comme fille. Je ne le cache pas, et ce depuis toujours. Je suis le PIRE exemple pour les jeunes. C’est vraiment la seule chose que je t’inspire? Tu veux que je foute un avertissement avant chacune de mes apparitions? C’est ça la raison de ta rage? Je peux le faire. Je ferai écrire « attention, jeunes du monde entier, cette femme n’est en aucun point un exemple à suivre ». J’ai dit moi-même ne pas avoir été un bon exemple pour ma propre fille, avoir été l’exemple des choses à ne pas faire. Alors pour les enfants des autres…

Elle s’arrête dans ce long monologue, regardant la caméra. Le visage de sa fille traverse son esprit pendant deux secondes et elle se ressaisit rapidement.

Pétale : Pendant qu’on est entre nous, Belzebuth, et que tu parles de pathétique… Se préparer une superbement grosse stratégie pour affronter quelqu’un qui ne « représente aucun défi », n’est-ce pas là quelque chose d’un peu pathétique? Je veux dire… Si vraiment tu crois que je suis si easy to beat… Que tu me feras 3 prises et qu’ensuite ce sera fini… pourquoi perdre ton temps avec des détails si futiles?

Je n’ai pas besoin d’être crédible quand je parle, Belzebuth. C’est dans le ring que je le suis, quoi que tu en dises. Tu veux entendre des sanglots? C’est pas en me frappant que tu vas y arriver. La douleur est la chose la plus vraie du monde. C’est elle qui me rappelle que je suis encore en vie. J’espère que tu me feras sentir en vie comme jamais, jeudi. C’est chacun son truc, tu sais. Toi, c’est la honte qui t’excite, moi c’est la douleur. La ressentir, mais encore plus la donner. Alors j’ai l’impression qu’à Destruction, chacun de nous deux prendra son pied.

Et la caméra fade out sur ces mots.

Tout juste après la fin du PPV

Pétale est assise dans sa loge, devant la télévision, elle regarde son match contre Belzebuth. Elle repense à la façon dont il s’est terminé. Sur le moment elle ne s’est pas posé de questions. Belzebuth était au sol, elle l’a couvert. Mais maintenant qu’elle n’est plus dans le feu de l’action... Pourquoi est-ce que Belzebuth était assommé au sol? Francouille entre dans la loge, et est tout de suite mitraillé par 3 paires d’yeux, appartenant toutes à la P Guard, installée entre la porte et le sofa, en train de discuter. L’intervieweur se fraye un chemin entre Dave et Mike, qui hésitent à le laisser passer, sachant ce qui suit sur l’enregistrement du match. Ils n'ont pas ôsé répondre aux questions de Pétale lorsqu'elle est sortie de la douche après son match.

Francouille : Excusez-moi, j’aimerais bien poser des questions à Pétale…

« Wong » : Je... crois qu’y vaudrait mieux attendre…

Francouille : Pourq…

Mais il est interrompu par un bruit de fracas, accompagné d'un "tabarnack!" bien senti. Les 4 hommes se tournent vers Pétale, debout devant la télévision qui git au sol, l’écran fracassé. La respiration de la jeune femme se fait rapide, et son visage est rouge de colère. Mike ricane silencieusement en tournant le dos à Pétale, question de ne pas l’enrager plus qu’elle ne l’est déjà. Dave lui jette un regard qui en dit long, avant de prévenir Francouille de faire attention à ce qu’il va poser comme questions. « Wong » est comme figé sur place, regardant la télévision par terre.

« Wong » : Mais… Elle était vissée hyper solidement au mur! Comment elle…

Mais Mike lui donne une grande claque dans le dos en ricanant toujours en silence, et l’amène vers la porte de la loge.

Mike : Viens, on va faire un tour. Dans c’t’état là y’a personne qui va pouvoir lui faire de mal, et Dave est meilleur que nous pour la calmer…

Et ils sortent tous les deux, pendant que Pétale, dents et poings serrés regarde toujours les restes de la télévision.

Francouille : Euh…Pétale? Je… Je vois que vous êtes dans une rage folle, je crois que je repasserai…

Pétale : TOÉ, tu bouges PAS.

Dave s’installe sur le sofa, en soupirant, et attire Pétale vers lui, pour la forcer à s’asseoir à côté de lui, question de pouvoir la retenir si jamais elle décidait de sauter sur le pauvre petit bonhomme qui s’apprête à lui poser des questions.

Francouille : Pouvez-vous nous parler de votre match contre Belzebuth?

Pétale : Très certainement! C’est très simple, Francouille. Je suis venue ici dans le seul but de prouver que je peux me battre toute seule, contre n’importe quel adversaire, et gagner. Peu importe ce que Belzebuth pourra en dire prochainement, s’il est capable de l’ouvrir, j’avais très bien livré la marchandise. J’ai empoché les victoires plus souvent qu’autrement. Peu de gens sensés m’auraient nommée gagnante pour le match de ce soir. Contre un monstre comme Belzebuth, quand on fait mon gabarit, c’est pas chose simple que de gagner. Chaque coup est une couche de douleur de plus… Un excellent test pour l’endurance, faut le dire honnêtement. J’ai néanmoins réussi à m’en sortir pas si mal…

Francouille : Avec une victoire en plus en poches…

Pétale : Victoire? Où voyez-vous une victoire, Francouille? Ce que je vois, c’est une intervention idiote pour foutre en l’air un match que j’attendais avec impatience. Belzebuth aurait été un test parfait de mes capacités à me débrouiller en infériorité sur plusieurs niveaux. Sur le moment, j’ai pas bien capté ce qui s’est passé. L’avoir su, j’aurais même pas fait le tombé. Cette victoire me dégoûte au plus haut point! C’est une saloperie d’intervention sur Belzebuth par Stanley, qui me l’a donnée. J’aimerais mieux qu’on vienne m’arracher un bras et me frapper avec le bout qui saigne que d’éprouver une fierté à avoir gagné de cette façon. En fait, c’est un des nombreux points sur lesquels je suis identique à Iscariote. J’ai compris ce qui l’enrageait quand il gagnait d’une façon injuste. C’est une des choses que j’ai apprises en l’affrontant.

