L’image débute sur une scène de théâtre éclairée par une lumière très vive. Le décor proposé est très sommaire : deux chaises se font face, sur la première est située un masque d’une blancheur éclatante et sur l’autre un masque noir identique.

Lorsque le cameraman finit d’exposer ces détails à la rétine du spectateur, un homme apparût côté jardin. L’individu porté un jeans, sur lequel tombait une chemise blanche et ses longs cheveux noirs aussi fins qu’une série d’aiguilles, cachaient son visage.

Il avança doucement mais sûrement vers les deux chaises, puis une fois situé entre les deux pivota afin de se faire face à la caméra et révéler son visage aux futurs observateurs de la vidéo.


Robby : Vous savez j’ai toujours été admiratif des comédiens et particulièrement ceux qui officient dans les théâtre.

Être capable de jouer avec nos émotions, de donner vie à des personnages qui n’existent qu’en papier, tout cela en temps réel, en une seule et une unique prise … cela force le respect ainsi que l’admiration.


Le French Storm ponctua son discours d’un sourire comme pour indiquer qu’il n’en avait pas encore fini. Il se tourna vers les deux chaises situées derrière lui, attrapa les deux masques avant de se retourner.

Il avait le masque blanc symbolisant la pureté, dans la main droite, et celui représentant l’obscurité, dans la main gauche. Il observa tour à tour les deux objets puis regarda la caméra droit dans les yeux.


Robby : Au théâtre, tout est une histoire de masque. Ce masque peut être matérialisé comme dans la Comedia Dell’Arte ou on peut l’évoquer au sens figuré, comme à la comédie française. Toujours est-il que les déguisements et les masques sont au centre de cet art.

Le masque du héros, celui du tyran, de la confidente, de l’amante, de l’amant, du mari jaloux, de la servante délurée, du serviteur fourbe, … Le comédien voyage de personnage en personnage, de rôle en rôle, en revêtant différents masques.

Au théâtre, devenir un autre est chose aisée. Il suffit, il plaça le masque blanc sur son visage, de porter son masque, de jouer les scènes , en adaptant son jeu à celui d’autrui. Puis, lorsque l’acte est clos, Robby retira le masque blanc pour revêtir le noir, on change de personnage. Autre caractère, autre personnalité, autres objectifs.


Robby retira le masque noir puis le posa, avec son jumeau, sur une des deux chaises. Il releva ensuite la tête, prit une profonde inspiration, comme si les prochaines phrases allaient être douloureuses.


Robby : Au théâtre les choses se passent ainsi … pas dans la vie. A moins, que notre comédien de l’effectif, est un passionné au point de confondre vie et scène. Cela ne fonctionne pas ainsi.

Cependant, nous ne sommes pas au théâtre, Tragico. On ne peut pas jouer avec les sentiments des gens, simplement parce qu’on a pas atteint nos objectifs.

Tragico … Tu le sais mieux que quiconque, le théâtre est un divertissement recouvert d’une certaine noblesse ce qui permet de l’élever au rang d’art à part entière.

Regarde cette scène, observe la attentivement. Tu en connais la moindre parcelle, tu dois être capable de ressentir qu’un tel lieu possède une existence à part entière, comme toi et moi. N’étais pas capable de déceler la tristesse qui en émane, oui la tristesse de voir, qu’un de ses représentants, oublie la noblesse inhérente à cet art, pour revêtir un masque des ténèbres.

Oh bien évidemment, je me doute que tu considères ta nouvelle façon d’agir comme noble. « Tout dépend du point de vue où l’on se place, par rapport à la vision que l’on a de la chose », j’en suis conscient. Ton message à mon égard, en témoigne.

Hier, tu arborais un masque lumineux et derrière celui-ci, tu te reconnaissais en moi, cela ta propre formule. Aujourd’hui, derrière ton masque ténébreux, tu me vois comme l’incarnation de ce que tu répugnes.

Alors, j’imagine que pour toi, me faire souffrir c’est prouver au monde entier que ton changement a été salvateur. Seulement, je ne suis pas toi, ni même ton ancien toi.

La seule médiocrité que je vois ici bas, c’est lorsqu’un être tourne le dos à ce qu’il est, en faisant souffrir tout ceux qui croyaient en lui. Si je suis sur ton chemin, jeudi, c’est pour te montrer ce qu’il en coûte de se méconnaître.

Je vais même t’imiter, moi aussi je vais changer de masque. Troquer celui de l’équipier, pour revêtir le masque du lutteur solitaire. Cependant, les conséquences risques d’être funestes pour toi mais salvatrices pour la tristesse de cet art.


Robby sourit puis la caméra pivota sur le côté pour rechercher l’obscurité et refermer l’image de manière lente.