Francouille : Pourtant, y’a pas si longtemps encore, une victoire du genre ne vous aurait pas dérangée, vous en auriez même ri.

Pétale : Les temps changent, les gens aussi. Je suis à un point de ma carrière où je veux montrer au monde entier qu’une femme peut lutter seule contre des hommes, et gagner de façon clean. J’ai été étiquetée comme une lutteuse en tag team ou encore hardcore, maintenant je veux qu’on m’accole l’étiquette d’un des meilleurs lutteurs de l’industrie.

Francouille : Meilleurs lutteurs? Vous voulez dire meilleures lutteuses, non?

Pétale : Non. Ce que je vise est bien plus haut que de prouver que mon niveau est plus haut que celui de toutes les femmes. C’est prouvé depuis longtemps, ça, soyons honnêtes.

Francouille : Outre le fait que de gagner de cette manière vous dégoûte, avez-vous des commentaires sur les actions de Stanley?

Pétale prend un temps de pause avant de répondre. Elle inspire profondément, tentant visiblement de rester calme.

Pétale : Il fallait s’attendre à ce que ça finisse par arriver. Malheureusement, le timing choisi était le mauvais, pour moi.

Francouille : Attendez… vous dites qu’il fallait s’y attendre?

Pétale : C’est ce qui arrive quand on fait confiance à quelqu’un, il finit par vous trahir. Je n’ai malheureusement pas de « pitié » pour Belzebuth. J’ai dit plusieurs fois que je voulais l’affronter lui tout seul. S’il n’avait pas tenu à amener Stanley pour l’aider, perdre son temps avec lui hors du ring pendant que je me relevais, ça ne serait pas arrivé. Belzebuth aurait facilement pu se passer de son manager, surtout vu la façon dont le match s’est terminé. Déjà que de s’associer avec quelqu’un est un risque en soit, s’associer avec un ancien du Bestiaire est un encore plus mauvais choix. Je sais de quoi je parles, j’ai été l’une d’entre eux pendant plusieurs mois. Mais la différence, c’est qu’à part une marque physique et quelques points que j’ai bien voulu garder, je n’ai plus rien à voir avec la femme que j’étais à cette époque. Ceux qui peuvent se remettre d’un lavage de cerveau en bonne et due forme sont plutôt rares, malheureusement.

Tout le monde finit par payer pour ses mauvaises décisions. Belzebuth vient d’en avoir un aperçu assez évident. Malheureusement pour moi, j’y ai été impliquée. Mais d’un autre côté, Stanley finira inévitablement par payer lui aussi pour l’insulte qu’il m’a faite durant ce match. Peut-être bientôt, peut-être plus tard, mais il paiera c’est certain. La justice…

Elle ricane sans grande conviction.

Pétale : MA justice… Est quelque chose à laquelle on ne peut pas échapper. Peu importe le temps que je mets avant d’exécuter la sentence… il y en aura bien une un jour. Et quand ce jour arrivera, je serai aux premières loges pour voir ça se concrétiser. Cette victoire va me pourrir la vie assez longtemps pour que l’envie de me venger sur sa cause vienne m’effleurer l’esprit. Et quand je déciderai qu’il est temps de passer à l’action… de simples chaînes ne suffiront pas à contenir ma rage. Stanley a raconté de belles histoires à Belzebuth au sujet des chaînes, mais elles n’ont pas un effet négatif sur moi. En fait, ces chaînes sont le symbole du jour où j’ai finalement pu vaincre la plus grosse pourriture qui pesait sur ma vie. Elles sont non pas le symbole d’une emprise, mais plutôt celui d’une libération.

J’ai commencé à voir le bout du tunnel dans lequel je vis depuis des années, et Stanley vient de me faire reculer de quelques précieux pas. Comme je suis une personne patiente, je pourrai facilement attendre pour lui faire payer de m’avoir ramenée en arrière. Ça ne veut pourtant pas dire que quand l’heure de payer sera venue, il aura droit à un rabais. En fait, j’ai plus l’intention de lui charger beaucoup d’intérêts.

Elle s’arrête de parler une fois de plus, regardant Dave, qui n’est pas moins sur ses gardes qu’au début de la conversation. L’apparence calme de Pétale ne le trompera jamais.

Francouille : Sur un autre ordre d’idées, vous avez certainement vu le match de Draven contre Almarik et Tigerclaw… Un détail n’a échappé à personne, mais aucune explication logique n’a pu être trouvée à ce comportement étrange qu’il a eu à quelques reprises durant le match. Pourquoi se tenait-il la tête sans avoir de raisons apparentes de le faire?

Pétale sourit, d’un sourire franc, un peu malicieux.

Pétale : Aucune idée, peut-être une migraine, qui sait!?

Francouille : Il avait pourtant parlé de votre lien spécial, qui lui faisait ressentir votre peur, votre douleur et tout ce genre de choses… Vous ignorez vraiment la raison pour laquelle il semblait souffrir à ce point?

Francouille n’est pas dupe, visiblement. Pétale continue de sourire, puis finit par donner une partie de la réponse à son intervieweur. Elle sait qu’il ne lâchera pas cet important morceau si facilement.

Pétale : Eh bien… C’était un simple test, pour voir si la « connexion » était aussi impressionnante que disait Draven. Effectivement, elle l’est. D’ailleurs, s’il pense que ce qu’il a ressenti est le pire, ce qui m’étonnerait puisqu’il me connait, il risque de se rendre bien compte que le meilleur reste à venir. Il a dépassé une limite que je n’aime pas le voir franchir. Entrer chez moi pour fouiller dans mes affaires est une chose. Voler l’adresse de la famille d’accueil de ma fille et aller la voir en est une autre. Je sais qu’il ne lui fera pas de mal. Ce n’est pas ce qui m’inquiète. Dans le cas de Draven, s’en prendre à Laurence serait un peu comme s’en prendre à lui-même… Je sais très bien ce qu’il essaie de faire. La reine de la manipulation c’est bien moi, après tout. Draven n’est pas de taille à se mesurer à moi sur ce terrain-là, et ce qui s’est passé dans sa tête n’est qu’un petit avertissement que je lui ai envoyé. Je suis certaine qu’il en a compris le sens.

Ses yeux se sont enflammés de plus en plus tout au long de ces paroles. Laurence est la seule chose de laquelle on ne se sert pas contre elle.

Francouille : Laissons maintenant le passé où il est, voulez-vous? Parlons plutôt de ce qui vous attend lundi, où vous affronterez James Hawkrider. Avez-vous des commentaires à faire sur lui?

Pétale : On n’a pas encore eu le temps de le voir beaucoup en action, mais je crois qu’il pourrait s’avérer intéressant comme adversaire. J’ai déjà recueilli le plus d’informations possible sur lui, question de savoir qui se trouve en face. Il veut faire ses preuves, c’est très clair, et il a le potentiel pour vraiment devenir quelqu’un dans l’industrie, s’il se donne comme on l’attend de lui. Ce que je m’attends pour lundi est simple. Je m’attends à ce que James ait les nerfs plus durs que Nathan « Scott » Alexander. L’énerver était si facile que ça n’avait plus rien d’amusant, au final. J’espère sincèrement qu’il saura livrer la marchandise que je lui demande, et qu’il ne jouera pas les cons. Parce que si ça se passe comme ça, je vais le détruire. M’insulter après une victoire non-méritée n’est jamais une bonne idée. Bref, je m’attends à un match de haut niveau de la part de mon adversaire. Je veux qu’il m’en fasse arracher le plus possible. Je crois que ce n’est pas trop demander, après tout. D’ailleurs, je lui souhaite bonne chance pour cet affrontement.

La sincérité est littéralement lisible sur le visage de la jeune femme, même si on voit toujours cette flamme brûler dans son regard. Elle n’a visiblement pas l’intention de faire une fleur à son adversaire parce qu’il est nouveau… On n’en attendait pas moins de sa part, d’ailleurs.

Francouille : Une dernière question. Quelles sont vos impressions face au crossroad tournament, qui commence officiellement lundi, à Axe?

Pétale : Sincèrement, je me fiche des résultats du tournoi. Que la team WWA gagne ferait mon bonheur, Chris Six, Timothée et Théodore le méritent amplement… Mais même s’ils perdent, moi, j’aurai une victoire d’obtenue dans ce tournoi. J’ai passé énormément de temps à entraîner Miss Sarah, à l’entendre me gueuler dessus parce que je lui en demandais « trop », à lui apprendre des mouvements qu’elle jugeait « trop dangereux pour le facial »… Elle est devenue une lutteuse assez impressionnante merci. Quand je lui ai annoncé qu’elle pouvait se joindre à une fédération, j’étais loin de me douter que quelques semaines après, je la reverrais, représentante de cette fédération au Crossroad Tournament. Si on l’a mise dans l’équipe, c’est qu’elle a le niveau nécessaire pour en faire partie. Alors ce qui m’intéresse le plus dans ce tournoi n’est pas vraiment de voir qui va gagner. Ce qui m’interpelle personnellement, c’est de voir Miss Sarah à l’action, dans un vrai match important. Et je suis certaine qu’elle fera un boulot plus qu’excellent. Qu'on me traite de "traitre" envers la WWA, je n'en ai rien à foutre. Je suis fière d'avoir entraîné Miss Sarah et de la voir progresser, et je vois pas où est le mal. C'est peut-être égoïste, mais ça non plus, j'en ai rien à foutre.

Francouille se lève, après ces mots plus qu’honnêtes, et fait un sourire gêné à la jeune femme et son bodyguard.

Francouille : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions même si vous n’étiez pas d’humeur à le faire…

Pétale : C’est rien.

L’intervieweur se dirige vers la porte et tombe nez à nez avec le reste de la P Guard. Il les laisse (évidemment) passer avant de sortir de la loge. Mike ferme la porte derrière lui, et regarde Pétale, qui laisse tomber sa tête au creux de l’épaule de Dave. Elle est visiblement plus calme qu’à l’arrivée de l’intervieweur.

L’image s’ouvre sur la loge de Pétale, qui est assise devant un vase en verre, pratiquement entièrement rempli d’eau. Il ne reste de l’espace que pour quelques goutes avant que l’eau ne déborde de son contenant. Pétale regarde la caméra, de ses yeux qui en disent long sur la rage qu’elle ressent présentement. Vous deviez vous y attendre, elle était déjà assez de mauvais humeur avant Axe, il faut dire que l’après n’est pas mieux… en fait, c’est pire. Une victoire par DQ… Pire qu’une victoire par intervention alors qu’elle n’a pas vu ce qu’il s’était passé.

Pétale : Draven, j’en ai assez.

Et elle a vraiment l’air de penser ce qu’elle dit. Ses traits ne peuvent qu’exprimer son mépris, sa colère, et aussi un certain dégoût.

Pétale : Tu vois ce vase? C’est le mien. Tout le monde l’emplit goute à goute depuis des années. J’ai bien tenté d’en prendre des gorgées de temps en temps, ou encore d’en vider un peu à la gueule de tous ceux qui me considèrent comme une adversaire sans valeur, en même temps que je leur envoyais la défaite en pleine tronche. Mais il se remplit tout de même aussi vite… Tu n’es pas sans le savoir, de toute façon, avec tout le temps que tu as passé avec moi. D’ailleurs, tu as participé à son remplissage, ces dernières semaines. En fait, tu ne fais que ça depuis ton arrivée. Mais je n’ai pas encore ajouté ces goûtes que tu as faites tomber dans le vase… Je vais donc le faire maintenant, pendant que tu es là…

Elle regarde la caméra en souriant, au moment où elle prend une pipette sur une table à côté d’elle.

Pétale: Tu es arrivé ici, et tu n’avais qu’un seul but en tête… Arriver à moi. Je suis plus importante pour toi qu’un titre, ou que n’importe qui dans la fédération. Tu respires pour mettre les mains sur moi. Je suis devenu cette obsession que tu as, tout comme le prêtre était la mienne. Ce n’est rien de vraiment mal en soit, bien sûr. Chacun à ses propres obsessions, n’est-ce pas? Toi c’est moi, moi c’est le prêtre, certains c’est le pouvoir… Juste que le détail qui fait que la première goute tombe, c’est que tu m’as littéralement pris pour une PUTAIN DE CONNE! Tu utilises ce lien qui nous unit, pour essayer de m’affecter mentalement, puisque tu ne peux pas me toucher. Mais réfléchit, Draven… Puisque tu es si obsédé par moi, et que ce lien existe bel et bien… Me faire souffrir est la meilleure façon de te faire souffrir toi-même. Ce qui fait que la goute se retrouve bel et bien, c’est que quelqu’un qui me déteste à mourir comme Iscariote à conscience de mon intelligence, de mon talent pour faire tourner tout le monde en bourrique… Et TOI! Toi qui me connait dans tous mes recoins, tu crois que je suis trop imbécile pour réaliser ce qui se passe vraiment?

Elle laisse tomber la première d’une série de goutes.

Pétale : Ensuite, tu entres chez moi pendant que je n’y suis pas…

Elle fait tomber la deuxième goute.

Pétale : Tu fouilles dans mes affaires, dans MA vie personnelle…

Et une goute de plus.

Pétale : Tu vas voir MA fille…

Et hop, une quatrième.

Pétale : Tu te sers d’elle, comme tu te sers d’à peu près tout le monde…

Une cinquième… Le vase est à une goute de déborder

Pétale : Mais le pire reste le fait que tu as osé intervenir dans mon match. Le pire, c’est que tu m’as coûté une victoire. Le pire, c’est que même sans t’avoir à mes côtés, tu continue de m’empêcher d’avancer toute seule. Tu crois que j’ai quoi que ce soit à apprendre de quelqu’un au sujet des mind-games? Tu crois que j’ai besoin qu’on m’explique comment ça marche? Si tu crois que mon silence face à toi était dans le but de te manipuler et de te faire perdre la carte, détrompe-toi! C’était juste le temps…

Elle fait tomber la dernière goute, mais l’eau n’a pas le temps de se rendre jusqu’au vase que celui-ci vole suite à un coup de pied, et se fracasse sur le mur devant Pétale.

Pétale : Le temps qu’il me fallait pour observer tout ce que tu ferais, dirais, essaierais comme techniques tordues pour me faire souffrir… Et devine quoi? J’ai bien fini par trouver mon plan. Je dois avouer que j’ai toujours eu peur de voir le jour où je devrais t’affronter, parce que tu me connais trop bien, que tu sais à quoi je pense avant même que j’aie eu le temps d’y penser… Mais maintenant, les choses ont changé. Parce que j’ai réalisé que tu me prends pour une petite crétine qui ne sait pas faire les choses sans qu’on lui dise auparavant quoi faire… Tu te souviens Draven de quand tu m’as appris à « chasser »? C’était simple, n’est-ce pas? Parce que tu n’as rien eu besoin de m’apprendre, je savais déjà tout ça. Te souviens-tu le peu de temps qu’il m’a fallu pour m’habituer à mon nouvel état? Ce fut bref. Parce que je suis plus en contrôle de ma personne que n’importe qui que ce soit. Tu auras beau faire n’importe quoi, si tu veux vraiment marquer des points dans cette guerre « ultime », il faudra faire bien mieux que ce que t’as fait jusqu’à aujourd’hui.

Tu devrais vraiment cesser de m’empêcher de dormir la majeure partie de la nuit, Draven… Parce que quand je ne dors pas, la seule chose sur laquelle je peux me reposer, c’est l’entraînement. Et si j’étais déjà une personne redoutable dans le ring, tu n’es pas assez idiot pour ne pas comprendre que maintenant les choses ont beaucoup changé. Je suis ce qu’on qualifie de lutteuse plus que complète. Je suis capable de t’amener jusqu’en enfer avec moi, et tu le sais plus que bien. La seule personne qui contrôlera ce qui se passera, ce sera moi. Tu peux retourner voir ma fille… De toute façon il ne te reste que peu de temps avant que j’aille la récupérer et que je t’empêche d’aller la voir…

Elle rit doucement, d’un rire mauvais.

Pétale : Je n’irai pas t’attaquer dans un de tes matchs. Non, JE NE LE FERAI PAS! Pourquoi? Simplement parce que tu ne mérites pas que je m’abaisse à ton niveau. Si je t’affronte, ce sera dans le ring, en tant qu’adversaire légale. Et avant que ce jour n’arrive, tu vas pourrir dans ton attente insoutenable. Ton impatience va te faire faire des erreurs que tu vas regretter au plus haut point. Parce que chaque erreur que j’arriverai à te faire faire sera une victoire de plus sur toi. Où serait le plaisir de broyer ton esprit à deux mains si je devais me pointer dans le ring pour te faire perdre? De toute façon, la victoire t’importe peu. Ta seule motivation, c’est de m’avoir. De m’écraser, de me faire regretter de t’avoir « trahi ». Mais en te posant la question de « pourquoi Pétale m’a dit de partir? », tu es sur la bonne voie. Sauf que tu es trop collé sur le problème pour trouver la solution. Chaque faux pas que tu fais pour m’atteindre t’éloigne lentement de ta réponse.

Chaque petite action que tu fais pour me causer du tort te coûte une partie de la réponse. Et tu sais pourquoi? Parce que c’est moi qui établis les règles, et elles ne seront jamais… JAMAIS à ton avantage. Elles seront à l’avantage d’une seule et unique personne; MOI. Tu n’as pas la même emprise sur moi que tu voudrais avoir. Par contre, la mienne sur ta jolie petite personne est inébranlable. Tu devrais faire ami-ami avec Iscariote, vous avez ce grand point en commun. Vous êtes tous les deux coincés dans ce jeu que je mène gentiment du bout du doigt. Vous êtes bernés à presque chaque fois que j’établis un nouveau paramètre au jeu…

Et ça m’amuse de vous voir couler, tous les deux. J’ai réglé le cas d’Iscariote, je peux facilement régler le tien, Draven. Tout ce que j’ai besoin, c’est un affrontement officiel, et mes talents personnels. C’est tout. Je n’ai pas besoin d’aller foutre le nez dans tes affaires, ni d’essayer de m’attaquer aux personnes auxquelles tu tiens. De toute façon, la seule personne qui t’intéresse, c’est moi. Mais n’oublie jamais un truc. Si je dois crever pour enfin être débarrassée de ton mauvais jeu, je n’hésiterai pas à le faire.

Elle se penche vers l’avant, appuyant ses coudes sur ses genoux.

Pétale : Parce que si je crève… Tu crèveras avec moi, intérieurement. Plus rien n’aura sa raison d’être. Chaque personne qui jouait un rôle dans ta vie perdra son rôle. Chaque adversaire que tu rencontreras te fera souffrir physiquement, mais mentalement aussi. Jusqu’à ce que tu arrives au point où la souffrance que tu ressens devienne permanente. Ce jour-là, tu repenseras à ma promesse de t’amener avec moi en enfer. Et tu réaliseras que je tiens bien plus mes promesses que tu ne pouvais te l’imaginer. Ne va pas croire que ceux qui me qualifient de « diable » le font sans savoir de quoi ils parlent. Un match contre moi, mené au niveau personnel te fait ressentir les pires choses que tu pourras imaginer. Et tu t’en doutes bien, j’en suis certaine. Regarde le prêtre… Aujourd’hui, il est si difficile de l’atteindre. Et pourtant, je ne suis pas allée si fort que ça avec lui. Mais pour toi, mon chéri…

Elle s’arrête pour se redresser. Elle est assise bien droite sur sa chaise.

Pétale : Pour toi, je peux pousser le bouchon très loin. J’attendrai ce moment où il explose littéralement. Peu importe ce qui arrive lorsqu’on s’affrontera… Tu finiras perdant, et je gagnerai. Que je crève, ou que je te démolisse sur toutes les sphères possibles de ta vie, je gagnerai. J’ai prouvé que je pouvais vivre sans toi. Et toi, tu es arrivé ici avec ton but… m’atteindre. C’est la preuve de ce que j’avançais. Tout a perdu son sens.

Et c’est ainsi que la caméra fade-out.

L’image s’ouvre sur les backstages, où Ed Bundy nous attend, micro en mains, l’air visiblement ravi. Il regarde la caméra dans les yeux, avec un sourire accroché aux lèvres. Vous ignorez pourquoi? Parce que pour une rare fois, la deuxième pour être exacte, Pétale a accepté de répondre aux questions d’un autre Intervieweur que Francouille. D’ailleurs, Ed est vite rejoint par la rousse, qui le regarde comme surprise elle-même d’être avec lui plutôt que son intervieweur personnel.

Ed Bundy : Bonjour Pétale. Je vous épargnerai une perte de temps, je sais que vous êtes très occupée. Voici donc ma première question. Vous affrontez Belzebuth ET Draven à Axe, vous sentez-vous d’attaque?

Pétale : Très.

Ed Bundy : Vous allez donc livrer une bonne performance tag team?

Pétale : Vous savez, Ed… Depuis mon arrivée, on me fout dans des matchs tag team avec des gens qui m’importent peu, ou encore contre des adversaires dont je n’ai rien à foutre. Mais cette fois, c’est différent. J’ai quelque chose de pas terminé avec Belzebuth, et Draven s’amuse à essayer de remonter jusqu’à moi depuis son arrivée. CEPENDANT…

Elle fait une pause marquant son découragement, en soupirant.

Pétale : Cependant, la personne que j’ai le plus hâte de voir se trouve à être mon partenaire. En fait, Belzebuth a dit bien des choses vraies lors de sa dernière promo, et je ne peux qu’être d’accord sur tous les points concernant Stanley… Mais si Belzebuth croit que je le hais plus que tout, je me dois de rectifier le tir. Parce que présentement, et ce depuis Destruction, s’il y a bien une personne à qui j’ai envie d’éclater la tronche plus qu’à n’importe qui, il se trouve que c’est mon partenaire d’un soir, Stanley. Vous savez, Ed, j’ai fait des promesses, juste après le PPV, et je compte bien les tenir. Stanley sera vite la victime, plutôt que l’agresseur. Ça lui rappellera qu’on ne se mêle pas des affaires des grandes personnes.

Ed Bundy : Donc, vous ne planifiez pas jouer la partenaire modèle, encore une fois…?

Pétale : Écoutez… Si je ne l’ai pas fait pour quelqu’un envers qui j’ai beaucoup d’estime, de respect et une certaine affection comme Estilo… Ou encore pour quelqu’un qui ne m’a jamais rien fait, comme Théodore… Pensez-vous VRAIMENT que je me forcerai à jouer les faux culs pour faire monter Stanley? Bien sûr que non, je ne le ferai pas. Et je ne m’attends à rien de sa part non plus. En fait, je me doute bien que s’il est capable d’attaquer son « ami », son « coéquipier », son « associé », il est bien capable de me trahir moi aussi. De toute façon, ça n’aurait rien d’étonnant. Il ne devra donc pas s’attendre à une grande aide de ma part. En fait, je le regarderai souffrir en rigolant doucement dans le coin. J’espère presque perdre ce match, et que Stanley souffre le martyr tout au long de sa durée.

Ed Bundy semble vraiment surpris de ce qu’il entend. Le ton de Pétale est froid… Non, glacial est le mot le plus juste pour le qualifier.

Ed Bundy : Et que planifiez-vous faire contre Draven?

Pétale : Lui montrer ce que ça fait d’être face à moi. Il a toujours eu l’habitude d’être avec moi, maintenant il est temps qu’il expérimente l’autre côté de la médaille. Comme ça, il sera en mesure de comprendre ce que vivent mes adversaires, semaine après semaine. Il dit lui-même que je suis la personne la plus dangereuse de l’industrie, et il va ressentir les raisons pourquoi je le suis. Je veux sentir chaque particule de son corps faiblir sous mon emprise.

Ed Bundy, se risquant à l’interrompre : Rien de moins?

Pétale : Rien de moins. Il doit bien se douter que le match de lundi n’est que le commencement. Je n’ai pas l’intention de plier facilement à ses supplices, peu importe ce qu’ils impliquent. Draven trouvera devant lui le pire adversaire qu’il ne pouvait pas souhaiter. Et le plus drôle, c’est que c’est lui qui voulait ça. J’affecte chacun de mes adversaires. Aucun ne peut dire qu’il n’a rien eu de changé après m’avoir affrontée. Pourtant, Draven a changé avant même de m’affronter… et pas pour le mieux. Il est temps qu’on le remette à sa place. Almarik et Tigerclaw y ont échoué. Moi, je n’échouerai certainement pas. S’il me connait dangereusement bien, il en est de même pour moi avec lui. Et si quelqu’un sait mettre à profit ce qu’il sait sur son adversaire pour le troubler, c’est bien moi. Son obsession pour moi est son plus gros point faible. Pensez-vous que je vais lui donner la réponse espérée si vite? C’est mal me connaître. Il sait très bien que je vais utiliser ça. Pour la première fois depuis mon arrivée à la WWA, je prends le contrôle le plus total sur quelqu’un. Ça me fera du bien, pour une fois.

Ed Bundy : Le match comprend aussi Belzebuth. Comptez-vous achever ce que vous avez commencé à Destruction?

Pétale : Je ne crois pas qu’un tag team match soit l’endroit pour ce faire. Il y a trop d’éléments qui entrent en conflit. On a eu notre chance de s'affronter, et ce n'était pas dans les meilleures conditions possibles... Comme une énergumène s’est permis de gâcher notre match une fois, il serait fort probable qu’il en soit ainsi pour les autres fois. Donc je crois qu’on tiendra ça mort. Pendant un moment, du moins. Gagner de façon injuste n’est pas mon truc. Je préfère les victoires claires, nettes et précises. J’aime quand les choses sont bien faites. Je n’ai pas peur de perdre, ça ne me dérange pas trop non plus, quand c’est de manière juste. Cependant, si jamais un jour nous avons les circonstances qui se prêtent à un autre affrontement, où on pourra se départager sans être dérangés continuellement, il me fera plaisir d’affronter Belzebuth à nouveau. Mais ça peut facilement attendre. Belzebuth n’est plus ma cible numéro un, à présent. Malgré ça, il reste un adversaire de taille que j’aimerais finir par écrabouiller pour ajouter à mon palmarès. Et ce n’est pas vraiment quelque chose de personnel. C’est quelque chose que je veux faire pour moi. C’est égoïste, peut-être, mais je m’en fiche comme pas possible. Je sais qu’il est capable de se débrouiller tout seul. Tout comme moi. La prochaine fois, on s’assurera que tout se passe dans les règles de l’art. Sinon, il ne se passera simplement rien, et je vivrai avec la question éternelle « L'aurais-je battu? ». Je sais que j'ai les capacités de le faire. Mais est-ce que ça aurait été assez?

Ed Bundy : Parlant de cible… Votre nom continue de ressortir de tous les côtés, qu’en dites-vous?

Pétale : J’en dis que les gens commencent enfin à se rendre compte que quand je me dis l’homme à abattre, c’est simplement la vérité. Je me suis établie ici plutôt facilement, sans rencontrer trop d’embûches, et je compte bien continuer sur cette même voie. Je suis sur un ascendant assez rapide. J’enchaîne la domination comme peu de personnes peuvent se permettre de le faire. Et la seule raison pour laquelle j’y arrive, c’est parce que je suis la force brute de ce sport. J’ai repris goût à la lutte, et maintenant, personne ne m’enlèvera l’envie de monter dans ce ring pour faire la chose pour laquelle je crois être sur cette planète, c'est-à-dire détruire chaque adversaire, peu importe le temps que ça prend.

D’un sens, je trouve ça flatteur. C’est signe que je mets la pression à plusieurs. Je mérite ma place ici, et personne ne pourra dire le contraire. Je dérange l’égo des autres, ça les emmerde simplement. C'est pour ça qu'il faut prendre aussi en considération l'autre côté, c'est que c’est un peu dangereux. Dans le sens où certaines personnes ne sont pas capables d’attendre leur tour, et préfèrent intervenir de manière irréfléchie et de se mettre dans de beaux draps. On ne doit jamais sous estimer la Cr@zY G!rL. On doit essayer de comprendre ce qu'elle est. Personne ne s’est jamais vraiment posé la question d’où venait mon surnom de Cr@zy G!rL… Pourtant il représente beaucoup de choses.

Ed Bundy : Il me semble évident que c’est de votre mentalité hors du commun…

Pétale éclate de rire, d’un rire sincère, même pas choqué.

Pétale : Ça, c’est venu après, par la force des choses. Ma façon de voir les choses peut sembler décalée, effectivement. Mais je prouve néanmoins ce que je dis à 99% du temps. En fait, le surnom de Cr@zY G!rL vient surtout du fait que je ne recule devant personne, quand vient le temps de taper dans le tas. Je ne me plaindrai jamais d’une stipulation sous prétexte qu’elle est dangereuse. Vous me foutez dans n’importe quel type de match, je vous surprendrai toujours. Je peux me lancer des hauteurs sans penser aux conséquences. Je m’adapte absolument à tous les adversaires, tous les types de matchs, toutes les sortes de lutte. Hardcore, brawl, soumission, high fly nommez les, je les fais sans hésiter. Je fonce tête première – et croyez-moi, elle est dure – j’excelle toujours dans ce que je fais. Je ne suis pas de l'élite... Je suis au-dessus de ça, au niveau supérieur. Pourtant, de faire ce genre de choses m’a valu la qualification de folle plus souvent qu’autrement. C’est pourtant pas la seule façon qu’on peut me trouver folle. Sauf que c’est la seule qui colle parfaitement avec moi. Ce n’est pas parce que je fonce tête première que je ne réfléchis pas avant d’agir. En fait, tout est réfléchi. C’est ce qui fait la grande partie de mon danger.

Ed Bundy : Nous pouvons donc en déduire que vous affronterez Draven dans n’importe quel type de match s’il devait y avoir une stipulation à cet affrontement de titans?

Pétale : C’est chose évidente. Et Draven aurait enfin ce qu’il souhaite. La Pétale Hardcore, bestiale. Mais il y a une chose qu’il ne faut pas oublier. Outre le fait d’avoir droit d’utiliser des armes, le hardcore représente un tas de choses, une manière d'être, un art. Et même si on s’affronte dans un match normal, avec des règles, il pourra se souvenir la raison pour laquelle j’ai toujours été la meilleure dans cette catégorie. Ce n’est pas parce que je fais des matchs plus techniques, plus « vraie lutte » que j’ai perdu mon côté bestial. En fait c’est tout le contraire. S’il était difficile de se débarrasser de moi avant, aujourd’hui c’est encore pire. J’ai pris un nouveau souffle, j’ai réorienté mes envies en fonction de ce que je suis devenue. Je vise plus que l’excellence. Je vise la perfection. Et c’est en train de se profiler tranquillement. Draven comprendra qu’il a fait l’erreur de sa vie en venant m’interrompre dans mon match contre James Hawkrider. Le gars essaie de faire ses preuves, et a l’occasion en or de le faire. Il a tenu le coup pendant un bon moment, si on le compare à Nathan Alexander. Il a un avenir, j’en suis certaine. Et à cause de Draven, on ne l’a pas vu abandonner comme il s’apprêtait à le faire. Je suis désolée pour lui qu'il n'ait pas eu le droit de mettre son match à terme, même s'il avait une défaite assurée. Il a bien travaillé, il n'y a aucun doute que s'il continue sur cette lancée, il pourrait devenir quelqu'un d'important à la fédération. Il n'a pas fait l'erreur de me sous-estimer comme toute cette bande de babouins. Il a fait son truc, peu importe que je sois une femme, ou encore moins imposante physiquement. Il m'a traitée comme une adversaire importante -ce que je suis, mais que plusieurs mettent des années à comprendre- c'est une très bonne acquisition pour la fédération.

Mais... Draven verra que quand on est trop gourmand, on finit vite par se faire fermer le clapet, et on crève de faim rapidement. C’est ce qui l'attend, face à moi. Tout simplement. Maintenant, vous m’excuserez, j’ai des paroles à mettre en application lundi.

Et elle se casse, laissant Ed Bundy époustouflé devant l’énergie qui se dégage de la jeune femme. Il regarde la caméra avec un sourire aux lèvres. Un sourire de respect.

Ed Bundy : Le message est clair. Pétale n’a nullement l’intention de faire une fleur à qui que ce soit.

Il ricane un peu de sa blague (idiote, la blague en plus!), puis reprend son sérieux pour conclure de façon plus appropriée.

Ed Bundy : En tout cas, on peut dire que le match opposant Belzebuth et Draven à Pétale et Stanley risque d’être très intéressant à voir!

Pétale revient dans le champ de caméra, saisit le poignet d’Ed pour approcher le micro de ses lèvres.

Pétale : Get Ready… ‘cause it’s gonna be Cr@zY.

Et elle repart, encore, sous le ricanement de l’intervieweur. D’ailleurs, nous aussi on part. Fade-out.

On se retrouve à Montréal, plus précisément dans la maison de Pétale. Frank est assis devant elle, avec un dossier en mains. La jeune femme le regarde dans les yeux, visiblement agacée de ne pas savoir ce qu’il veut lui annoncer. La seule chose qu’il lui a dite, c’est qu’il fallait qu’il la voie au plus vite. Entre eux se trouve une petite table, sur laquelle on trouve un grand verre de lait au chocolat devant la rousse, et une tasse de café devant Frank. Il pose le dossier sur la table, et au moment où Pétale étire le bras pour l’attraper, il lui attrape la main.

Frank : C’est des mauvaises nouvelles, Pétale…

Il retire sa main de celle de la rousse, qui fronce les sourcils et fait une moue en prenant le dossier. Elle l’ouvre, et commence à lire ce qui s’y trouve. Après de longues minutes à regarder ce qui se trouve dans le dossier, elle lève les yeux vers Frank.

Pétale : Ça veut dire que…

Mais il l’interrompt en acquiesçant d’un signe de tête.

Pétale : Pas question que j’y retourne.

Frank : Écoute, on va trouver une solution… J’vais perdre mon travail, mais j’en ai rien à faire.

Pétale : Arrête…

Frank : Je savais très bien ce que je risquais en t’aidant. C’est moi qui ai tout planifié…

Pétale : Ils savent pas, eux!

Frank : Ils vont finir par comprendre.

Pétale pince les lèvres, regarde le dossier, qu’elle referme. Elle se lève soudainement en lançant le dossier sur la table.

Pétale : Pas question. Tu vas m’amener là-bas, et je vais leur parler.

Frank : Pour dire quoi? Que tu t’es échappée toute seule? Que t’as effacé les vidéos toi-même?

Pétale : La vérité. J’en ai marre d’attendre de trouver une façon malhonnête de ravoir ma fille. C’est maintenant que ça se joue, ou jamais. Soit je vais réussir à leur prouver que j’ai rien à faire dans un asile et je récupère Laurence… Soit ils m’enferment pour de bon et je perds le peu de choses que j’ai réussi à avoir pendant mon court temps de liberté.

Elle soupire, exaspérée.

Pétale : J’ai envie de vivre une vie normale. Pas de continuer de redouter le jour où ils vont venir me chercher, sans me laisser parler une seconde et simplement m’enfermer encore. Ce que t’as amené prouve qu’ils se sont rendu compte que l’autre est pas leur patiente… Ça veut dire qu’ils doivent déjà me chercher. Aussi bien les prendre de court et les empêcher de répéter la même erreur que la première fois. Je veux pouvoir serrer ma fille dans mes bras, voir ses yeux bleus remplis de larmes quand elle rit trop, sentir ses cheveux blonds glisser entre mes doigts. J’veux sentir son cœur battre super fort parce qu’elle court partout depuis une heure. J’ai besoin d’elle, Frank. J’attends ce jour-là depuis trop longtemps. C’est aujourd’hui que ça se passe, ou jamais.

Elle sort ensuite de la cuisine sans rien ajouter. Frank baisse les yeux sur le dossier, et soupire.

*****

Pétale descend l’escalier, habillée de vêtements qu’on n’a pas l’habitude de la voir porter. Un simple robe blanche avec une ceinture noire, sans décolleté, descendant jusqu’aux genoux, une veste noire, un sac a main blanc et des souliers à talons hauts noirs. Pétale s’arrête devant la P Guard, plus précisément devant Dave. Tous ont l’air grave, même « Wong ». Pétale tend un papier à Dave, qu’il attrape d’un mouvement lent.

Pétale : Si jamais je reviens pas, tu vas voir Yson et tu lui donnes ça, ok?

Dave : Compte sur moi.

Pétale : Je sais que je peux.

Pétale ouvre son sac à mains et sort un CD dans un boitier rose.

Pétale : Et ça aussi.

Elle fait ensuite la bise aux trois membres de la P Guard, et regarde Frank. Pour une rare fois, l’inquiétude est imprimée sur le visage de la jeune femme. Elle tend une main tremblante vers son vieil ami, et il la prend dans la sienne en jetant un regard aux trois autres hommes. Pétale inspire un bon coup, puis expire, et ouvre la porte avant de sortir en traînant Frank derrière elle. Elle jette cependant un dernier regard à la P Guard. Un de ces regards qui veulent dire « croisez les doigts pour moi, s’il vous plait ». Une fois la porte refermée derrière les deux amis, « Wong » regarde Dave, puis Mike.

« Wong » : J’crois que c’est fini…

Non seulement Mike lui envoie une grande claque derrière la tête, mais Dave se joint à lui pour la même chose.

*****

On se retrouve devant un immeuble aux briques blanches. Pétale est devant, aux côtés de Frank. Elle regarde le bâtiment, comme si elle allait entrer à l’abattoir. Elle semble hésitante, chose rare. Elle tourne la tête vers Frank, et lui fait un sourire forcé, presque douloureux.

Pétale : Quand ça sera fini… Si jamais je réussis à rester libre… Faut que tu fasses ta vie, sans moi. J’t’ai apporté assez de problèmes depuis qu’on se connait. Premièrement avec Laurence, puis avec cette histoire qu’on va terminer.

Frank : T’appelles ça des problèmes?

Pétale : C’en est.

Frank : Écoute bien ce que je vais dire, et retiens chaque mot.

Il plante ses yeux dans ceux de Pétale, et lui passe un bras autour de la taille.

Frank : Premièrement, l’histoire avec Laurence c’est du passé. Je regrette encore que ça soit l’autre clown son père, mais c’est comme ça. Deuxièmement, ma vie se résumait à de la paperasse et à des réunions ennuyeuses, jusqu’à ce que je te reconnaisse dans ta chambre à l’asile. Donc non, j’ai pas l’intention de retourner griffonner du papier après ça. Tu vas rentrer là-dedans avec moi, et tu vas en ressortir avec moi aussi. T’as compris?

Pétale fait signe que le message est bien passé et se colle contre Frank. Pendant un laps de temps qui lui parait les secondes les plus merdiques de sa vie, elle sent cette boule grossir dans son ventre. Elle redresse la tête et regarde la porte s’ouvrir sur un homme en veston cravate qui sort sans les regarder, perdu dans des pensées futiles, comparées à ce qu’il se passe dans ce crâne aux cheveux roux. Frank entraîne Pétale avec lui vers les marches qui mènent à la porte et la caméra fade out.